Des milliers de personnes en colère ont assisté hier près de Tataouine, dans le Sud tunisien, aux funérailles d’Anouar Sakrafi, le manifestant tué la veille lors d'affrontements avec les forces de l'ordre à proximité d'un complexe pétrolier. Zoubeir Souissi/Reuters
Des milliers de personnes en colère ont assisté hier près de Tataouine, dans le Sud tunisien, aux funérailles du manifestant tué la veille lors d'affrontements avec les forces de l'ordre à proximité d'un complexe pétrolier. De leur côté, les autorités ont mis en garde contre un dérapage de la situation dans cette région située à 500 km de Tunis, où un calme précaire régnait au lendemain de heurts inédits depuis plus d'un an dans le pays.
Les milliers de personnes se sont rendues à la mi-journée à Bir Lahmer, la localité d'origine du jeune manifestant tué, à 30 km de Tataouine. « Avec nos âmes, avec notre sang, nous nous sacrifierons pour le martyr », ont scandé certains participants en marge des funérailles d'Anouar Sakrafi, qui se sont déroulées dans le calme, en l'absence de dispositif policier.
Après un mois d'un sit-in motivé par des revendications sociales, ce jeune homme a été tué lundi – « accidentellement » selon les autorités – par un véhicule de la garde nationale (gendarmerie), à proximité du site pétrolier d'el-Kamour, en plein désert, à deux heures de Tataouine. La tension y était montée durant le week-end, les forces de l'ordre faisant ensuite usage lundi matin de gaz lacrymogène pour empêcher des protestataires d'entrer dans le complexe, une première depuis que le président Béji Caïd Essebsi a solennellement demandé, le 10 mai, aux militaires de protéger les sites de production du pays d'éventuels blocages. Aucun nouvel incident n'a été observé hier à el-Kamour, où des manifestants continuent de réclamer une meilleure répartition des richesses et des recrutements prioritaires dans les sociétés pétrolières.
Un calme précaire prévalait aussi à Tataouine. Pierres jonchant la chaussée, pneus et quelques édifices calcinés, commerces pour la plupart fermés : la ville gardait toutefois les stigmates des violences survenues là aussi la veille. Tous les postes de police étaient en outre désertés. Les heurts de lundi ont fait des dizaines de blessés, dont une vingtaine de membres des forces de l'ordre. Les postes de la police et de la gendarmerie ont été incendiés.
Dans un pays secoué par de fréquents troubles depuis la chute de la dictature en 2011, il s'agit des événements les plus sérieux depuis janvier 2016 et la plus importante contestation sociale depuis la révolution.
Source : AFP