L’entraîneur Zinédine Zidane célébré par les joueurs du Real Madrid après le sacre du club en Liga, le premier depuis cinq saisons. Sergio Camacho/AFP
Pari gagné pour Zinédine Zidane : en remportant le championnat d'Espagne avec le Real Madrid, l'entraîneur français a confirmé qu'il n'était pas devenu technicien par hasard. Et l'ex-grand joueur peut désormais s'affirmer comme un grand entraîneur s'il conserve son titre en Ligue des champions.
La Liga sourit à l'audacieux
Après avoir gagné la Ligue des champions 2016, Zidane était raillé par une partie de la presse espagnole, qui justifiait son succès par sa « flor » (fleur), c'est-à-dire sa bonne étoile. Presque un procès en illégitimité pour le jeune entraîneur de 44 ans, comparé au vainqueur « accidentel » de la Ligue des champions 2012 avec Chelsea, le coach italien Roberto Di Matteo. Mais au bout d'un an et demi au Real, le bilan de Zidane parle pour lui : quatre trophées remportés sur six possibles depuis janvier 2016, et la possibilité de conserver le titre européen le 3 juin en finale contre la Juventus Turin. Difficile d'évoquer un simple concours de circonstances...
« En football, il n'y a pas de chance, il y a beaucoup de travail et d'efforts, à chaque match. La chance, il faut savoir la provoquer », avait résumé Zidane le mois dernier.
Ce titre en Liga récompense la régularité du Real autant que l'audace de son entraîneur. Car il fallait être audacieux pour se lancer dans la carrière de technicien, en remettant en jeu une image dorée de champion du monde 1998 et d'icône de l'équipe de France. Il fallait être audacieux pour accepter comme premier banc dans l'élite le très exigeant Real Madrid. Et il fallait avoir les nerfs solides pour tenir le cap pendant 38 journées face à la menace pressante du FC Barcelone. « Personne ne gagne un championnat par hasard, et encore moins la Liga espagnole », a résumé hier le journaliste José Felix Diaz, dans le quotidien sportif madrilène Marca. « Zidane a démontré qu'il savait gérer son groupe et qu'il était aussi capable de changer la dynamique des matches, en modifiant ses schémas ou en s'adaptant aux absences », a poursuivi Diaz.
Une prise de risque calculée
Parmi les mérites de Zidane, la presse espagnole relève sa capacité à faire tourner son effectif afin de ménager ses cadres et de maintenir ses remplaçants concernés.
Entouré d'adjoints de confiance, comme Hamidou Msaidié et David Bettoni, son complice des années cannoises, « Zizou » a confié la gestion physique de son groupe à l'Italien Antonio Pintus, qu'il avait connu à la Juventus. Et ce dernier a amené l'effectif à son pic de forme au meilleur moment. « Zidane a montré une gestion très intelligente avec ses adjoints », a résumé la star Cristiano Ronaldo, qui aborde la fin de saison beaucoup plus frais que d'habitude.
Souvent, « ZZ » a laissé Ronaldo au repos ou bouleversé son équipe d'un match à l'autre, sachant qu'il serait blâmé en cas de défaite. Mais il a pris ce risque quand le Barça, lui, reconduisait son équipe type en s'essoufflant match après match. « La clé du succès, c'est notre groupe qui a été très uni toute la saison, entre les joueurs qui jouaient moins et ceux qui jouaient plus », a souligné le coach français.
Le Real a misé juste
Dans l'euphorie du titre, le nom de Zidane semble faire l'unanimité, signe que le Real ne s'est pas trompé en le nommant début 2016. Et on voit mal comment le Marseillais pourrait ne pas continuer au Real la saison prochaine. « Avec Zidane, nous sommes ravis, a résumé Emilio Butragueño, directeur des relations institutionnelles du club. Il n'avait pas cette expérience du plus haut niveau et il s'est très bien adapté. Il s'est sorti de toutes les situations avec maestria. »
Sous contrat jusqu'en 2018, Zinédine Zidane n'a pas voulu évoquer son avenir ces dernières semaines. Mais le quotidien Marca a rapporté qu'il pourrait prolonger prochainement jusqu'en 2020. Ce serait le meilleur argument électoral pour le président Florentino Pérez, qui doit briguer sa réélection cet été devant les « socios » (supporteurs-actionnaires). En fin d'année dernière, Pérez déclarait d'ailleurs que Zidane resterait au Real « à vie » et qu'il signerait une prolongation « quand il le souhaitera(it) ».
D'ici là, reste un dernier défi cette saison pour « Coach Zizou » : réussir le doublé Liga/C1, inédit pour le Real depuis 1958, et devenir le premier entraîneur à être champion d'Europe deux années de suite depuis le grand Arrigo Sacchi avec l'AC Milan (1989 et 1990). Vu la dynamique de son Real, c'est jouable. Et Zinédine Zidane ne laissera rien au hasard...
Le 33e titre du « roi »
Dimanche soir, des milliers de supporteurs ont célébré le 33e titre de champion du « roi » de Madrid, après la victoire (2-0) contre Malaga lors de la dernière journée de la Liga. Les fans ravis ont acclamé, sous une pluie de confettis et un nuage de fumigènes, les joueurs arrivés à bord d'un bus à impériale, flanqué de l'inscription « Campeones » (champions), sur le lieu de rendez-vous traditionnel des célébrations madrilènes, Plaza de Cibeles, dans le centre de la capitale ibérique.
Le capitaine de l'équipe, Sergio Ramos, ainsi que de nombreux joueurs vêtus du maillot madrilène floqué du numéro 33 ont filmé la liesse populaire avec leurs téléphones portables du haut de l'autobus, escorté par la police montée. Ramos a marché jusqu'à la fontaine de la place pour draper la statue de la déesse de Cybèle du drapeau du club merengue, alors que de puissants haut-parleurs crachaient la célèbre chanson We are the champions, du groupe britannique Queen. « Maintenant, il nous reste à remporter la Ligue des champions. On compte sur votre soutien. Merci à vous ! » a lancé Ronaldo, avant d'entonner des chants avec les supporteurs.
De son côté, la presse espagnole, après avoir donc raillé le coach français, se montrait élogieuse hier matin. « La Liga de Zidane », a titré le journal El Mundo en une. La une de Marca est un simple chiffre : « 33. » Et ce commentaire : « Sur le banc aussi, Zidane agrandit sa légende. » En pages intérieures, le journal sportif le plus lu d'Espagne a écrit : « Zizou a changé l'histoire récente du Real. Sa gestion peut être seulement qualifiée d'extraordinaire. »
Source : AFP
La Liga sourit à l'audacieuxAprès avoir gagné la Ligue des champions 2016, Zidane était...