Des chauffeurs ont fermé hier l'autoroute de Zahrani avec leurs camions pour protester contre la décision d'arrêter toutes les carrières durant un délai d'un mois, prise par le ministre de l'Intérieur Nouhad Machnouk jeudi dernier. Les chauffeurs (et propriétaires) de camions s'estiment lésés parce que l'arrêt du travail dans les carrières signifie des journées de travail en moins pour eux.
Pour rappel, le ministre de l'Intérieur avait pris, le jeudi 20 avril, la décision de fermer toutes les carrières, illégales ou pas, durant un mois à partir de cette date, afin d'ouvrir la voie à la discussion autour de ce dossier en Conseil des ministres. Il répondait, ainsi, aux critiques que lui avaient adressées le leader druze Walid Joumblatt, par le biais de tweets. Celui-ci dénonçait le chaos de l'exploitation des carrières à Kfarmatta, Aley. Piqué au vif par des accusations de « complicité », le ministre Machnouk avait fait remarquer que « les leaders qui contestent le chaos des carrières aujourd'hui sont intervenus, de manière directe ou indirecte, dans le passé en faveur d'exploitants de carrières ».
Interdire au lieu de réglementer... Une vieille habitude chez les responsables politiques. Il est d'ailleurs remarquable que dans ce pays, certaines manifestations visent à revendiquer « la réouverture de carrières illégales » et qu'elles ne soient pas toujours contrebalancées par des revendications en faveur de la simple réglementation de ce secteur chaotique. Or c'est exactement la problématique que l'ancien ministre Wi'am Wahhab a décidé de soulever hier, préconisant de « mettre un terme au chaos des carrières comme au chaos des décisions ».
Tout en rendant hommage à la décision du ministre, qui a mis un terme provisoire aux carrières dévastant les montagnes et les forêts, M. Wahhab a estimé que « ce qu'il aurait convenu de faire, c'est de fermer les carrières illégales et non celles qui fonctionnent conformément à des permis légaux », affirmant que cette mesure « porte atteinte aux sources de subsistance de nombreuses familles ». Il a également estimé que « le ministre doit prendre des décisions sur base du droit et non par réaction à des déclarations politiques, et il devrait interdire le transport des matières premières dont se chargent certains courtiers sans tenir le ministre au courant, bien sûr ».
Sur un autre plan, M. Wahhab a souligné qu' « un arrêt brutal de toutes les carrières serait susceptible de provoquer une hausse folle des prix et favoriser les monopoles et c'est ce que nous ne voudrions pas ». Et de conclure : « Il y a des milliers d'excavations où devraient être érigés des bâtiments, le mieux serait d'éviter les complications et de simplifier les formalités qui nécessitent une simple décision du mohafez. »
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