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Moyen Orient et Monde - Gambie

Des soldats ouest-africains pour sécuriser Banjul avant l’arrivée de Barrow

Après six semaines de crise politique, Jammeh a cédé à la pression diplomatique et militaire et devait s'exiler en Guinée.

Des militaires gambiens font des pompes devant les soldats de la Micega (la mission de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest), le 22 janvier 2017 à Farafegny, en Gambie. Seyllou/AFP

Des soldats de la mission ouest-africaine en Gambie se dirigeaient hier vers la capitale Banjul, après le départ en exil de l'ex-président Yahya Jammeh, pour « sécuriser » le pays avant l'arrivée de son successeur Adama Barrow. Le déploiement des troupes de la Micega, la mission de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao, 15 pays), vise à « contrôler des points stratégiques en vue de sécuriser les populations et de faciliter la prise de fonctions du président » élu Adama Barrow, actuellement au Sénégal, a déclaré le général François Ndiaye, commandant de la Micega. Des troupes de la Micega avaient déjà pénétré en Gambie jeudi, mais avaient suspendu leur progression pour laisser agir la diplomatie.
On ignorait dans l'immédiat combien de soldats de la Micega étaient déployés hier en territoire gambien. La mission durera jusqu'à ce « que les conditions de l'exercice effectif » du pouvoir de M. Barrow « soient réunies ». Jusqu'à hier après-midi, « tout se passe bien », a assuré une source militaire au sein du commandement. « Il n'y a eu aucun coup de feu, aucune escarmouche, aucun tir de sommation sur le terrain jusqu'à maintenant », a-t-elle dit. Des soldats sénégalais de la Micega, venus de la localité sénégalaise de Keur Ayib, ont été accueillis par des vivats de militaires et de civils gambiens à Farafegny, localité gambienne frontalière. « Nous sommes désarmés », leur a lancé un soldat gambien, depuis le bas-côté de la route, tandis qu'un habitant exultait : « Bravo, les Sénégalais. »
Adama Barrow demeurait hier à Dakar, où il a prêté serment jeudi dans l'ambassade gambienne. Il souhaite « le plus rapidement possible pouvoir aller à Banjul », a fait savoir le président de la Commission de la Cédéao, Marcel Alain de Souza, lors d'une conférence de presse à Dakar samedi soir. « Mais la stratégie veut qu'on puisse sécuriser d'abord Banjul et l'ensemble du pays avant que le président Adama Barrow ne puisse s'installer », a dit M. Souza, évoquant plusieurs dispositions à prendre, notamment au double plan de « la sécurité et de la défense », et pour « l'unité nationale ».
Hier, à Banjul, beaucoup se disaient impatients de voir revenir leur président Adama Barrow, pour véritablement tourner la page de la crise. Maintenant, « nous allons attendre Barrow, de l'aéroport jusqu'au palais présidentiel », a affirmé à l'AFP Babacar Jallow, un vigile. « Avant, nous avions peur de sortir » en raison de la répression du régime de M. Jammeh, car « cet homme est un tueur ».
Après six semaines de crise politique, Yahya Jammeh, battu à l'élection présidentielle de décembre mais qui refusait de reconnaître sa défaite, est finalement parti sous la pression diplomatique et militaire, au terme de 22 ans de règne. Il devait rejoindre la Guinée équatoriale, après une escale à Conakry, selon le commandement de la Micega.

Arrangement peu judicieux
Depuis l'éclatement, le 9 décembre, de la crise politique gambienne, de multiples initiatives avaient été prises pour que Jammeh cède la place, notamment par la Cédéao. Les derniers efforts, menés vendredi par la Guinée et la Mauritanie (non membre de la Cédéao), ont abouti à son départ. Il a quitté Banjul samedi soir à bord d'un jet privé avec le président guinéen Alpha Condé. Ses proches et collaborateurs ont voyagé dans un appareil d'une compagnie mauritanienne. Les deux avions ont fait escale à Conakry, d'où ils sont ensuite partis pour Malabo, en Guinée équatoriale.
En apprenant son départ effectif, des habitants de Banjul sont sortis samedi soir dans les rues, manifestant leur joie, notamment à Grand Banjul (banlieue), à pied, à deux-roues ou en voiture, klaxonnant, criant, chantant, selon plusieurs journalistes de l'AFP. Certains arboraient des T-shirts affichant « Gambia has decided », le slogan des partisans du changement de régime. De leur côté, des pro-Jammeh, l'air abattu, louaient le sens du sacrifice de l'ex-président.
Dans une déclaration commune publiée peu après le départ de M. Jammeh, la Cédéao, l'Union africaine et l'Onu ont annoncé garantir ses droits, y compris à revenir dans son pays, saluant sa « bonne volonté » pour parvenir à un dénouement pacifique de la crise. Les trois organisations veilleront à le soustraire, avec les siens, aux tentatives de « harcèlement » et de « chasse aux sorcières ». Elles se portent également garantes des propriétés de l'ex-président, de sa famille, des membres de son régime ou de son parti, selon le texte. D'après un diplomate en poste à Banjul, laisser la possibilité à M. Jammeh de revenir en Gambie est peu judicieux. Mais des experts estiment que le document n'est pas un accord contraignant et l'application de ses dispositions dépendra du nouveau gouvernement. Le régime de Yahya Jammeh a été accusé de violations des droits de l'homme par de nombreuses ONG internationales.

(Source : AFP)

Des soldats de la mission ouest-africaine en Gambie se dirigeaient hier vers la capitale Banjul, après le départ en exil de l'ex-président Yahya Jammeh, pour « sécuriser » le pays avant l'arrivée de son successeur Adama Barrow. Le déploiement des troupes de la Micega, la mission de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao, 15 pays), vise à « contrôler...

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