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Liban - L’éclairage

Le dossier des nominations sera-t-il laissé au prochain gouvernement ?

Maintenant que le pouvoir a été formé et que les institutions fonctionnent de nouveau normalement, le dossier des nominations et des permutations administratives est revenu sur le tapis dans la perspective non seulement d'un lifting mais également d'un rééquilibrage au sein de la Fonction publique. Dans certains milieux politiques, le débat autour de ce dossier – qu'on avait tenté d'ouvrir sous le mandat de Michel Sleiman, avant que les querelles politiques ne le bloquent – a été lancé. On a beau souligner l'importance de procéder à des nominations pour redynamiser l'administration, mais il n'y a pas que le volet technique qui prévaut.

Dans les milieux des Forces libanaises, on rappelle que les nominations administratives, quoique techniques, restent éminemment politiques, notamment pour ce qui a trait à la première catégorie et à certains postes jugés sensibles. Dans les milieux loyalistes, on assure aussi que le nouveau régime part dans son approche du dossier des nominations et des permutations administratives de la nécessité de rétablir l'équilibre communautaire au sein de l'administration, en supprimant les injustices dont les chrétiens ont été la cible jusque-là. Les Forces libanaises et le Courant patriotique libre sont parfaitement d'accord sur ce point et jugent important que le retour en force des chrétiens au pouvoir s'accompagne d'une consolidation de la présence chrétienne dans les différents services de l'État.

Les deux parties n'ont cependant pas encore officiellement planché sur ce dossier, même si leurs cadres ont commencé à en discuter. Les deux formations sont parfaitement conscientes qu'elles tiennent une boule de feu dans la main, mais restent attachées à un examen approfondi de la question d'autant plus que Bkerké est aussi favorable au rééquilibrage souhaité. Selon des sources proches du patriarcat maronite, une étude ayant pour titre « Les chrétiens dans l'administration » doit être présentée sous peu au général Michel Aoun, qui souhaite, indique-t-on de sources proches de la présidence, remédier à ce déséquilibre mais qui tient dans le même temps à éviter tout faux pas pouvant ébranler la stabilité qui prévaut dans le pays, que ce soit au niveau politique ou de la sécurité. Les Forces libanaises partagent ce même souci, assure-t-on dans leurs milieux. Les parties concernées souhaitent prendre tout leur temps afin d'éviter les faux pas, ce qui fait dire à certains qu'il n'est pas exclu de le laisser pour le gouvernement qui sera formé après les législatives, d'autant que le chantier administratif est énorme et qu'il n'est pas possible pour un gouvernement mis en place pour moins de six mois, et dont la mission principale est de préparer les élections, de s'en occuper.

Des responsables chrétiens reconnaissent dans ce cadre qu'avant de s'attaquer à la question de la parité, il est nécessaire de régler un autre problème fondamental, celui de la surabondance des fonctionnaires et d'annuler les contrats conclus de façon anarchique, en faveur d'un retour aux règles traditionnelles de recrutement, c'est-à-dire à travers des concours organisés par la Fonction publique. De l'avis des mêmes sources, il est impératif de mettre fin, une fois pour toutes, à « l'hérésie » que constituent la pléthore de contrats conclus au sein de l'administration pour une durée déterminée et de plancher ensuite, sur des bases solides, sur la question de la parité et du rééquilibrage.

Selon les mêmes sources loyalistes, des centres d'études spécialisés ont élaboré des rapports au sujet de l'administration et trouvé un déséquilibre au niveau de la représentation communautaire. Dans leurs conclusions, ils jugent nécessaire de revenir à la parité en vue d'une participation de tous aux postes de responsabilité, pour éviter qu'une partie ne se sente lésée ou exclue, au profit de l'autre, en soulignant l'importance de ce rééquilibrage pour la stabilité dans le pays.

Dans les milieux des Forces libanaises, on relève à ce propos qu'au cours des dernières années, et plus particulièrement durant la vacance de plus de deux ans à la tête de l'État, l'administration a connu une surabondance au niveau de ses effectifs, en dépit d'une décision gouvernementale de geler le recrutement. Certains ministres s'étaient en effet employés, par des moyens détournés, à caser leurs partisans dans différents départements étatiques tantôt à titre de contractuels, tantôt à titre de vacataires, en prévision de leur titularisation, sous la pression des menaces de grèves et de sit-in, comme le font aujourd'hui leurs camarades d'EDL ou du ministère de l'Information. Il semble d'ailleurs que le nombre de contractuels ait considérablement augmenté au courant des deux dernières années, comme le montre la somme de leurs émoluments... Que les officiels se gardent bien de dévoiler.

 

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