Il est impossible de penser que l'élection de Michel Aoun à la présidence de la République ne puisse pas avoir une quelconque influence sur l'évolution du marché immobilier à Beyrouth. S'il est encore trop tôt pour prévoir les conséquences réelles, l'arrivée d'un nouveau pensionnaire à Baabda s'annonce assurément comme une bonne nouvelle attendue par tous les professionnels. Il est incontestable que cet événement va donner une bouffée d'oxygène à un secteur au ralenti depuis plusieurs années.
Si l'élection d'un nouveau président ne va pas résoudre dans l'immédiat tous les problèmes économiques et sécuritaires du pays, elle peut au moins redonner confiance aux ménages et les faire sortir de leur attentisme. Une reprise de la demande pour des appartements en construction, neufs et anciens, va surtout freiner l'érosion des prix, en chute depuis trois ans, et réduire les marges de négociations.
Les premiers perdants de cette situation nouvelle seront les acheteurs qui ne pourront plus bénéficier, comme ils le font aujourd'hui, de la flexibilité des propriétaires et des promoteurs. À l'opposé, ces derniers attendaient avec impatience la fin de la vacance présidentielle. Voilà déjà plusieurs jours qu'ils bombent le torse dans l'espoir d'une remise prochaine du marché. Leur enthousiasme déborde. Pour certains, les prix vont repartir à la hausse. D'autres délirent et imaginent déjà que les prix vont doubler. Leur attente leur fait perdre la raison.
Sans vouloir ruiner leur rêve, la réalité est plus complexe et les prix ne pourront s'envoler qu'à la suite d'une flambée de la demande et d'une pénurie de biens. Malheureusement, aucun des deux scénarios ne pointe à l'horizon.
Primo, si la demande existe, elle n'est pas suffisante et reste insatisfaite par les produits mis sur le marché qui ne correspondent pas aux budgets de la majorité des ménages. Secundo, après plusieurs années de stagnation, le marché beyrouthin regorge de propriétés résidentielles et commerciales (bureaux et commerces). Cela résulte d'une production excessive au cours des dernières années sans que les biens répondent à une attente.
Ainsi, il ne faut pas s'attendre à des miracles avec le retour d'un président à Baabda. Si dans un premier temps les propriétaires vont retrouver le sourire, la prudence reste de mise. Le secteur immobilier ne va pas s'emballer aussi vite et aussi facilement. La reprise progressive de l'économie reste dépendante de la formation d'un nouveau gouvernement et de la situation régionale globale.
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