J'étais venu lui rendre un dernier salut au lit, un dernier hommage à mon amie, à celle qui fut toute sa vie comparable à un jardin de vie où poussaient les fleurs de l'espérance, des bonnes œuvres et des saintes actions.
Je la voyais endormie, mais sa face était illuminée d'une expression de satisfaction de tout ce qu'elle avait fait, elle rayonnait d'une transparence tranquille, reflet d'une clarté intérieure et dans son vénérable repos ses cheveux blancs l'enveloppaient d'une auréole majestueuse.
Cette femme extraordinaire avait pendant toute sa vie pris le chemin des actions charitables, elle s'était vouée à sortir vers la lumière les gens ensevelis dans l'inexorable nuit sociale.
Elle a été l'un des piliers de l'association « La flamme », mais aussi toute sa vie elle avait été comparable à un moteur infatigable, alliant la coquetterie, la gentillesse, l'intelligence à l'action.
Le temps n'avait pas d'emprise sur elle ; elle s'en moquait et traitait d'égal à égal avec lui. Quelques jours avant sa mort, j'étais passé la voir, alors elle me toisa et, du haut de ses 96 ans, elle me dit qu'elle allait faire ses courses à Paris !
Elle était née la même année que le Grand-Liban, qu'elle connut dans ses heures de gloire, véritable historiale de ce pays. Elle éleva sept enfants en leur traçant le juste chemin et aujourd'hui chacun occupe une position éminente et tout cela n'a pu se faire sans son œil de maître qui surveillait et encourageait toute action pionnière et novatrice, que ce soit dans le secteur bancaire, et les entreprises mondialement connues, pour ne citer qu'Exotica, Enoteca....
Tu t'en vas, ma chère amie, mais tu laisses derrière toi une grande communauté orpheline, tu t'en vas vers le Panthéon, vers ton immense jardin, ton Exotica, là ou poussent les « fleurs du bien » que tu as plantées ici-bas.

Pr Georges BADAOUI