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Liban - Téléphonie mobile

Énième affrontement entre Harb et Bassil au Sérail

Une décision unique du Conseil des ministres hier : former une commission pour les colonies de vacances.

C'est un document bien fourni que le ministre des Télécommunications, Boutros Harb, a présenté hier au Conseil des ministres, réuni sous la présidence de Tammam Salam, pour poursuivre l'examen des dossiers de la téléphonie mobile et des réseaux illégaux d'Internet. Une sorte de boîte de Pandore s'est ainsi ouverte, entraînant dans son sillage une vive tension à la faveur des échanges d'accusations, notamment entre Boutros Harb et Gebran Bassil, ministre des Affaires étrangères et ancien ministre des Télécoms. Dilapidation de fonds et gaspillage, exposés par M. Harb, chiffres à l'appui, des scandales à la chaîne au niveau des réseaux illégaux d'Internet et des communications : la séance a vite fait de se transformer en un procès des mandats de Nicolas Sehnaoui et, avant lui, Gebran Bassil, aux Télécoms, poussant ce dernier à se défendre en contre-attaquant. On peut imaginer l'ambiance...
De ce fait, il n'a pas été possible au gouvernement de prendre la moindre décision concernant la téléphonie mobile. Comme le ministre de l'Éducation, Élias Bou Saab, a soulevé au début de la séance l'affaire de la noyade lundi dernier du petit Kevin Metlej, à Batroun, dans le cadre d'une colonie de vacances, le Conseil des ministres a décidé de former une commission composée de représentants des ministères concernés pour plancher sur le sujet et proposer des idées pour la réglementation des colonies de vacances. Il s'agit de la seule décision prise en Conseil des ministres, à l'ouverture duquel Tammam Salam a encore une fois exprimé l'espoir d'une élection d'un président dans les délais les plus brefs.
Le chef du gouvernement devait aussi informer les membres de son équipe qu'il a entamé les contacts nécessaires pour la formation de la commission chargée de contrôler la stricte application des règles en rapport avec l'hygiène alimentaire, avant le débat autour des télécommunications. Celui-ci a donné lieu à des échanges acerbes, notamment sur les scandales liés à ce dossier ainsi que sur les responsabilités, avant de porter sur la personne du directeur général des Télécoms et d'Ogero, Abdel Menhem Youssef, et sur la double casquette qu'il porte, jugée par les ministres du CPL et du PSP comme étant illégale.

Pharaon « choqué »
Avant l'ouverture de la séance, Élias Bou Saab avait d'ailleurs relevé ce point, repris en cours de réunion par d'autres ministres, notamment Waël Bou Faour et Akram Chehayeb, qui ont réclamé qu'il soit démis de ses fonctions. Le ministre de la Santé a jugé sur ce plan que Abdel Menhem Youssef « est devenu plus fort que l'État, voire plus fort que les chefs de milices du temps des milices ». M. Harb devait souligner qu'il est impératif d'attendre la publication de l'acte d'accusation dans l'affaire de l'enquête sur Google cache avant de prendre la moindre décision en ce qui le concerne. Il s'agit, rappelle-t-on, du nom de la société appartenant à Toufic Hisso, soupçonné d'offrir des services illégaux, et dont le siège avait été perquisitionné à Mazraa à Beyrouth, conduisant à la saisie d'un serveur attribué à Ogero par les enquêteurs. C'est par ce dossier que le nom de Abdel Menhem Youssef avait été impliqué dans l'affaire du réseau illégal. Le ministre de la Culture, Rony Arayji, a pour sa part proposé une solution médiane qui consiste à régler la double casquette qu'il porte.
« Il est vrai que Abdel Menhem Youssef a jusqu'à présent résisté, mais il ne va pas tarder à tomber », a lâché M. Bou Faour. « Il est en bonne santé, mais plus pour longtemps », a renchéri Akram Chehayeb, pendant que le ministre du Tourisme, Michel Pharaon, avait de la peine à cacher son effarement devant le déballage en Conseil des ministres. « Je suis choqué. Au lieu de songer à réduire les tarifs d'Internet, il n'est question que des millions de dollars gaspillés dans ce secteur. Je suis choqué par l'ampleur du scandale et du vol que le ministre Harb essaie de régler. »
Le document présenté par le ministre des Télécoms porte dans le détail sur les « abus » détectés entre 2008 et 2009, sous les mandats de Nicolas Sehnaoui et de Gebran Bassil qui s'est défendu en disant avoir personnellement « présenté plus d'une quarantaine de plaintes et de procès contre Youssef », devenu plus fort que l'État, selon Élias Bou Saab aussi.

C'est un document bien fourni que le ministre des Télécommunications, Boutros Harb, a présenté hier au Conseil des ministres, réuni sous la présidence de Tammam Salam, pour poursuivre l'examen des dossiers de la téléphonie mobile et des réseaux illégaux d'Internet. Une sorte de boîte de Pandore s'est ainsi ouverte, entraînant dans son sillage une vive tension à la faveur...

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