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Économie - Liban - Crise

L’industrie vinicole plie mais ne rompt pas...

Alors que la récession menace et que la plupart des secteurs d’activités sont frappés de plein fouet par la crise, l’industrie vinicole libanaise n’a jamais été aussi active malgré les difficultés auxquelles elle fait actuellement face.

L’un des plus grands établissements nocturnes du pays vient de mettre la clef sous la porte et les rumeurs les plus folles circulent sur la fermeture de certains hôtels de prestige ; en parallèle, les restaurants affichent des pertes record, les commerçants sont sur la corde raide et les agriculteurs ne savent plus où écouler leurs récoltes. Pourtant, au milieu de la tourmente que connaissent actuellement le Liban et la région, l’industrie vinicole locale souffre mais tient bon. 
Dans un contexte économique à la limite de la récession, « la consommation locale se maintient », affirme le président de l’Union viticole (UVL), Serge Hochar, tandis que les ventes globales ont, selon lui, légèrement reculé à l’étranger et chuté dramatiquement en Syrie pour certains exportateurs – sans qu’il puisse toutefois pouvoir fournir d’estimations précises. Même son de cloche de la part de l’un des deux frères fondateurs de la cave de Massaya, Sami Ghosn : « Il est certain que la crise régionale a un impact très significatif sur les sociétés vinicoles exportatrices, en Syrie notamment. Quant au marché du Liban, malgré la morosité ambiante, les hauts et les bas sécuritaires, il tire à ce jour pas trop mal son épingle du jeu. » 

De nouveaux producteurs, de nouveaux terroirs
Paradoxalement, au milieu de la tourmente politico-sécuritaire, l’industrie vinicole libanaise n’a jamais été aussi dynamique : le nombre de producteurs est en croissance constante, les Salons de grande envergure connaissent une affluence record et les initiatives au Liban et à l’étranger se multiplient. 
« Nous sommes actuellement une quarantaine de producteurs, et une dizaine de nouveaux acteurs se préparent, en outre, à se lancer à l’assaut du marché d’ici à un an », indique M. Hochar. « Une nouvelle génération, passionnée et informée, est en train de prendre le relais », se félicite-t-il. « Nous aurons de plus en plus de vins issus de plus en plus de terroirs, ce qui est un grand plus pour la diversité », ajoute-t-il.
Les producteurs libanais ne se limitent d’ailleurs plus à leur pays d’origine : le groupe libano-turc Hateks s’est récemment lancé dans l’industrie du vin en Turquie, dans la région d’Antakya (Antioche) et espère commercialiser les premiers crus entre 2014 et 2015. En parallèle, Sandro Johnny Saadé et son frère Karim, codirecteurs généraux du groupe Johnny R. Saade Holdings, ont développé quelques années auparavant le domaine de Bargylus en Syrie – en plus de Château Marsyas au Liban. Ils sont également associés majoritaires, à hauteur de 60 %, de Terres Millésimées, inaugurée l’an dernier à Saint-Émilion, et qui a récemment été élue l’une des meilleures caves de France (voir encadré). 

Du vin libanais au Japon
Sur le plan des exportations, environ 6 à 8 millions de bouteilles ont été vendues en 2011, dont 2 millions destinées à l’exportation. Sauf si la situation le décide autrement cette année, l’industrie locale du vin sera l’une des rares au Liban caractérisée par une balance commerciale excédentaire. Rappelons que près de 7 millions de bouteilles ont été vendues en 2010 pour une valeur totale de près de 50 millions de dollars, selon l’UVL. À titre comparatif, 6 millions de bouteilles avaient été produites en 2005, et 5 millions au début des années 2000, toujours selon les chiffres de l’UVL. 
Les vins libanais sont parfois présents dans les pays les plus inattendus : la coopérative vinicole d’Héliopolis, située à Deir el-Ahmar (Baalbeck), a récemment envoyé une première palette de son vin rouge Coteaux Les Cèdres du Liban 2009, certifié « Fairtrade »... au Japon. Les vins libanais étaient également présents pour la deuxième année consécutive à la 33e édition de la London International Wine Fair (LIWF), l’une des plus importantes foires de vins au monde, qui s’est tenue en mai dernier à Londres.


En dépit de ces succès à l’étranger, l’industrie vinicole demeure de petite envergure, et « ne représente pas un apport très important » à l’économie locale, estime M. Hochar. Certaines appréciations pencheraient vers quelque 0,8 % du produit intérieur brut (PIB). « L’industrie vinicole libanaise n’a pour vocation que la production d’un vin qualitatif. Nous n’avons pas les moyens de concurrencer les gros pays producteurs comme la Turquie, le Chili ou l’Australie sur le plan de la quantité et des faibles coûts de production. Au Liban, nous n’avons ni la taille de parcelles ni la structure de coûts pour nous le permettre. Le positionnement du Liban sur la scène internationale doit être uniquement qualitatif », juge Karim Johnny Saadé.
La petite taille de l’industrie vinicole libanaise : à la fois un handicap et un avantage, car, en ces temps de crise, mieux vaut écouler une petite production qu’une trop importante, comme l’ont appris à leurs dépens les producteurs de pommes...

 

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Ivresse du Liban et pour le Liban dernière carte qui nous reste pour relever le défi . Courage . Antoine Sabbagha

Sabbagha Antoine

06 h 10, le 03 novembre 2012

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Commentaires (1)

  • Ivresse du Liban et pour le Liban dernière carte qui nous reste pour relever le défi . Courage . Antoine Sabbagha

    Sabbagha Antoine

    06 h 10, le 03 novembre 2012

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