Manœuvres russes : Moscou demande des restrictions dans l'espace aérien libanais

La Russie a demandé vendredi aux autorités aéroportuaires libanaises que les avions au départ de Beyrouth évitent de survoler sa zone de manœuvres militaires en Méditerranée durant trois jours, a affirmé à l'AFP le ministre libanais des Transports.

"La Russie a demandé aux autorités libanaises que les avions au départ de l'aéroport de Beyrouth vers l'ouest évitent de survoler une zone délimitée dans les eaux territoriales en Méditerranée où doivent avoir lieu des manœuvres samedi, dimanche et lundi", a déclaré Ghazi Zeaiter. Le ministre a indiqué que son pays avait" des réserves sur la requête russe et étudiait la demande".

Vers 19h30, le ministère des Travaux publics a annoncé dans un communiqué la "mise en place d'une cellule urgente de travail afin de prendre les mesures nécessaires en vue d'assurer la continuité du trafic aérien dans des conditions sûres".

Plus tôt dans la journée, l'Agence nationale d'information (Ani, officielle) rapportait que les autorités de l'Aéroport international de Beyrouth ont reçu vendredi un message de la marine russe annonçant des manœuvres militaires et fournissant les coordonnées précises du lieu des exercices qui s'étendront sur trois jours, à partir de minuit, vendredi.

En conséquence, le Liban a négocié avec les autorités chypriotes afin d'assurer un couloir aérien temporaire. Même en cas de réponse positive de la part de Chypre, ajoute l'Ani, des perturbations sont à prévoir en raison des contraintes logistiques liées à cette situation. M. Zeaïter a toutefois fait savoir en début de soirée que Chypre ne pourra pas assurer des couloirs aériens alternatifs, car son espace aérien sera fermé durant les trois jours qui viennent.

L'ambassadeur du Liban à Chypre, Youssef Sadaka, a toutefois affirmé à l'Ani que les négociations entre le directeur général de la MEA à Chypre, Nabil Abou Jaoudé, et l'aviation civile chypriote, ont débouché sur un accord concernant un couloir aérien sûr pour les vols libanais, qui passera au sud de l'île.

Commentant la situation, le PDG de la Middle East Airlines, Mohammad Hout, cité par l'Ani, a rappelé que "les couloirs aériens libanais relèvent de l'Etat", soulignant que "la MEA appliquera toute décision émanant des autorités libanaises". "Si l'Etat décide de changer les trajectoires des vols, nous adopterons de nouvelles trajectoires. Dans le cas contraire, la MEA maintiendra les couloirs habituels", a ajouté M. Hout.

Quelques heures plus tard, la MEA a annoncé dans un communiqué que tous ses vols prévus samedi "décolleront à temps". "Certains vols à destination des pays du Golfe et du Moyen-Orient prendront plus de temps que prévu, suite aux nouveau corridors aériens mis en place", a néanmoins précicé la compagnie aérienne.

Pour sa part, Air France a affirmé à l'Ani que son vol Beyrouth-Paris, prévu à l'aube, se fera 50 minutes plus tôt que prévu, en raison de la demande russe.

C'est le chef du Parti socialiste progressiste Walid Joumblatt qui a évoqué le premier la demande russe. "Ils (les autorités russes) considèrent le Liban comme un district de Moscou, en violant notre souveraineté et en nous insultant", a écrit M. Joumblatt sur son compte Twitter. Et de poursuivre en ironisant : "Quelle visite fructueuse, de la part du ministre (Gebran) Bassil à Moscou !". Le ministre libanais des Affaires étrangères s'était rendu dans la capitale russe il y a deux jours.

Moscou est engagé militairement depuis le 30 septembre en Syrie où son aviation et ses missiles frappent des groupes rebelles et le groupe État Islamique (EI) en appui aux forces du régime de Bachar el-Assad.