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Liban - La situation

Nous sommes en guerre, mais la livre se porte bien

Tammam Salam à la conférence des banques arabes : il est temps... de joindre les actes aux paroles. AFP

« Nous sommes dans une guerre mondiale itinérante contre le terrorisme. » La phrase est de Gebran Bassil, qui l'a prononcée hier à Moscou, à l'issue d'entretiens avec le ministre russe des Affaires étrangères, ses adjoints et des dignitaires du patriarcat de Moscou, qui ont porté sur tous les sujets de l'heure : le pluralisme, un monde multipolaire, le respect des minorités, l'union sacrée (et non pas « la guerre sainte »), la tolérance et le « respect de l'autre » poussé jusqu'au ridicule effacement de soi, la lutte contre le terrorisme. Il est certain que les attaques de Paris, succédant à l'attentat contre l'avion russe, a mondialisé irréversiblement la lutte contre le groupe État islamique.

Mais l'expression « guerre itinérante » reste en deçà de ce qui se passe. La guerre mondiale en question est livrée simultanément sur plusieurs terrains par l'hydre terroriste qui, à ce stade, bien que jugée sur la défensive, continue d'avoir l'initiative, puisque ses cellules « dormantes » se multiplient comme des champignons, au point qu'on en découvre de nouvelles tous les jours.
Qu'on en juge : alors que Paris panse ses plaies, abat les tueurs et se demande d'où viendra le prochain coup, le Koweït démantèle une cellule jihadiste ayant à sa tête un Libanais, et l'armée arrête à Bourj Chemali, près de Tyr, une voiture bourrée d'armes dans laquelle circulaient trois jihadistes.
Grâce à des armes de surveillance de pointe livrées notamment par la Grande-Bretagne, grâce aussi aux services de renseignements locaux et internationaux, le Liban continue de faire échec au terrorisme sur sa frontière orientale, pilonnant sporadiquement les lignes ennemies, tout en arrêtant à tour de bras, à l'intérieur du territoire, des hommes en situation irrégulière. Ce ne sont pas tous des jihadistes. Mais il en reste assez pour nourrir notre inquiétude.

Itinérante ou simultanée, ce qui est sûr, c'est que cette guerre n'est pas conventionnelle. L'armée a publié hier un communiqué annonçant l'arrestation d'un mineur, un garçon de 15 ans, qui a avoué que Daech l'avait approché en vue d'un attentat-suicide, et qu'il n'avait pas osé dire « non » à cette proposition, de crainte qu'il ne lui arrive malheur. Beaucoup de Libanais, et sans doute lui aussi, ont vu l'horrible mais courte séquence filmée d'un massacre par l'EI de cent à deux cents jeunes adolescents sous prétexte qu'ils avaient refusé de rejoindre ses rangs. Répondant aux critiques d'un avocat formulée sur un réseau social, l'armée a affirmé qu'O.I. était lié sur son réseau WhatsApp à Abdel Rahman Kilani, un jihadiste en prison que l'armée a identifié comme un recruteur de kamikazes, dont le vivier comprenait nombre de mineurs. Le jeune garçon, a précisé le communiqué, a été interrogé en présence d'une juge du tribunal des mineurs.

L'armée sera sans doute critiquée aussi pour avoir ordonné à quelque 1 250 familles de réfugiés syriens, logés dans une vingtaine de camps de fortune construits au bord des grandes voies de circulation de la Békaa, de les déplacer de cinq cent mètres à l'intérieur des terrains occupés. Mesure préventive justifiée, elle aussi, par la situation de guerre tantôt larvée, tantôt ouverte, où se trouve le Liban. Du reste, aussi bien Gebran Bassil à Moscou que Sejaan Azzi au Liban se sont employés hier à examiner les moyens de réduire le nombre de réfugiés syriens au Liban.


(Lire aussi : Salam presse la classe politique de mettre un terme à la situation « anormale »)


Placés devant cette situation d'urgence et prenant conscience que la communauté internationale est désormais lasse de leur narcissisme politique, certains de nos dirigeants commencent à se réveiller de leur trop longue léthargie et à songer qu'ils pourraient remplir leur devoir de gouverner le Liban, au lieu de se l'arracher comme un butin. Tammam Salam est l'un d'eux. Pressé par l'ancien chef d'État Michel Sleiman comme par Samir Geagea de réunir son gouvernement, M. Salam, sans doute ulcéré par la manière dont il a été traité en Conseil des ministres, se remet quand même à dire qu'il est temps d'agir.
De fait, on apprend d'Akram Chehayeb que le gouvernement se réunira « quand des conclusions seront trouvées », c'est-à-dire dès que les quatre sociétés susceptibles d'accepter d'exporter nos déchets auront obtenu le feu vert des pays où ces immondices finiront, au prix de quelque 200 dollars la tonne, sachant par ailleurs que la décharge de Naamé devra nécessairement accueillir les déchets amoncelés depuis juillet dernier un peu partout à Beyrouth et dans le Mont-Liban.

Ne quittons pas toutefois ce panorama de l'actualité sans en relever les bons côtés : la livre est stable et restera stable, a affirmé hier le gouverneur de la Banque du Liban, dont la crédibilité n'a encore jamais été prise en défaut. Premier point. Deuxième point : d'expérience, on sait que la psychose à l'attentat et à la voiture piégée ne s'efface qu'après quelques jours. Une voiture suspecte a été fouillée hier, inutilement, rue de Verdun. Un vent de panique a soufflé sur Nabatiyé à cause de mesures de sécurité préventives du Hezbollah. À Saïda, un gilet pare-balles jeté près d'une benne à ordure a été confondu avec une ceinture explosive.

 

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commentaires (5)

Le mois dernier c'était LE livre qui se portait bien , aujourd'hui c'est LA livre qui résiste à la psychose ambiante . La boucle est bouclée ! Qui disait qu'au Liban tout allait mal ??

FRIK-A-FRAK

15 h 12, le 20 novembre 2015

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Commentaires (5)

  • Le mois dernier c'était LE livre qui se portait bien , aujourd'hui c'est LA livre qui résiste à la psychose ambiante . La boucle est bouclée ! Qui disait qu'au Liban tout allait mal ??

    FRIK-A-FRAK

    15 h 12, le 20 novembre 2015

  • Lâh, lâh ! Moins de "toffnîîîss, please ! Au meilleur des cas, avant la guerre, le Dollar valait Deux livres dix etc.

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    13 h 54, le 20 novembre 2015

  • LA LIVRE SE PORTE BIEN ! AH OUI ? EN 1975 LA LIVRE VALAIT DEUX LIVRES ET DEMI SYRIEN. PRESQUE UN D.MARK. PLUS QUE DEUX FRANC FRANÇAIS. ET UN PEU MOINS QU'UN DOLLARS AMÉRICAIN. ET AUJOURD'HUI ELLE EST DEVENUE MOINS QU'UNE POUSSIÈRE PAR RAPPORT AUX AUTRE MONNAIES. POUR LES MERCENAIRES IRANO/SAOUDIEN, LA LIVRE SE COMPORTE BIEN.

    Gebran Eid

    13 h 21, le 20 novembre 2015

  • Yâ salâm chî tamâm ! L'hamdéllâh !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    11 h 55, le 20 novembre 2015

  • LA PSYCHOSE ET LA PEUR SE SONT BIEN INSTALLÉES DANS LE PAYS ! ET QUE FONT LES BOYCOTTEURS ? ILS SE CAMPENT SUR LEURS POSITIONS BIEN CONNUES... IRRESPONSABLES ET CRIMINELLES !!!

    LA LIBRE EXPRESSION

    07 h 55, le 20 novembre 2015

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