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Liban - Décryptage

Les limites du climat positif

« 80 % des propos échangés relèvent de la rhétorique arabe, 10 % sont des reproches, directs ou non, et les 10 % restants sont des idées sérieuses. » C'est ainsi qu'un des participants aux réunions du dialogue national résume les trois ou quatre heures de débats à chaque rendez-vous.

Selon ce participant, l'ordre du jour fixé par le président de la Chambre impose l'examen de deux sujets fondamentaux, l'élection présidentielle et la loi électorale. Or toutes les parties sont convaincues que ces deux dossiers ne peuvent pas être réglés rapidement puisqu'ils portent sur des questions stratégiques et fondamentales pour la reconstitution du pouvoir au Liban. Sur le fond, plus personne ne se fait donc d'illusions, le sort du Liban étant plus que jamais lié à celui de la région et au dossier syrien en particulier.

C'est ainsi que les batailles politiques menées actuellement sont secondaires alors que les bras de fer stratégiques qui portent sur l'élection présidentielle et la loi électorale sont reportés. Même chose pour la sous-commission parlementaire chargée de s'entendre sur un projet de loi électorale dans un délai de deux mois, qui serait ensuite soumis au vote de la Chambre. Un des membres de cette sous-commission précise ainsi que celle-ci a peu de chances d'aboutir à des résultats concrets, car son rôle est technique, alors que le conflit sur la loi électorale est bien plus profond qu'une simple question technique. Il s'agit de la conception du pouvoir, du partage des parts, et du rapport des forces qui va en résulter.

Pour toutes ces raisons, en dépit de la bonne volonté qui anime ses membres, cette sous-commission ne peut pas à elle seule trouver les solutions. Elle peut donc aplanir le terrain, le défricher et faire des propositions techniques. Mais son mandat ne lui permet pas de redéfinir les modalités du pouvoir au Liban, qui se concrétisent par la loi électorale. La commission entamera ses réunions le 1er décembre et elle devrait présenter son rapport au président de la Chambre le 1er février 2016. Il n'est pas question, pour elle, de revoir tous les projets de lois présentés (au nombre de 17 mais la liste est ouverte), mais de commencer ses discussions là où elles s'étaient arrêtées il y a plus d'un an, lorsque tous les membres avaient accepté le principe du mode de scrutin proportionnel dans les élections législatives.

Il reste donc à s'entendre sur l'importance qui sera accordée à la proportionnelle. Certains veulent qu'elle soit intégrale, d'autres préfèrent diviser les sièges en une partie qui sera choisie selon le scrutin proportionnel et une autre par le biais du mode majoritaire. Même le pourcentage de ces modes de scrutin varie selon les parties politiques. Les Forces libanaises et le courant du Futur avaient préféré plus de majoritaire que de proportionnelle, le Hezbollah et le CPL proposaient un mode de scrutin entièrement proportionnel et Nabih Berry avait proposé une formule à 50/50. Vues de loin, les divergences peuvent paraître minimes, elles sont pourtant fondamentales puisque c'est sur la base de la loi électorale que sera élue la législature qui définira le nouveau rapport de force politique au Liban.

C'est donc parce qu'il est conscient de l'importance de ces échéances pour l'avenir du Liban que le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a proposé dans son dernier discours, le week-end dernier, un compromis global qui englobe la présidence de la République et la loi électorale. Dans les coulisses politiques, des débats ont immédiatement commencé pour savoir ce que pense réellement le chef du Hezbollah. Est-il en train de laisser entendre que son camp ne peut pas avoir les deux, autrement dit un président de son bord et une loi électorale selon ses intérêts et ses désirs? Dans ce cas, que préfère-t-il, le président ou la loi électorale ? Les milieux proches du Hezbollah ne répondent pas directement à la question, mais ils rappellent qu'il ne faut pas non plus oublier la présidence du Conseil et le gouvernement.

En réalité, le compromis porterait donc sur le président de la République et le président du Conseil ainsi que le gouvernement, alors que la loi électorale devrait respecter les critères de représentation juste et équitable de toutes les composantes de la société libanaise au sein du Parlement. Ce qui suppose forcément des concessions de la part de toutes les parties. Or, pour l'instant, aucune n'est prête à les faire, sachant que chacune attend les développements en Syrie et la nature du compromis qui sera trouvé pour régler la crise syrienne avant de se décider à jeter du lest au Liban.

Le climat positif et l'élan de solidarité nationale qui se sont manifestés à la suite du double attentat de Bourj el-Brajneh ont donc leurs limites. Ceux qui croient que la sortie de crise au Liban est proche devraient revoir leurs espoirs à la baisse. Mais il est certain que toutes les parties, locales et internationales, veulent maintenir un minimum de calme et de stabilité au Liban et permettre aux services de sécurité de faire leur travail... en attendant l'heure d'une solution qui devrait commencer en Syrie et finir au Liban.

 

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« 80 % des propos échangés relèvent de la rhétorique arabe, 10 % sont des reproches, directs ou non, et les 10 % restants sont des idées sérieuses. » C'est ainsi qu'un des participants aux réunions du dialogue national résume les trois ou quatre heures de débats à chaque rendez-vous.
Selon ce participant, l'ordre du jour fixé par le président de la Chambre impose...

commentaires (4)

J'imagine les 80% de la rhétorique libanaise, kiffak, kif abou slemain wa emm hanna, kif ebnak fi Toronto, wal bannout bi bariz ? Les 10% de reproches, chou waynak ma jitt 3ala da'ett warak, wa chou bek tehkeh 3anneh ma3a abou samir 3ann raîyeh. . Les 10% restant yalla ba'aa ta noumdeh 3ala chi, 3a fekra 3a chou bannah noumdeh ? ???

FRIK-A-FRAK

11 h 02, le 20 novembre 2015

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Commentaires (4)

  • J'imagine les 80% de la rhétorique libanaise, kiffak, kif abou slemain wa emm hanna, kif ebnak fi Toronto, wal bannout bi bariz ? Les 10% de reproches, chou waynak ma jitt 3ala da'ett warak, wa chou bek tehkeh 3anneh ma3a abou samir 3ann raîyeh. . Les 10% restant yalla ba'aa ta noumdeh 3ala chi, 3a fekra 3a chou bannah noumdeh ? ???

    FRIK-A-FRAK

    11 h 02, le 20 novembre 2015

  • Depuis tres longtemps le liban est laissé - pour - compte . Il pietine en attendant tantot des elections presidentielles aux etats unis ,tantot la fin d une guerre en irak ou recemment celle de la syrie ou du yemen . Bientot et en faisant toujours du surplace , le pays sera encore tributaire d une autre crise qui surgerait queque part dans cette region maudite . Les libanais sont condamnes par une maladie incurable appelee " attendre". Et la cerise sur le gateau au parfum poubelle - ordure est de celebrer fierement la fete de l independance , defilé militaire et tous les apparats a l appui ..

    Hitti arlette

    08 h 21, le 20 novembre 2015

  • NON... TRÈS CHÈRE MADAME SCARLETT HADDAD... ET MILLE FOIS NON ! CE N'EST PAS TOUT LE MONDE QUI NE VEUT PAS L'ÉLECTION D'UN PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE. CE SONT LES BOYCOTTEURS HUITISTES... SEULS... QUI NE LE VEULENT PAS !!! QUAND AUX AUTRES PROJETS.. MALGRÉ LES PAROLES... À ÉQUIVOQUE EN TOUT CAS DE H.N.... LA MENTALITÉ DE : OU çA OU RIEN D'AUTRE... PRÉVAUT TOUJOURS CHEZ LE HEZBOLLAH... QUAND À VOTRE : CEUX QUI CROIENT QUE LA SORTIE DE CRISE AU LIBAN EST PROCHE DEVRAIT REVOIR LEUR ESPOIR À LA BAISSE... BON RÉVEIL MADAME CAR VOUS NOUS CHANTIEZ LE CONTRAIRE DANS MAINTS DE VOS ARTICLES PASSÉS !!!

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 08, le 20 novembre 2015

  • "Mais il est certain que toutes les parties, veulent maintenir un minimum de stabilité au Liban et permettre aux services de sécurité de faire leur travail... en attendant l'heure d'une solution." ! Qu'en pense Le Général Abbas ? A suivre dans le prochain "décryptage"....

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    07 h 45, le 20 novembre 2015

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