Rechercher
Rechercher

Économie - Liban - Rétrospective 2014

Crise syrienne : le revenu des Libanais chute de 11 %

Quelque 1,5 million de Syriens ont trouvé refuge au Liban. La guerre se prolongeant, leurs conditions de vie se dégradent de manière dramatique. Mais la société libanaise paie aussi un lourd tribut : la Banque mondiale estime que la guerre chez leur voisin a fait perdre aux Libanais 11 % de leur revenu moyen.

Le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) annonce 1,2 million de réfugiés syriens enregistrés auprès de ses services (décembre 2014).

L'image est dans toute les têtes : des milliers de Syriens se pressent à pied sur l'autoroute de Baabda. Une marée humaine en route pour aller « élire Bachar » à l'ambassade de Syrie en mai dernier. « Avant, on ne les voyait pas. Leur nombre ne voulait rien dire. Ce jour-là, j'ai compris ce qu'il signifiait », explique une habitante de Beyrouth.

Leur présence a un poids économique énorme sur le Liban : la Banque mondiale estime qu'il implique un coût d'un milliard de dollars par an de manière directe et de 4,5 milliards de manière indirecte. Dans un rapport, publié récemment, l'organisation estime même que le revenu moyen par habitant au Liban est inférieur de 11 % à ce qu'il aurait dû atteindre s'il n'y avait pas eu la guerre en Syrie. À titre de comparaison, cette baisse du niveau de vie se limite à 1,5 % en Turquie, en Jordanie ou en Égypte qui accueillent aussi des déplacés syriens, mais dans une moindre mesure.

(Lire aussi : L'Onu réclame 8,4 milliards de dollars pour aider les réfugiés et déplacés syriens)

Cela se traduit sur les infrastructures libanaises, déjà défaillantes : écoles publiques saturées, hôpitaux en surcapacité, gestion erratique des ordures, détérioration de la qualité de l'eau et de l'approvisionnement en électricité... La liste est longue. Pour y pallier, le gouvernement a présenté une « feuille de route » début octobre. Dans ce document, Beyrouth insiste sur la nécessité de partager plus équitablement le poids des réfugiés en incitant certains pays de la région, par exemple, à en accueillir à leur tour. Surtout, le Liban appelle à une prise en charge coordonnée des populations les plus vulnérables, qu'elles soient libanaises, syriennes ou palestiniennes. Début décembre, le pays a même lancé un appel à financement auprès de la communauté internationale d'un montant de 2,14 milliards de dollars.

Combien le Liban accueille-t-il de réfugiés syriens ? Le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) annonce 1,2 million de réfugiés syriens enregistrés auprès de ses services (décembre 2014). De son côté, le gouvernement libanais assure que le pays en accueille désormais 1,5 million. Quel que soit le chiffre retenu, il représente près d'un tiers de la population libanaise, estimée à 4,4 millions d'habitants.

« Pour donner un exemple, ce flux est comparable à ce qui pourrait advenir aux États-Unis si celui-ci devait accueillir l'équivalent de toute la population canadienne ou si l'Allemagne devait absorber les populations de la Suisse et de l'Autriche ensemble », assure le Fonds monétaire international.

(Lire aussi : Pour gérer la crise des réfugiés syriens, des fonds et une bonne gestion du dossier sont nécessaires)

Le gouvernement libanais n'a pas voulu installer des camps, dans la crainte de voir l'exemple palestinien se reproduire. Les Syriens se sont installés où ils le pouvaient. La plupart dans le Nord et la Békaa. Ils y occupent des tentes louées sur des terrains agricoles, des garages désaffectés, des appartements vides, des maisons abandonnées à moitié construites... Au total, 85 % des réfugiés syriens vivent dans des logements privés, disséminés sur tout le territoire. Mais la guerre se prolongeant, leurs conditions de vie se détériorent encore : 48 % des réfugiés syriens enregistrés par le HCR vivent désormais sous le seuil de pauvreté (moins de 4 dollars par jour). « Après un ou deux ans passés au Liban, ils ont épuisé leurs économies. Ils tentent de travailler, mais les emplois sont mal payés et de surcroît très rares, notamment dans les zones où ils sont concentrés : leur principal souci est de payer les appartements où ils s'entassent, souvent à plusieurs familles, pour des loyers exorbitants », explique Fabrice Balanche, dans un entretien au magazine Le Commerce du Levant.

Impact sur l'économie libanaise

Cette présence a d'inévitables conséquences sur la société libanaise. Les plus visibles ? Les répercussions sécuritaires comme dans le cas de la région de Ersal, devenue un « fief jihadiste » en territoire libanais. Mais leur afflux met aussi à l'épreuve l'État libanais qui souffre déjà de « faiblesses structurelles » et se montre incapable d'organiser l'accueil de ces populations ou de répondre aux besoins des Libanais. Ainsi, les ONG estiment-elles que sur les 5,9 millions de personnes vivant au Liban (réfugiés compris), 2,9 millions seront d'ici à 2015 en situation de grande vulnérabilité. La pauvreté a fait un bond faramineux depuis 2011 : + 61 % avec près de 809 000 nouveaux pauvres (toutes nationalités confondues), dont 170 000 Libanais.

(Infographies : Réfugiés syriens au Liban : un état des lieux)

La situation pourrait même devenir ingérable si les filets de sécurité actuels, comme le Programme alimentaire mondial (Pam), étaient bel et bien suspendus comme cela a été le cas début décembre pendant une semaine, l'organisme de l'Onu s'étant retrouvé à cours de financements (il lui manquait en effet 64 millions de dollars pour le mois de décembre pour apporter son aide aux 900 000 réfugiés syriens auxquels il apporte son aide).

Reste une question : les réfugiés rentreront-ils prochainement chez eux ? « Les réfugiés syriens qui proviennent des zones qui soutiennent – ou ont soutenu – la rébellion comme Bab Amr, Qousseir, Yabroud... sont considérés comme des opposants par le régime syrien et par conséquent personae non gratae en Syrie. Tous ceux qui ont également un membre de leur famille dans la rébellion sont de même suspectés d'être contre le régime », fait valoir Fabrice Balanche. Pour ceux-là, l'hypothèse d'un retour en Syrie s'éloigne à mesure que le maintien de Bachar el-Assad au pouvoir se confirme.

Pour les « absorber », il faudrait « une économie libanaise dynamique pour créer assez d'emplois afin d'intégrer cette population sur le marché du travail sans en chasser les Libanais. Or, la crise syrienne a précipité la crise structurelle de l'économie libanaise et bloque toute reprise », explique encore Fabrice Balanche.

Si rien n'était fait, le problème des réfugiés syriens au Liban pourrait être plus grave que celui des Palestiniens en leur temps. La seule chance du Liban, comme de toute la région, est d'escompter une fin rapide du conflit et des moyens financiers réellement importants pour la reconstruction de la Syrie. On en est loin.

 

 

 

L'image est dans toute les têtes : des milliers de Syriens se pressent à pied sur l'autoroute de Baabda. Une marée humaine en route pour aller « élire Bachar » à l'ambassade de Syrie en mai dernier. « Avant, on ne les voyait pas. Leur nombre ne voulait rien dire. Ce jour-là, j'ai compris ce qu'il signifiait », explique une habitante de Beyrouth.Leur présence a un poids économique...

commentaires (1)

WAYNAK YIA SOURI... FI ILAK 3INDI KALAM.... ISSÉT 3ITÉB OU HKEYÉET.. LAA MA GHARAM... 7ARAM !

LA LIBRE EXPRESSION

09 h 27, le 29 décembre 2014

Tous les commentaires

Commentaires (1)

  • WAYNAK YIA SOURI... FI ILAK 3INDI KALAM.... ISSÉT 3ITÉB OU HKEYÉET.. LAA MA GHARAM... 7ARAM !

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 27, le 29 décembre 2014

Retour en haut