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À La Une - Energie

Un terminal gazier lituanien brise le monopole de Moscou dans les pays baltes

Le contrat entre Gazprom et la Lituanie expire à la fin de l'année prochaine.

Le méthanier long de 294 mètres doit accoster au port lituanien de Klaipeda le 27 octobre. PETRAS MALUKAS/AFP

Au moment où l'Europe attend avec anxiété avant l'hiver un accord gazier Russie-Ukraine, la Lituanie pousse un soupir de soulagement grâce à son premier terminal flottant de gaz naturel liquéfié (GNL/LNG) qui brise le monopole russe dans les pays baltes

Judicieusement baptisé "Indépendance", un méthanier long de 294 mètres qui constituera ce terminal doit accoster au port lituanien de Klaipeda le 27 octobre.

Son arrivée suit de près les déclarations du président russe Vladimir Poutine qui a mis en garde jeudi les Européens contre de "grands risques" de perturbations des livraisons de gaz cet hiver, faute d'accord dans le conflit gazier entre la Russie et l'Ukraine.

Loué pour dix ans au norvégien Hoegh LNG, ce bateau permettra à la Lituanie de recevoir jusqu'à 4 milliards de mètres cubes de gaz par an, fourni notamment par le norvégien Statoil, soit bien plus que les 2,7 milliards de m3 achetés à la Russie l'an dernier. Ce terminal flottant offrira aussi à l'Estonie et à la Lettonie voisines la possibilité d'importer, si elles le souhaitent, du GNL en citernes, notent les analystes.

Le contrat entre Gazprom et la Lituanie, pays de 3 millions d'habitants et membre de l'Union européenne depuis 2004, expire à la fin de l'année prochaine. Jusqu'à présent, le gazier russe l'approvisionnait par gazoduc à travers le Bélarus, un vestige de cinquante ans de domination soviétique qui a pris fin en 1990.
Même si Gazprom est susceptible de rester fournisseur des pays baltes dans un avenir prévisible, Vilnius est persuadé que la concurrence sera bénéfique pour les prix et la sécurité énergétique de la région.

"Dans le pire des cas, nous pourrons importer tout notre gaz via le terminal", a assuré à l'AFP le ministre lituanien de l'Energie, Rokas Masiulis, ajoutant que Vilnius se préparait "à d'importantes négociations" avec les fournisseurs du GNL et Gazprom.
Quand le terminal maritime lituanien prenait forme en mai, le gazier russe avait déjà réduit de 20% son prix du gaz facturé à la Lituanie.

"Instrument d'influence politique"

Moscou a toujours nié ses pratiques de monopole et vient d'avertir les Lituaniens que son gaz importé d'ailleurs ne serait pas bon marché.
La Lituanie avait signé en août un accord avec le norvégien Statoil sur les livraisons pendant cinq ans, à partir de 2015, de 540 millions de mètres cubes de gaz par an, à travers le nouveau terminal. La valeur de ce contrat est estimée entre 2,5 et 3 milliards de litas (soit de 724 millions à 868 millions d'euros) par le gazier lituanien Litgas, propriété de l'Etat.

Le terminal flottant pèsera aussi dans la politique de la Lituanie à l'égard de la Russie, sa puissance dominante à l'époque soviétique, à un moment où l'intervention de Moscou dans l'est de l'Ukraine suscite l'angoisse dans les pays baltes.
"Le démantèlement du monopole de la Russie prive celle-ci d'un instrument d'influence politique en Lituanie", a déclaré à l'AFP Marius Laurinavicius, analyste du Centre d'études est-européennes, un laboratoire d'idées à Vilnius.

Les trois pays baltes et la Finlande sont par ailleurs en pourparlers avec Bruxelles sur l'installation dans le golfe de Finlande d'un terminal gazier financé par l'Union européenne. Contrairement à la Pologne, la Slovaquie, la Hongrie et l'Autriche, les trois pays baltes n'ont pas constaté cet automne de réductions de livraisons de gaz russe.

La Russie avait coupé mi-juin son gaz à l'Ukraine, dans le contexte de la crise entre Kiev et Moscou.
Ce différend pourrait affecter les livraisons à l'UE, dépendant du gaz russe pour un quart de sa consommation, si Kiev décidait de prélever une partie du gaz transitant sur son territoire pour faire face à la pénurie. L'UE espère toutefois arracher à Kiev et Moscou un accord lors d'une réunion le 21 octobre à Bruxelles, pour éviter une coupure de gaz russe durant l'hiver.


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