Liban : une lueur d’espoir pour les militaires enlevés par al-Nosra

Plusieurs indications laissent croire à de légers progrès dans la recherche d'une solution à l'affaire des otages militaires détenus par les jihadistes dans le jurd de Ersal, mais le flou persiste au sujet des contacts entrepris dans les coulisses, que ce soit par le Premier ministre, Tammam Salam, à New York, ou par les parties officielles chargées de suivre l'affaire de près.

Devant l'Assemblée générale des Nations unies à New York où il se trouvait, M. Salam a assuré une fois de plus que le gouvernement ne renoncera pas au principe immuable de la libération des otages, tout en préservant le prestige de l'État et en assurant la sécurité de son territoire.

Les médias, quant à eux, font part depuis quelques jours d'un optimisme prudent, à la lumière des informations faisant état d'un possible dénouement dans les prochains jours.
C'est le député Jamal Jarrah, entre autres, qui a répercuté ce nouvel espoir, évoquant un « développement positif dans les prochaines 24 heures ».

(Lire aussi : Militaires otages : le mouvement de protestation n'est pas près de s'arrêter)

Certaines informations de presse avaient évoqué il y a quelques jours la possibilité de l'échange des otages détenus par le Front al-Nosra avec les personnes qui ont été arrêtées lors des derniers incidents qui se sont produits à Ersal. Une possibilité que le Conseil des ulémas a évoquée samedi dernier, précisant qu'al-Nosra accepterait l'échange des otages avec tous ceux qui ont été récemment arrêtés à Ersal. De même source on indique que le médiateur qatari, qui se trouve à Beyrouth depuis quelques jours, attend le feu vert pour reprendre les négociations. La source en question a toutefois précisé à l'agence al-Markaziya que le climat d'optimisme véhiculé il y a quelques jours était perceptible avant jeudi dernier, c'est-à-dire avant la série de perquisitions effectuées par l'armée à Ersal.

« Nous étions optimistes parce que les éléments armés n'avaient pas recouru à l'escalade ces derniers jours, souligne la source précitée. L'optimisme était également de mise à la lumière des propos du ministre de l'Intérieur, Nouhad Machnouk, qui avait évoqué la possibilité d'un échange, et des positions exprimées successivement par Walid Joumblatt (le chef du PSP) et Hassan Nasrallah (le chef du Hezbollah) qui étaient relativement positives. »

(Lire aussi : Machnouk propose de déplacer les camps de réfugiés de Ersal)

Et la source de poursuivre en apportant des nuances supplémentaires : « Toutefois, après les récents propos du député Jamal Jarrah et les informations qui ont filtré provenant de l'armée, faisant état de "comportements isolés que le commandement de l'armée n'avalise pas", nous espérons que l'affaire a été remise sur les rails. »
La source a malheureusement confirmé ce qui était déjà connu, à savoir que les ulémas ignorent à ce jour quelle est la position réelle de l'État islamique, qui détient pour sa part dix militaires.
« Tout ce que l'on sait, c'est que la priorité du Front al-Nosra est à l'échange (des otages) avec ceux qui ont été arrêtés lors des dernières batailles », conclut la source.

Nouvelle vidéo

Samedi, le Front al-Nosra avait diffusé une nouvelle vidéo intitulée : « Qui paiera le prix 2. » Dans cet enregistrement, le groupe islamique annonce qu'aucun des otages ne restera vivant si l'armée décide d'entreprendre une offensive militaire contre les jihadistes.
Le Front insiste par ailleurs sur la nécessité impérieuse de ne pas s'en prendre aux réfugiés syriens au Liban.

(Lire aussi : Le Liban ne doit pas être la prochaine victime de « l'État islamique »...)

Dans un autre passage de la bande vidéo, on voit l'un des otages, Ali Bazzal, montrant du doigt le plafond d'un bâtiment partiellement détruit par un obus. « Si le projectile était tombé 10 centimètres plus loin, aucun d'entre nous ne serait aujourd'hui vivant », dit-il. Et l'otage de réitérer son appel à sa famille, lui demandant de « ne laisser aucun axe routier ouvert au Liban » (...). « Tant que vous acceptez l'attitude du gouvernement libanais, aucun d'entre nous ne sortira d'ici », affirme-t-il.

L'injustice subie par les sunnites

Dans une autre partie du film, le Front al-Nosra évoque l'historique de « la souffrance et l'injustice » subies par la communauté sunnite au Liban et en Syrie, des suites de la « politique méthodique consistant à les affaiblir, à les marginaliser et à les éliminer, en jetant ses jeunes dans les oubliettes des prisons ». Et de souligner que le parti de l'Iran (comprendre le Hezbollah) « est le fer de lance de ce projet ».

(Pour mémoire : Et si la coalition bombardait l'État islamique à l'intérieur du territoire libanais ?)

Le Front accuse en outre le parti chiite d'œuvrer à saboter toutes les tentatives de médiation et de chercher à entraîner le Liban et son armée dans une guerre qui risque de changer la structure démographique du pays. Pour le Front, « la dernière invention du Hezbollah est le concept du "prestige de l'État" et le refus de négocier avec les terroristes ».
« Où réside donc ce prestige alors que l'État et le gouvernement ne peuvent prendre aucune décision qui ne leur ait pas été dictée par le Hezbollah », souligne le Front.

Par ailleurs, et suite aux informations rapportées par certains médias selon lesquelles le Hezbollah serait prêt à échanger les prisonniers du Front al-Nosra et de l'État islamique qu'il détient avec les otages libanais, le parti chiite a indiqué que ces informations ne sont pas « très précises ».


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