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Liban - Liban

Le retour de Hariri, un souffle d’optimisme

L'objectif immédiat du retour de l'ancien Premier ministre Saad Hariri est de veiller à la distribution et la répartition du don saoudien d'un milliard de dollars US à l'armée.

Première étape politique pour Saad Hariri, à son arrivée hier : les retrouvailles, chaleureuses, au Grand Sérail, avec le Premier ministre Tammam Salam. Photo Nasser Trabulsi

Libéré d'une longue attente, comme dépoussiéré, Beyt al-Wassat a repris vie hier. Le retour surprise à Beyrouth de l'ancien Premier ministre, Saad Hariri, après trois ans d'absence, a provoqué la liesse de ses sympathisants, autant qu'il a redonné un nouvel élan à la situation politique en général.
La mobilisation de tout le personnel de Beyt el-Wasat, la réactivation de la fontaine centrale, la saturation du parking, l'essoufflement du cafetier pour compenser « trois ans d'oisiveté », le sourire à peine contenu des visages croisés...

Cette vie qui reprend contrastait surtout avec le nuage de tristesse qui avait couvert la Maison du Centre depuis l'assassinat en décembre 2013 de Mohammad Chatah, ancien ministre et proche conseiller de Saad Hariri. C'est cette grisaille qui s'était d'ailleurs progressivement emparée du pays depuis le départ hâtif de l'ancien Premier ministre, en janvier 2011.

L'énergie recouvrée était accentuée par l'élément de surprise ayant accompagné le retour de Saad Hariri, « un retour définitif », mais qui était ignoré même de ses « plus proches collaborateurs ». C'est seulement lorsque le jet privé transportant Saad Hariri a décollé de Djeddah que le pilote, qui se dirigeait vers Paris, a été informé de la véritable destination : Beyrouth...

Son premier arrêt dès sa descente d'avion au petit matin dans la capitale a été la tombe de son père, dont il tente de perpétuer la politique d'ouverture, transcommunautaire et citoyenne. Son retour veut notamment revivifier le courant de la modération face au takfirisme et à toutes les formes d'extrémisme, comme il l'affirmera en soirée, lors de la réunion du Futur à son domicile.
« Le rôle du courant du Futur est de protéger la modération et d'empêcher l'élargissement du takfirisime. Je voudrais mettre l'accent sur le rôle du courant du Futur dans l'interdiction de toute tentative de semer la discorde, ou d'inciter au fanatisme. Le courant du Futur est celui de Rafic Hariri et de la modération, c'est notre rôle, et c'est le message de l'Arabie saoudite à travers son nouveau don à l'armée », devait-il souligner lors de la réunion en soirée.

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C'est au Grand Sérail que Saad Hariri se rendra d'abord dans la matinée, accueilli les bras ouverts par le Premier ministre Tammam Salam. Les journalistes ont même laissé échapper des cris de surprise. Quelques minutes auparavant, ils avaient repéré les gardes du corps de Saad Hariri et s'étaient interrogés sur leur présence mais sans s'y attarder. L'un d'eux, croyant avoir entendu le nom du leader du Futur, avait été prié de ne pas transmettre l'info à son média pour des raisons sécuritaires.

« Que Dieu protège tout le monde »
La première question que les journalistes poseront d'ailleurs à Saad Hariri, sur le seuil du Grand Sérail, est celle de savoir si son retour s'accompagne de garanties sur sa sécurité. « Que Dieu protège tout le monde », a-t-il répondu. Devant ses visiteurs qui lui ont pourtant posé la question avec insistance, il aurait affirmé n'avoir reçu aucune garantie sur sa sécurité. Mais le député Ahmad Fatfat, en réponse à L'OLJ, préfère ne pas donner de réponse sur un point « très personnel », selon lui, et s'abstient de commenter ce qui a été rapporté par les visiteurs de la Maison du Centre.

Quoi qu'il en soit, le programme de la journée d'hier n'était pas clair pour les journalistes. C'est ainsi par surprise que l'on apprenait que le leader du courant du Futur, à peine arrivé à Beyt al-Wassat, devait se rendre à nouveau au Grand Sérail pour prendre part à une réunion des hauts responsables sécuritaires, présidée par le Premier ministre Tammam Salam.

Chargé d'une mission...
La tenue de cette réunion, à quelques heures de son arrivée, s'aligne sur l'objectif direct de son retour : le soutien à l'armée, et, plus précisément, le suivi de la nouvelle aide saoudienne à l'armée, d'une valeur d'un milliard de dollars US, qu'il avait annoncée deux jours plus tôt à partir de Djeddah. Peu avant la réunion sécuritaire, le Premier ministre Salam avait d'ailleurs reçu un appel du roi d'Arabie, réaffirmant « son appui entier à la sécurité et la stabilité du Liban ». Les milieux du Sérail précisent à L'OLJ que « le président Saad Hariri a été chargé de la mission de veiller à la gestion et la répartition de la donation saoudienne, et cette réunion en est le premier pas ». « Il est trop tôt pour débattre des éventuels fournisseurs de ces armes », ajoutent ces milieux en réponse à une question. Mais le commandant en chef de l'armée, le général Jean Kahwagi, qui a répondu brièvement aux questions de la presse à sa sortie de la réunion, a précisé que « parmi les armes demandées, des avions militaires seront probablement livrés ».

Or des députés du bloc du Futur précisent à L'OLJ que « cette donation d'un milliard servira à équiper l'armée en munitions et armes ne nécessitant pas un entraînement préalable ». Les avions ne seraient pas inclus dans le deal. C'est ce qui différencierait d'ailleurs cette récente donation du don précédant de trois milliards de dollars US, au sujet duquel les négociations sont actuellement gelées. D'ailleurs, de sources concordantes présentes aux réunions à Beyt al-Wassat, l'on apprenait que rien n'a été mentionné sur le don des trois milliards ni sur les commissions suspectes qui en auraient entravé l'aboutissement immédiat.

Rien de concret d'ailleurs n'aurait été évoqué sur le dossier présidentiel, contrairement aux attentes de certains députés du Futur, qui avaient lié le retour de Saad Hariri à un consensus global sur les dossiers litigieux. Ce consensus devra encore attendre, semble-t-il, que mûrissent les initiatives internes, notamment celles du leader du PSP, Walid Joumblatt, qui a d'ailleurs contacté hier Saad Hariri pour le féliciter de son retour...

 

(Lire aussi: Le Futur, unanime, réclame l'élargissement du champ d'action de la 1701)

 

« Une large entente sur la présidentielle »
Dans son discours prononcé lors de sa réunion en début de soirée avec le bloc du Futur et les membres du bureau politique du courant du Futur, Saad Hariri a été clair sur ce point. « Plusieurs lient mon retour à l'élection d'un nouveau président de la République. En vérité, j'aurais souhaité que ce soit vrai, et que mon retour soit entamé par un passage au palais présidentiel pour un entretien avec le nouveau chef de l'État, ou encore au parlement pour l'élire. » « Ce que j'aimerais souligner à ce niveau est que l'élection d'un nouveau président relève de la responsabilité de tous. Dire que cette responsabilité relève de moi seul n'est pas vrai », a-t-il insisté, reprenant la teneur de ses précédentes positions sur son ouverture avec le leader du CPL, le général Michel Aoun. Ajoutant qu'il « est grand temps de mettre un terme au qu'en-dira-t-on sur ce sujet », il a appelé à « paver la voie à une large entente pour l'élection d'un chef de l'État, afin d'asseoir enfin une solidarité nationale capable d'affronter les défis ».

(Lire aussi: Raï espère que la rentrée du chef du Futur amorcera la fin de la crise politico-sociale)

« L'armée paie de son sang les torts du Hezbollah... »
Le principal défi est de garantir la stabilité du Liban. « L'Arabie saoudite a conscience de la gravité du danger que court la région, et surtout du fait que la protection du Liban relève également de la responsabilité arabe », a souligné Saad Hariri lors de la réunion. Au niveau intérieur, la réponse à ce danger est « le renforcement de l'État, de ses institutions, de l'armée, et surtout de la modération, censée nous protéger du terrorisme et de l'extrémisme ».

Ce discours s'applique également à l'approche adoptée par rapport au Hezbollah. « Former une milice n'est pas une option, ni le port d'armes face à ceux qui les portent. Notre choix est de soutenir les institutions et l'armée. Si le Hezbollah commet des erreurs à l'encontre du Liban, cela ne doit pas nous conduire à y répondre par des erreurs similaires, ni à recourir à des moyens qui nuisent à l'autorité de l'État », a souligné le leader du Futur, rappelant que « l'intervention du Hezbollah en Syrie n'a produit que du tort au Liban, notamment à la communauté chiite et aux rapports entre musulmans, sans compter qu'il a livré l'armée et les FSI aux agressions des groupes terroristes ». « Les jeunes de l'armée paient de leur sang l'insistance du Hezbollah à imposer un fait accompli que les Libanais n'ont pas accepté », a-t-il déclaré.

(Lire aussi: Ali espère que le retour de Hariri s'inscrira dans le cadre de la lutte antiterroriste)

 

Les députés du Futur, notamment Nabil de Freige, précisent à L'OLJ que c'est bien « le Futur qui a épargné à l'armée d'énormes pertes humaines en la sortant du piège qu'on lui a tendu ».

La réunion élargie du 14 Mars qui a suivi la réunion du Futur, toujours à Beyt al-Wassat, en présence du chef des Kataëb, Amine Gemayel, et du leader des Forces libanaises, Samir Geagea, a été l'occasion de rappeler l'attachement du 14 Mars à son engagement en faveur des institutions politiques, militaires et sécuritaires. « Le 14 Mars s'engage, devant l'opinion publique, à poursuivre sa lutte pour l'indépendance du Liban, sa souveraineté et son émancipation de toutes les formes d'armes illégales », selon le communiqué de la réunion. Le premier cheval de bataille sera, dans le cadre du soutien à l'armée, celui de convaincre le 8 Mars d'accepter l'élargissement de la mise en œuvre de la 1701 aux frontières avec la Syrie. « C'est notre lutte principale », souligne Ahmad Fatfat, mais sans grand espoir dans l'immédiat. « Le retour de cheikh Saad n'annonce pas un grand changement, mais, plutôt, un nouvel optimisme », conclut-il.

 

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Libéré d'une longue attente, comme dépoussiéré, Beyt al-Wassat a repris vie hier. Le retour surprise à Beyrouth de l'ancien Premier ministre, Saad Hariri, après trois ans d'absence, a provoqué la liesse de ses sympathisants, autant qu'il a redonné un nouvel élan à la situation politique en général.La mobilisation de tout le personnel de Beyt el-Wasat, la réactivation de la fontaine...

commentaires (4)

LA LOGIQUE TOUT COURT DEVRAIT LUI TRACER LE CHEMIN À SUIVRE POUR LE SAUVETAGE DE LA PATRIE !

LA LIBRE EXPRESSION

17 h 28, le 10 août 2014

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Commentaires (4)

  • LA LOGIQUE TOUT COURT DEVRAIT LUI TRACER LE CHEMIN À SUIVRE POUR LE SAUVETAGE DE LA PATRIE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    17 h 28, le 10 août 2014

  • MILLE FOIS JAMAIS LE GOUVERNEMENT FRANÇAIS " SIONISTE" LIVRERA DES ARMES SOPHISTIQUÉES À L'ARMÉE LIBANAISE. IL SE DÉBARRASSE DES VIEUX TRUCS POUR LES COMBATS DE RUE POUR QUE LES GENS S'ENTRETUENT ÇA OUI. MAIS DES ARMES POUR CONTRER ISRAEL, LÀ IL FAUT PAS RÊVER. EN PLUS AVEC UN MILLIARD DE $ TU PEUX PAS ACHETER GRAND CHOSE.

    Gebran Eid

    09 h 45, le 09 août 2014

  • Le retour de Saad Hariri ,don saoudien d'un milliard de dollars US à l'armée, et qui sait un président de la république surprise , pour un package dans un Liban pays des surprises .

    Sabbagha Antoine

    08 h 54, le 09 août 2014

  • Hariri de retour ? Vite, vite un nouveau "one way ticket" pour ce monsieur. Il doit y avoir une erreur ! La dictature frérote et le Hezbollah -ainsi que leurs petites annexes- n'ont-ils pas toujours préféré, même par des assassinats, que surgissent les Chaker el-Absi, les Ahmad el-Assir, les Nosra, et même les Daech un certain temps, en face de ce qu'on appelle le "néfaste sunnisme modéré" ?

    Halim Abou Chacra

    07 h 02, le 09 août 2014

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