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Économie - Immobilier

Liban : « Dream » ou le temps d’un rêve, pour rompre avec le cauchemar ambiant

Le Salon immobilier « Dream » a été inauguré hier en grande pompe au BIEL. Sur 6 000 m2, 55 sociétés du secteur de la construction tenteront de faire fructifier les affaires et faire valoir leurs projets au cours des prochains jours*, dans un contexte marqué par un regain d'instabilité sur la scène locale. Entretien avec Nabil Baz, PDG de Promofair qui organise l'événement.

Du côté des exposants, la participation au Salon constitue une occasion pour nouer de nouveaux contacts avec d’autres acteurs du secteur, mais surtout de faire valoir leurs projets auprès de clients potentiels.

Contre vents et marrées. Alors qu'un attentat a eu lieu dans la banlieue sud de Beyrouth dans la nuit de lundi à mardi, et que le pays semble renouer avec la vague d'opérations-kamikaze, qui avait pourtant connu un répit à partir du mois de février, l'édition 2014 du Salon immobilier « Dream » a ouvert hier ses portes au BIEL, symbolisant par excellence l'évolution à deux vitesses que connaît le pays depuis un certain temps, et cette fracture, de plus en plus nette entre les pro-vie et ceux qui œuvrent pour que le Liban demeure ad infinitum otage des conflits et des intérêts régionaux.
L'inauguration de cet événement, organisé par la société Promofair, en collaboration avec les associations REDAL (Real Estate Developers Association Lebanon) et REAL (Real Estate Association of Lebanon) ainsi que la Chambre de commerce de Beyrouth, a eu lieu en l'absence d'officiels de haut rang, notamment du Premier ministre – comme cela fut le cas durant les éditions précédentes – pour des raisons protocolaires liées au vide présidentiel. Seul le ministre des Finances, Ali Hassan Khalil, était présent pour marquer l'appui symbolique de l'État à ce genre d'initiatives.

 

(Lire aussi : Le secteur immobilier tente de résister, malgré les nombreux aléas)

 

La 5e édition depuis 2006
Le Salon « Dream » a été lancé la première fois en 2006, alors que le pays venait de connaître l'une des guerres les plus destructives entre Israël et le Hezbollah. « L'événement avait alors été suspendu durant les trois années suivantes, jusqu'en 2010, où nous avons repris le décompte à zéro, encouragés par une normalisation relative de la situation sur le plan local », se rappelle Nabil Baz, PDG de Promofair. « En 2011, le conflit en Syrie a débuté mais les répercussions sur le Liban étaient encore limitées, avant que celles-ci ne s'accentuent l'année suivante. Durant ces deux années, nous avions tout de même décidé d'organiser le Salon, qu'on considère comme essentiel pour le secteur immobilier. En 2013, nous avions dû toutefois suspendre de nouveau l'événement pour les raisons sécuritaires que nous connaissons tous », ajoute-t-il.
Si le Salon a lieu cette année, l'insécurité rampante a eu raison de sa dimension internationale. « En 2006, près de la moitié des exposants venaient de l'étranger. Aujourd'hui, nous avons seulement deux exposants turcs sur les 55 participants prévus pour cette édition », avoue Nabil Baz.
Le directeur de Promofair se félicite toutefois de la croissance du nombre d'exposants cette année ainsi que de la surface sur laquelle le Salon a été érigé. Celle-ci s'élève désormais à 6 000 m2. « Il s'agit en moyenne d'une hausse de 20 % par rapport à la dernière édition, en 2012, qu'il s'agisse de la surface ou des participants », précise-t-il. Parmi les exposants figurent, en outre, de grands noms, tels que Sayfco, Har Properties, Prime Consult, Plus Properties, Waterfront City et Sodeco Gestion, etc.
Quant au nombre de visiteurs, il devrait atteindre « 25 000, contre près de 15 000 il y a deux ans », ajoute Nabil Baz. « Les Libanais sont attirés par les expositions, en général, et par le secteur immobilier, en particulier. Ce ne sont pas les explosions de Dahr el-Baïdar ou de Tayyouneh qui vont les empêcher de se rendre au Salon, notamment ceux qui cherchent à acquérir un nouvel appartement », assure-t-il. « L'immobilier reste une valeur sûre. Les prix des biens-fonds n'ont jamais reculé de manière drastique, même aux pires moments de la guerre », ajoute le PDG de Promofair.

 

Une campagne de promotion agressive
Pour relever le défi, dans un contexte aussi précaire, il fallait néanmoins mettre les bouchées doubles, surtout en termes de promotion.
Conscients de l'enjeu, les organisateurs du Salon n'ont pas lésiné sur les moyens, encore moins sur les supports. Radio, télé, panneaux publicitaires, réseaux sociaux, ils ont mis tout le paquet, ignorant leurs marges de profit, selon Nabil Baz. « Nous avons même ajouté des spots publicitaires au lendemain de l'attentat de Dahr el-Baïdar. Notre objectif est d'investir dans l'avenir et de faire de ce Salon un événement pérenne, même si, sur le court terme, cet investissement risque de ne pas être rentable », souligne-t-il. Dans le cadre de la campagne, une émission spéciale sur la chaîne LBCI, dans le cadre de l'émission politique Kalam el-Nass est également prévue jeudi soir.
Adressée aux résidents et aux expatriés libanais, « pour les inviter à investir dans leur pays », la campagne a également ciblé les Arabes du Golfe, autrefois clients privilégiés du secteur immobilier local. Ces derniers ont déserté le marché libanais après l'interdiction de plusieurs pays à leurs ressortissants de visiter le Liban, à l'ombre du conflit syrien. « Nous sommes conscients qu'ils ne se rendront pas en masse, mais c'est notre moyen de garder un lien avec cette clientèle et d'attirer quelques-uns d'entre eux, à la veille de ramadan », souligne Nabil Baz.

 

(Pour mémoire : Offrez-vous une résidence à 20 000 dollars le mètre carré... à Beyrouth)

 

« Pas tous les prix sont inabordables »
Mais ce Salon est aussi celui des individus et des ménages vivant au Liban et ayant des difficultés à acquérir un appartement, tient à assurer le PDG de Promofair. Les prix de l'immobilier ayant flambé au cours des dernières années, avant de se stabiliser, voire légèrement reculer, depuis le début du conflit syrien, l'achat d'un appartement est devenu un réel problème pour de nombreux résidents, notamment les jeunes parmi eux. « C'est un Salon pour tous. Certains pensent que cet événement s'adresse uniquement aux investisseurs fortunés. Des individus ont posté des commentaires sur notre page Facebook, dans lesquels ils s'interrogent quant à l'utilité de visiter le Salon », raconte Nabil Baz. « Selon eux, les jeunes ont à peine de quoi se nourrir et émigrent, faute de pouvoir se loger. Cela est peut-être vrai, mais ce Salon est justement l'occasion pour ces jeunes-là de satisfaire leur requête », ajoute-t-il.
Si les prix dans certains quartiers de la capitale sont inaccessibles pour une grande majorité des résidents, de nombreux projets de qualité et abordables sont aujourd'hui en cours de construction dans la banlieue proche de Beyrouth, assure à cet égard Nabil Baz. « Il existe de nouveaux projets à Antélias, à Jal el-Dib et ailleurs dans les environs de la capitale qui proposent des produits à des prix raisonnables. Nous ne pouvons pas prétendre que les prix sont partout inabordables. » « L'acquisition d'un nouvel appartement est en outre facilitée par les conditions favorables des prêts accordés par les banques », poursuit-t-il (lire par ailleurs).

 

« 70 % des exposants reviennent »
Du côté des exposants, la participation au Salon constitue une occasion pour nouer de nouveaux contacts avec d'autres acteurs du secteur, mais surtout de faire valoir leurs projets auprès de clients potentiels. « Dream n'est pas une plate-forme de vente directe, mais il permet aux constructeurs et aux promoteurs de commercialiser leurs produits et d'établir une base de contacts pour des ventes à l'avenir. Durant les éditions précédentes, certains participants ont réussi à conclure sept mois plus tard des contrats avec des clients qu'ils avaient rencontrés au Salon », souligne Nabil Baz. Preuve de résultats concluants, « 70 % des exposants reviennent d'année en année », ajoute le PDG de Promofair. Pour participer au Salon, les compagnies louent des espaces, dont la surface varie entre un minimum de 15 m2 et 250 m2 pour les plus grands. « Cette année, nous avons fixé à moins de 200 dollars le tarif de location du mètre carré. Cela revient à moins de 3 000 dollars pour l'espace le plus petit », précise Nabil Baz.
Outre les vendeurs et les acheteurs, le Salon est enfin adressé à tous les citoyens, étudiants, chercheurs et experts, désireux de savoir davantage sur le secteur de l'immobilier. Deux conférences seront en effet organisées à cette occasion, l'une sur le thème des plus-values immobilières et des impôts dans le secteur immobilier, l'autre sur le poids du secteur dans l'économie, la décentralisation et les nouvelles tendances du marché.

* Le Salon est ouvert tous les jours du 24 au 27 juin, entre 15h et 21h.

 

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