La campagne électorale pour la présidentielle du 3 juin, que Bachar el-Assad devrait remporter sans surprise, a débuté hier en Syrie. Le scrutin, d'ores et déjà dénoncé comme une « farce » par l'opposition et ses alliés, se déroulera uniquement dans les territoires contrôlés par le régime.
Il s'agit théoriquement de la première élection présidentielle depuis plus de 50 ans, M. Assad et son père Hafez, qui a dirigé le pays d'une main de fer de 1970 à 2000, ayant été nommés à l'issue de référendums. Bachar el-Assad y affrontera Maher al-Hajjar, un député indépendant longtemps membre du Parti communiste, et Hassan al-Nouri, un homme d'affaires qui a été membre d'une formation de l'opposition tolérée. La présidence a appelé dans un communiqué les Syriens à « exprimer leur opinion pour n'importe lequel des candidats en toute transparence et liberté en déposant leur bulletin dans l'urne le jour du vote ». Le texte appelle également à respecter le calendrier de la campagne, louant un processus électoral « civilisé » et « pluraliste ».
Le président Assad a placé sa campagne sous le slogan « ensemble », et a lancé une page Facebook qui a déjà plus de 65 000 fans, un compte Twitter avec près de 1 000 followers et un compte Instagram. Dans le centre-ville de Damas, sous contrôle du régime, des dizaines de pancartes, affiches et énormes banderoles représentant le drapeau national, portant le slogan « ensemble », et signées de M. Assad, sont apparues. Les photos du président sont omniprésentes. Mayada, une mère de famille de 55 ans, qui habite le quartier populaire de Baramké, assure : « Il faut que les autres comprennent qu'il s'agit de notre pays et que c'est notre président. Nous ne voulons pas d'autre que lui. Ceux qui sont à l'étranger sont à l'origine de notre problème. »
Dans le même quartier, une pancarte de Maher al-Hajjar demande : « La souveraineté pour le peuple qui doit trancher. La Syrie est pour celui qui veut la reconstruire. » Par ailleurs, plusieurs pancartes du candidat Hassan al-Nouri sont apparues dans la capitale, appelant à « la lutte contre la corruption », au « multipartisme économique » et au « retour de la classe moyenne ».
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Alep privée d'eau
Le début de la campagne survient au lendemain d'une importante victoire du régime sur le terrain, avec la reprise de la majeure partie de Homs, troisième ville du pays et fer de lance de la rébellion armée après le début de la révolte populaire déclenchée contre le régime en mars 2011. L'armée, qui contrôlait déjà 80 % de la ville, a pu entrer vendredi dans l'ex-bastion rebelle. Les insurgés ne contrôlent plus que le quartier de Waer et des négociations pour leur retrait sont en cours.
Des milliers de civils sont retournés samedi dans les ruines de la Vieille Ville et continuaient d'y affluer hier, selon les médias syriens, tentant de sauver le peu qui reste de leurs maisons détruites par deux années de combats féroces. Hier également, à l'église de la Ceinture de la Vierge, dans la Vieille Ville, les fidèles se sont rassemblés dans le cadre d'une messe pour le « retour de la sécurité à Homs », selon la télévision d'État.
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Parallèlement à Alep, l'eau est coupée depuis une semaine, le Front al-Nosra ayant stoppé la principale station de pompage de la ville, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme. L'intention est de priver d'eau les quartiers prorégime, mais les coupures affectent également les quartiers rebelles. Un habitant d'Alep, Dr Nabil Antaki, a publié à cet effet une lettre ouverte adressée aux dirigeants occidentaux : « L'été dernier, Alep a subi un blocus complet (...) et personne n'a rien dit. Le mois dernier, Alep a subi une coupure d'électricité (...) et personne n'a protesté. Et maintenant, ils ont coupé l'eau (...) et vous vous taisez ! Ceux qui savent et qui ne protestent pas se rendent complices (...). Pour beaucoup moins que ça, vous avez manifesté (...) réclamé des sanctions (...) haussé la voix (...) menacé de poursuites devant le Tribunal pénal international (...). Votre attitude est une honte. Vous devriez être poursuivis pour crimes de guerre et contre l'humanité pour complicité passive. »
Par ailleurs, l'armée de l'air jordanienne a détruit samedi deux véhicules qui tentaient de pénétrer le territoire du royaume hachémite depuis la Syrie avec « une grande quantité de produits de contrebande », a rapporté hier le quotidien al-Raï. Et enfin, l'armée israélienne a déclaré hier zone militaire fermée une partie du plateau du Golan, occupé par l'État hébreu, craignant que les combats se déroulant du côté syrien de la frontière ne débordent sur son territoire. La zone concernée est celle du point de passage de Qouneitra.
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Le Docteur Nabil Antaki parle vrai ! les occicons qui ont fait des pieds et des mains pour desserrer l'etau a Homs sur leurs agents secrets dans la ville liberee , se taisent quand leur protégé de alqaida coupe l'eau a toute la ville ( une betise de plus ) en croyant priver les legitimes a Alep ! Avec la destruction des voitures (terroristes ) venant de Syrie vers la jordanie et la fermeture de la frontier sur le Golan occupe par l'etat de l'usurpation , on sent comme une panique de boomerang s'abattre sur les comploteurs . Les forces des resistance n'ont jamais ete aussi fortes depuis 3 ans et 3 mois !Il y a un vainqueur et un vaincu .
10 h 51, le 12 mai 2014