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Liban - Présidentielle

Le Parlement libanais attend le retour des « fantômes »

La séance électorale a été renvoyée pour la troisième fois au 15 mai, à défaut de quorum.

L’entrée de l’hémicycle hier dans la matinée. Photo Sami Ayad

Le schéma de la semaine dernière s'est répété hier au Parlement. Pour la deuxième semaine consécutive, la séance électorale ne s'est pas tenue, faute de quorum. Les députés du 14 Mars, du Front de lutte nationale de Walid Joumblatt et de la Libération et du développement de Nabih Berry ont afflué calmement à la place de l'Étoile. Les propos exprimés sur les marches de l'hémicycle ont fluctué entre l'indignation de ceux qui « peinent à assimiler l'acheminement vers le vide présidentiel », ou l'attente résignée des députés centristes, estimant que « toutes les parties ont compris la nécessité d'un consensus pour la présidence ».
Si les 73 députés présents hier ont réaffirmé, en se rendant à la Chambre, l'importance d'honorer l'échéance, la réédition d'un scénario prévu à l'avance a donné l'impression d'un exercice démocratique que l'on continue d'entretenir pour la forme, presque en le simulant.


C'est sur cette lassitude que parieraient les parties hostiles à la candidature du leader des Forces libanaises, Samir Geagea, appuyé par le 14 Mars. Mais les députés du 14 Mars ont veillé à démentir cette impression. « Notre souffle est très long », a affirmé le député Ammar Houry, du courant du Futur, précisant toutefois que le seul moyen de faire changer la donne avant le 25 mai serait « l'entente des parties chrétiennes elles-mêmes sur un nouveau président de la République ». C'est d'ailleurs dans cette perspective que « nous soutenons la rencontre entre le leader des Kataëb, Amine Gemayel, et le chef du Courant patriotique libre, le général Michel Aoun », a ajouté pour sa part Ahmad Fatfat à L'Orient-Le Jour.

 

(Lire aussi : Geagea dénonce l'équation « un président du 8 Mars ou le vide »)


Dans les couloirs du Parlement, le député Alain Aoun, multipliant ses va-et-vient dans le cadre de la réunion de la commission des Finances, hier matin, a lancé, en riant, au député Kazem Kheir (courant du Futur) qui l'interrogeait sur l'entretien Gemayel-Aoun : « Nous avons rassuré le président Gemayel sur ce qui adviendrait s'il nous soutenait. » Les députés Kataëb se sont en tout cas abstenus de toute déclaration, Samy Gemayel se contentant de saluer un à un les journalistes présents, avant de se retirer.


« Rien n'a changé » en somme (expression récurrente) depuis mercredi dernier, sauf, peut-être, l'insertion au sein du débat d'une idée qui a ôté à l'échéance la pression censée l'accompagner : si un président de la République n'est pas élu avant le 25 mai, ce n'est pas le vide qui sera instauré, seulement une « vacance » (selon le terme employé dans le texte de l'article 62 de la Constitution qui prévoit de mandater le gouvernement des compétences présidentielles en cas de vacance). Ce point de vue, soulevé par le chef du Front de lutte nationale, Walid Joumblatt, est endossé par le ministre Ali Hassan Khalil. Celui-ci a relevé, en réponse à L'Orient-Le Jour, qu'il « existe actuellement un cabinet parfait en terme de représentation et qui ne fait l'objet d'aucun litige ».


Mais le député Nadim Gemayel a dénoncé à L'Orient-Le Jour « la formation d'un gouvernement d'entente nationale dans le but de saboter la présidentielle ». Cette corrélation serait indiscutable, motivant d'ailleurs dès le départ l'opposition du jeune député à la formation du cabinet Salam. « Celle-ci aurait dû être précédée d'une entente sur la présidentielle », a ajouté Nadim Gemayel.

 

(Lire aussi : Sleiman critique le boycottage des réunions électorales du Parlement)


Non seulement la banalisation du sabotage de l'échéance pointe du nez d'ores et déjà, mais le chemin vers le vide paraît, lui aussi, se préciser. Ainsi, le président de la Chambre, Nabih Berry, ayant fixé la prochaine séance électorale au jeudi 15 mai, aurait anticipé la période des dix derniers jours du mandat présidentiel, lorsque le collège électoral se réunit de plein droit « s'il n'est pas convoqué par le président de la Chambre ». Or, en « exerçant son droit de convoquer à la séance électorale », le président Berry préviendrait la réémergence de la polémique sur le quorum, bloquant à l'avance la possibilité d'invoquer le quorum de la majorité absolue. La convocation devrait ainsi justifier le maintien de l'exigence du quorum des deux tiers.
Force est de relever que cette exigence n'est contestée pour l'instant que par les Forces libanaises et certains députés du 14 Mars. Les députés du Futur continuent d'adhérer à l'interprétation favorable au quorum des deux tiers à chaque séance électorale, quand bien même elle est contestable. Si les mises en garde contre le vide ont fusé hier, très peu semblent relayées par des démarches concrètes contre ce risque.

 

(Repère :Qui, quand, comment... Le manuel de l'élection présidentielle libanaise)


L'on retiendra toutefois certaines déclarations, hier, qui sortent du lot, notamment celle du député des Forces libanaises, Élie Keyrouz, qui a évoqué, à partir de la petite histoire libanaise, un précédent reflétant ce que devrait être une action mue par la volonté authentique d'élire un président de la République. « Le président de la Chambre Sabri Hamadé avait prévu, pour garantir la tenue de l'élection présidentielle en 1970, de procéder après le premier tour à l'élection à la majorité simple du nombre de députés constituant la Chambre. »
Cette volonté paraît attendre aujourd'hui le consensus préconisé par les députés aounistes au détriment de la bataille électorale. En plaçant un tel consensus comme condition préalable au vote – comme le laissent transparaître leurs déclarations hier –, ils accordent à ce consensus une valeur supérieure à l'exercice démocratique, confirmée d'ailleurs par l'attachement au quorum des deux tiers.

 

(Voir : Qu'attendez-vous du prochain président? Les Libanais répondent)


Quoi qu'il en soit, les députés du Futur, notamment Ahmad Fatfat, continuaient d'écarter catégoriquement toute possibilité d'un appui de leur bloc à la candidature, non encore déclarée, du leader du CPL. Quant au député et leader du Parti national libéral, Dory Chamoun, il a contesté pour sa part la qualité consensuelle de Michel Aoun, « qui reste une partie indissociable du projet du 8 Mars ».

 

(Lire aussi : Prérogatives du président de la République dans l'après-Taëf : là où le bât blesse...)


C'est contre ce projet, servi par « la candidature fantôme » du chef du CPL, que la députée Sethrida Geagea a mis en garde. Cette expression a d'ailleurs été utilisée par le député Marwan Hamadé, évoquant « une mascarade ». « Nous avons affaire à des fantômes, des députés invisibles », a-t-il déclaré.
En attendant, une séance législative doit se tenir le 14 mai pour le vote du projet relatif à l'échelle des salaires, qui aura meublé les entretiens successifs du président de la Chambre avec les députés Walid Joumblatt et Georges Adwan, le vice-président du Conseil Samir Mokbel, le Premier ministre Tammam Salam et le ministre de l'Intérieur, Nouhad Machnouk, le chef du bloc du Futur, Fouad Siniora, et l'ancien Premier ministre, Nagib Mikati.

 

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Le schéma de la semaine dernière s'est répété hier au Parlement. Pour la deuxième semaine consécutive, la séance électorale ne s'est pas tenue, faute de quorum. Les députés du 14 Mars, du Front de lutte nationale de Walid Joumblatt et de la Libération et du développement de Nabih Berry ont afflué calmement à la place de l'Étoile. Les propos exprimés sur les marches de...

commentaires (4)

Encore une fois nos chers députés et toutes tendances confondues ont prouvé qu 'il y a quelque chose de pourri dans le royaume du parlement .

Sabbagha Antoine

12 h 12, le 08 mai 2014

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Commentaires (4)

  • Encore une fois nos chers députés et toutes tendances confondues ont prouvé qu 'il y a quelque chose de pourri dans le royaume du parlement .

    Sabbagha Antoine

    12 h 12, le 08 mai 2014

  • CEUX QUI BOYCOTTENT LES RÉUNIONS POUR FAIRE DÉFAUT DE QUORUM ET FAIRE ÉCHOUER L'ÉLECTION DÉMOCRATIQUE DU NOUVEAU PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE... QUI QU'ILS SOIENT... SONT DES "CRIMINELS" DES "TRAÏTRES" DES "ACHETÉS ET VENDUS"...

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 04, le 08 mai 2014

  • Indépendant du Mandat franc since 43, ce Grand-Liban arraché en l'an 05 et depuis à l’orbite de sœur-syrie aussi, n’a jamais été depuis et n’est toujours pas souverain. "Notre force, murmurait-on dans les salons et les dîners en ville, est dans notre faiblesse." ! Voilà un "privilèèège" dont mieux vaut ne pas abuser ! Comment, à ce stade, épargner cet autre cliché du même acabit : "Le Liban, Suisse du Proche-Orient." ? Yîîîh ! Fâcheux présage, que cette "Helvétie" de forêts cédraies. Et l’on peut à l’aise appliquer à cet émirat de pins maritimes ; au meilleur des cas ; l’adage du Winston-Spencer : "Il produit + d’Histoire qu’il n’en peut digérer." ! Orthodoxes, maronites, catholiques, arméniens, protestants, jacobites ufffft ; chaldéens, syriaques, nestoriens, chïïtes, kurdes, sunnites, druzes, noussaïyrîs-äalaouïtes, ismaëéliens : finalement, khâïï, ce Grand-Libannn avec ces 17 ou 18 sectarisés à statuts personnels et "tribunaux?!" religieux privatisés, s’apparente moins à la triste mosaïque si souvent magnifiée qu’à un parfait puzzle tarabiscoté ou à un Tabrîz Per(s)cé, dont Nul ne sait plus rapiécer ses morceaux en lambeaux pour ne pas risquer plus de le perforer ! Ni rapiécer ses fils si mal tricotés, qu’on dirait une bête natte de paille de bérghol ou de riz traficotée. Rien à cirer !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    09 h 24, le 08 mai 2014

  • JOUMBLATT NOUS A AMENÉ EN SURPRISE LE HEZBOLLAH AU GOUVERNEMENT. AUJOURD'HUI C'EST UNE OCCASION EN OR QUI SE PRÉSENTE POUR LUI POUR CORRIGER LE TIR. IL L'A PAS FAIT. C'EST À VOUS DE JUGER LE RÔLE DE CET INDIVIDU MYSTÈRE.

    Gebran Eid

    03 h 39, le 08 mai 2014

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