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À La Une - Initiative

Syri-Arts Beirut, l’indispensable mariage du beau et du bon

Un urgent exemple de solidarité et de fraternité pour venir en aide aux enfants syriens réfugiés au Liban.

Mixed Media de Khosrow Hassanzadeh.

Époustouflants sont ces collectifs d’artistes et de galeristes qui ont répondu spontanément et en toute confiance à l’appel de l’association Syri-Arts Beirut pour une exposition-vente aux enchères au profit des enfants syriens, victimes de la guerre civile, réfugiés au Liban. Cent quarante-cinq artistes du Liban, du Proche-Orient, d’Afrique du Nord, d’Iran, d’Europe et des États-Unis ont offert leurs œuvres qui seront exposées au BEC du 30 octobre au 10 novembre.
Il y a la mathématique: l’impossibilité de faire face à toute cette misère, ces enfants venus de Syrie en haillons, affamés, assoiffés et sans abri à la veille de l’hiver. D’autant que les budgets des organisations onusiennes sont infiniment inférieurs (et le chef de l’État Michel Sleiman n’a de cesse de le rappeler...) à cette urgence. Et puis il y a la morale: comment rester passif, simple spectateur, les bras croisés, comme si de rien n’était?


Parce que, qu’il soit noir ou blanc, libanais, syrien, palestinien, congolais, péruvien ou vietnamien, un enfant est un enfant. Un enfant est toute innocence. Il a droit à la vie et à un minimum de dignité et d’attention. Il mérite que l’on se bouge pour lui. Et malgré cela, malgré ce bon sens basique, des gens ont hurlé au scandale, allant même jusqu’à accuser Syri-Arts Beirut d’enlever le pain de la bouche des enfants libanais dans le besoin.


Syri-Arts n’a absolument pas pour objectif de détourner les bourses de soutien au profit des « étrangers ». La vente aux enchères est lancée en ligne pour permettre d’abord aux riches Syriens du Liban et de la diaspora, et aux Arabes étiquetés «or noir», mais aussi à tous les autres qui le souhaitent d’aérer leurs portefeuilles pour venir en aide à quelque 500000 enfants qui vivent dans des conditions inacceptables. Surtout qu’en achetant ces œuvres, c’est le Liban qu’ils aident avant tout.

 


Huile de Oumam el-Sayed.

 


Pur art
 Et puis les amateurs, quelle que soit leur nationalité, sont déjà ravis: le professionnalisme de cette initiative n’a rien à envier à tout ce qui se passe dans le monde de l’art aux quatre coins du globe.
Concrètement, c’est à l’instar de l’expo-vente «Syri-Arts: 101 œuvres pour la Syrie», qui s’est tenue à l’Institut du monde arabe à Paris en janvier dernier, qu’est née à Beyrouth une opération similaire, Syri-Arts Beirut, créée à l’initiative de Nora Joumblatt, avec la collaboration du ministère des Affaires sociales. L’exposition organisée sous la houlette de Kathy Battista, directrice de Sotheby’s Institute of Art, se déroulera au Beirut Exhibition Center (BEC) du 30 octobre au 10 novembre. La vente aux enchères en ligne a été lancée par Paddle 8 sur paddle8.com/auctions/syriarts depuis le lundi 21 octobre. Elle sera suivie d’une vente aux enchères en direct du BEC le 8 novembre à 18 heures.
Environ 160 œuvres, accompagnées de leur fiche descriptive et technique, sont également exposées sur le site
www.syri-arts.com, conçu par Raya Maamarbachi Malhamé. La totalité des sommes recueillies seront versées à l’Unicef, Save the Children International et Action Against Hunger. Les œuvres non vendues seront retournées aux galeries et artistes qui les ont offertes gracieusement.

 

 


Une œuvre de Flavia Codsi.


Hypermobilisation
Il faut dire que Syri-Arts a bénéficié d’un afflux de dons sans précédent. Les galeries et les artistes ont répondu massivement à l’appel lancé. Peintures, sculptures, gravures et photographies ont afflué de partout. De Beyrouth, de New York, d’Italie, de France, de Grande-Bretagne, de Bahreïn, d’Arabie saoudite, de Dubaï, d’Égypte, d’Irak, d’Iran, du Maroc, de Tunisie, de Palestine et, évidemment, de Syrie. Une immense chaîne de solidarité et un beau message de
fraternité.


Motivées par la cause, les galeries Janine Rubeiz, Agial, Mark Hachem, Sfeir Semler, Ayyam et Art on 56th à Beyrouth, Rose Issa Projects à Londres, CRG New York et Max Hetzler Berlin ont toutes réagi à l’unisson, dans un bel élan. C’est par leur intermédiaire que les cimaises s’offrent des œuvres signées Jamil Molaeb, Laure Ghorayeb, Hannibal Srouji, Ghassan Ghazal, Rim el-Jundi, Rania Matar, Zad Moultaka. Mais aussi des toiles de Sabhan Adam, Ayman Baalbaki, Saïd Baalbaki, Chaza Charafeddine, Oummam el-Sayed et Mona Trad Dabaji.


À proximité, figurent Akram Zaatari, Mounira el-Solh, Rayyan Tabet, Nadim Karam, le chantre du pop art marocain Hassan Hajjaj, la révélation du festival Photomed 2012, Cairote basée à Londres, Nermine Hammam, l’Égyptien Chant Avédissian, l’Iranien Khosrow Hassanzadeh, le Britannique Graham Day dont les œuvres trônent au British Museum, Victoria and Albert Museum, la Bibliothèque nationale, Paris, The Museum of Modern Art, New York, World Bank, Washington DC; l’Allemande Susan Hefuna (Le Louvre, Paris, MoMa, New York, LACMA, Los Angeles, Chicago Art Institute, Centre Pompidou...), le Turc Ysit Yasici, la célèbre Palestinienne Mona Hatoum et d’autres encore qui, dans une production foisonnante et inventive, rapportent mille souvenirs, mille images, mille contes, bouleversant le quotidien avec des rêves, de la nostalgie ou des cauchemars...
Le printemps arabe, les guerres et leur cortège d’exil sont là. Omniprésents. L’espoir aussi.

 

 


Le bronze de Mahi Binebine.


... et une affiche exceptionnelle
Parallèlement , c’est à travers les contacts directs des membres de l’association Syri-Arts Beirut et de leurs relations que d’autres artistes ont répondu généreusement à l’appel lancé. La collecte a permis de réunir une importante collection d’art : deux œuvres peintes sur peau du célèbre Farid Belkahia, un des artistes historiques de la modernité marocaine; une sculpture de Mahi Binebine dont les œuvres s’affichent dans le prestigieux Guggenheim à New York; une calligraphie du grand artiste tunisien Nja Mahdaoui (ses tableaux ornent musées et lieux publics du monde entier); une
Marionnette de Marwan Kassab Bachi, pareille à celles qui font partie de la collection du British Museum, de la Bibliothèque nationale de France et du Carnegie Museum of Art; une palette jubilatoire de la Palestinienne Samia Halaby, installée à New York où ses gravures s’exposent au musée Guggenheim ; une peinture de Maliheh Afnan (The Metropolitan Museum, New York ; The British Museum, London, et l’Institut du monde arabe, Paris) ; et la Tunisienne Emna Zghal, dont les créations font partie de la collection de New York Public Library, de Yale University, du Museum for African Art à New York et Schomburg Center.

 


L'affiche de l'expo.


Il y a aussi Giorgio Vigna (nombre de ses œuvres ont intégré the Museum of Arts & Design, New York ; le Palazzo Pitti, Florence ; le musée Barbier-Mueller, Genève, etc); les Irakiens Diaa Azzaoui et Asaad Arabi, qui sévit sur les cimaises du Barcelona Contemporary Museum of Art et LACMA, Los Angeles; Leila Kubba Kawash, dont les œuvres appartiennent à des grandes collections privées, inclus le British Museum, l’International Monetary Fund, la Jordan National Gallery, Abu Dhabi Cultural Center et la Bank Audi à Beyrouth; Mounir Fatmi qui a participé à plusieurs expositions collectives au Centre Georges Pompidou, Paris, Brooklyn Museum, New York, Museum Kunst Palast, Düsseldorf, et Mori Art Museum, Tokyo ; et une foule de Syriens, dont le fameux Youssef Abdelki, Boutros al-Maari, Saad Yagan et le célèbre caricaturiste Ali Ferzat....
Les grands Libanais ne sont pas absents de la scène : des œuvres de Nabil Nahas, Hussein Madi, Chaouki Chamoun, Mohammad el-Rawass, Amine el-Bacha, Alfred Tarazi, Hassan Jouni, Joe Kesrouani, etc. Sans oublier une magnifique sculpture en métal mobile (un derviche de 90 cm) de May Richani, Marwan Sahmarani, Nada Sehnaoui et beaucoup d’autres...


Cette énumération peut paraître fastidieuse, elle est pourtant indispensable pour se rendre compte à quel point, quand ils font bon ménage, le beau et le bon peuvent changer une ou des milliers de vies.

 

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