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À La Une - Rapport

Le conflit syrien pourrait faire basculer près de 170.000 Libanais dans la pauvreté

En trois ans, la guerre en Syrie a engendré des pertes totales à hauteur de 7,5 milliards de dollars pour le Liban, selon le dernier rapport de la Banque mondiale.

Une réfugiée syrienne, à Bar Élias, dans la Békaa. Mohammad Azakir/Reuters

« L’escalade de la crise syrienne a causé des répercussions au Liban, qui ont rapidement dépassé l’aspect humanitaire pour toucher les sphères économiques et sociales », a souligné le dernier rapport de la Banque mondiale sur le sujet. Des répercussions « importantes, négatives et croissantes », selon l’institution mondiale.
Plus en détail, le rapport révèle que sur la période 2012-2014, le conflit pourrait ralentir la croissance du PIB réel de 2,9 points de pourcentage chaque année, en créant un énorme manque à gagner en termes de salaires, de recettes d’impôts ou de consommation privée et d’investissements.
Les pertes de production résultant du conflit syrien ont été estimées par la Banque mondiale (BM) à 1,1 milliard de dollars en 2012, 2,5 milliards de dollars en 2013 et 3,9 milliards de dollars en 2014, ce qui constituerait un total de 7,5 milliards de dollars de pertes en trois ans.
En ce qui concerne le tissu social, le conflit en Syrie pourrait faire basculer environ 170 000 Libanais dans la pauvreté (en plus du million qui vit en dessous du seuil de pauvreté) et doubler le chômage qui dépasserait alors les 20 %, surtout chez les jeunes non qualifiés, toujours selon le rapport de la BM.

 

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Les finances publiques mises à rude épreuve
La Banque mondiale a mis en exergue les répercussions négatives de la crise syrienne sur « les finances publiques libanaises structurellement fragiles ». Elle a ainsi estimé la perte des recettes publiques à 1,5 milliard de dollars sur la période 2012-2014, en raison de l’impact direct de la crise syrienne sur des secteurs moteurs de la croissance libanaise tels que le tourisme en particulier, ainsi que les conséquences indirectes du conflit qui se sont traduites par un ralentissement de l’activité économique.
Par ailleurs, l’augmentation des dépenses publiques a été estimée à 1,1 milliard de dollars entre 2012 et 2014, en raison de l’augmentation de la demande de services publics résultant de l’accroissement du nombre de réfugiés syriens au Liban. Ainsi, le déficit budgétaire se serait creusé de 2,6 milliards de dollars entre 2012 et 2014. Le manque total à gagner engendré par le conflit syrien a alors été estimé à 3,4 % du PIB, tandis que l’augmentation des dépenses qui en découle a, elle, été évaluée à 2,4 % du PIB sur la période 2012-2014, ce qui a entraîné une augmentation cumulée de 5,8 % du PIB du déficit budgétaire.

 

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La Banque mondiale a considéré que le creusement du déficit public et le ralentissement de la croissance économique avaient renversé la chute significative du niveau de la dette enregistrée entre 2006 et 2011. Elle a en outre indiqué que le ratio de la dette publique avait augmenté en 2012, constituant ainsi la première hausse enregistrée depuis 2006, tandis qu’elle devrait poursuivre sa tendance à la hausse en 2013 et 2014.
En parallèle, le coût cumulé de la crise syrienne sur la santé, l’éducation et la sécurité a été estimé à 308 millions de dollars net entre 2012 et 2014. La BM a en outre évalué l’impact sur les services de santé à une moyenne comprise entre 92 et 113 millions de dollars sur la période couverte. L’institution mondiale a souligné le poids de la crise syrienne sur le système libanais de santé par une augmentation de la demande de soins médicaux. À cela s’ajoutent la hausse des impayés du ministère de la Santé auprès des hôpitaux et le manque de spécialistes et d’infirmières dans le corps médical libanais.
 Par ailleurs, le ministère de l’Éducation a fourni un accès ouvert aux réfugiés syriens dans les écoles publiques libanaises, tandis qu’il a accueilli 40 000 réfugiés dans ces dernières en 2012 pour un coût estimé à 29 millions de dollars, toujours selon les mêmes sources.

 

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L’impact du conflit sur les échanges internationaux
L’impact du conflit syrien est aussi particulièrement visible sur le secteur du commerce international, poursuit la BM, notamment des biens et services, et surtout au niveau touristique. La déstabilisation de la Syrie menace les exportations de services libanais, particulièrement le tourisme, le nombre de visiteurs n’a en effet cessé de décroître depuis 2010. Le premier semestre 2013 a accusé une baisse drastique des flux commerciaux, notamment des produits alimentaires et des biens de consommation. Autrefois importateur net traditionnel de produits alimentaires en provenance de Syrie, le Liban a enregistré son premier excédent de la balance commerciale dans cette filière en 2012. Cependant, les perturbations des échanges tirent vers le haut les prix domestiques de certaines denrées de base comme la farine de blé, ce qui a une incidence majeure sur les conditions de vie, surtout pour les ménages les plus vulnérables.
Enfin, selon la BM, « les effets et les coûts de stabilisation importants qui ne cessent d’augmenter sont insoutenables au regard des faiblesses budgétaires du Liban et doivent faire l’objet de mesures immédiates ». Et de conclure : « Avec un ratio d’endettement de 134 % du PIB en 2012 et un déficit budgétaire global de 8,6 % du PIB, le Liban ne peut pas, et ne devrait pas être tenu de supporter tout seul et de façon continue cet impact. »

 

 

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