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Économie - Liban - Social

Les organismes économiques sont satisfaits de la grève, mais gardent la pression

Malgré le peu d’empressement de certains à se rallier au mouvement, les grévistes estiment que leur message a été entendu. Ils ont toutefois évoqué un risque d’escalade le cas échéant.

Si certains ont scrupuleusement observé l'ordre de grève, comme ici à Hamra, d'autres ont cependant choisi d'ouvrir leurs magasins. Photo Sami Ayad

« Le succès de la mobilisation démontre que notre initiative était justifiée. Maintenant (que l’avertissement a été lancé), la balle est dans le camp des politiciens (...) Sachez que nous n’hésiterons pas à recourir à l’escalade. »
Le message lancé hier par l’ancien ministre et président des organismes économiques, Adnane Kassar, était clair. La formation rapide d’un gouvernement, ou un manque à gagner « de 75 à 100 millions de dollars par journée de grève », selon les estimations du président de l’Association des commerçants de Beyrouth (ACB), Nicolas Chammas.
« Nous recommencerons (s’il le faut), a confié à L’Orient-Le Jour le président du syndicat des restaurateurs, Paul Ariss. Nous sommes en train de plancher sur un plan d’action. »


Ces propos sont intervenus dans le cadre d’une conférence de presse, tenue au siège de la Chambre de commerce, d’industrie et d’agriculture de Beyrouth (CCIAB), qui a rassemblé les principaux représentants des organismes économiques, venus faire le point sur la grève générale.
« La grève a atteint ses objectifs : nous avons été suivis et nous avons provoqué une onde de choc », a ajouté M. Chammas. « Une tempête se dirige tout droit vers le Liban, a mis en garde de son côté le président de l’Association des industriels (AIL), Neemat Frem. Seul le respect de la déclaration de Baabda (qui stipule la distanciation du Liban des crises régionales, notamment syrienne) peut éviter au Liban de se retrouver engouffré dans cette tempête. » Et de mettre l’accent, une fois de plus, sur la situation critique de l’économie libanaise et de l’endettement étatique.

 


Mobilisation étendue
Lancée lundi dernier par M. Kassar, la grève générale, la plus importante qu’ait connue le Liban depuis quarante ans, a vu hier les organismes économiques, les associations et les syndicats unis dans le cadre d’une mobilisation massive.
Restaurateurs, industriels, banquiers, syndicalistes, commerçants dans toutes les régions du pays ont fermé leurs portes afin de crier leur colère face à la situation actuelle du pays, alors que le gouvernement de Nagib Mikati est démissionnaire depuis le 23 mars dernier.


Parmi les ralliés au mouvement, l’Union des syndicats des travailleurs du Liban, le Rassemblement des chefs d’entreprise libanais (RDCL), la Confédération générale des travailleurs du Liban (CGTL), l’Association des compagnies d’assurances (ACAL), le syndicat des courtiers de l’immobilier et l’Association libanaise pour la franchise (Lebanese franchise association ou LFA). L’AIL, les sociétés importatrices de pétrole, certains propriétaires de stations d’essence, la Chambre internationale de navigation et l’Union des syndicats des employés de banque se sont aussi ralliés à la mobilisation.


Dans les régions, les Associations des commerçants de Jounieh, du Chouf, de Aley, de l’Iqlim el-Kharroub ont rejoint le mouvement, tout comme l’Union des syndicats des travailleurs et des usagers du Liban-Sud et le chapitre libanais de la Chambre de commerce internationale (CCI), les organismes économiques du Sud à l’exception de Nabatiyeh, et le Comité de coordination syndicale du Liban-Nord.

 


Un appel partiellement entendu
Sur le terrain, l’appel a été partiellement entendu. Hier matin, la plupart des banques étaient fermées, de même que certains centres commerciaux, à l’instar de Le Mall à Sin el-Fil, habituellement ouverts 365 jours dans l’année. Le Mall a indiqué qu’il resterait fermé jusqu’à 16h, conformément au mot d’ordre de la grève. Le City Mall, à Dora, était lui aussi fermé jusqu’à 16h. Le City Center à Hazmieh, en revanche, était ouvert.
À Hamra, la grande majorité des cafés et des restaurants étaient également ouverts, à quelques rares exceptions près comme pour la chaîne de cafés Costa ou encore Crepaway – qui a opté pour une formule de compromis : le restaurant était fermé mais des cafés servis en terrasse. Interrogés, certains serveurs déclaraient ne pas être au courant de la grève, alors que d’autres la rejetaient en déclarant : « On a subi assez de pertes, on ne peut pas se permettre de fermer une journée. »
En résumé, si beaucoup de grandes enseignes étaient fermées, les petits commerces avaient, eux, choisi d’ouvrir leurs portes.

 


L’économie et le développement
En parallèle, le ministre sortant de l’Industrie, Vrej Sabounjian, a assuré hier que la formation au plus vite d’un gouvernement est la demande de tous les Libanais et pas uniquement celle des organismes économiques. Il a néanmoins critiqué l’appel à la grève générale comme moyen de faire pression en ce sens, estimant que cette mesure ne mènera pas au but recherché. « Nous vivons dans un pays démocratique où tout patron a le droit de prendre la décision qu’il juge convenable, a-t-il indiqué. L’économie a aujourd’hui besoin de développement et non de davantage de négativisme et de régression. »


Le ministre a, dans ce contexte, refusé de faire assumer au gouvernement les conséquences de la grève générale, le cabinet n’étant pas l’initiateur du mouvement. Il a appelé les organismes économiques à « un retour à un dialogue calme et raisonnable en vue d’aboutir à une vision commune qui aiderait à dépasser cette période avec le moins de dégâts possible ».

 

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commentaires (2)

ET ILS ONT BIEN RAISON....

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

15 h 39, le 05 septembre 2013

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Commentaires (2)

  • ET ILS ONT BIEN RAISON....

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    15 h 39, le 05 septembre 2013

  • NI VU ET NI ENTENDU ! QUAND LES AVEUGLES PEUVENT VOIR ET LES SOURDS PEUVENT ENTENDRE ? LES TEMPS DES MIRACLES SONT PASSÉS !

    SAKR LOUBNAN

    12 h 01, le 05 septembre 2013

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