Rechercher
Rechercher

À La Une - Émigration

Entre le Brésil et le Liban, quelque chose à réveiller

Le consul du Liban à Rio, Ziad Itani, veut retrouver l’élan des années 40-50 du siècle dernier.

Le consul du Liban Ziad Itani.

Bien installé dans le petit mais coquet bâtiment du consulat, Ziad Itani, consul du Liban à Rio de Janeiro, n’a qu’à traverser la rue pour se retrouver chez lui, dans une imposante villa qui a jadis servi de résidence à l’ambassadeur. Elle a besoin aujourd’hui d’une rénovation coûteuse, mais ce travail est constamment renvoyé à plus tard faute de fonds. Dans une cour devant le bâtiment, un banian aux racines plongeantes. D’un coin de ciel, entre la villa et l’immeuble qui la jouxte, surgit l’impressionnante statue du Christ-Roi veillant, les bras ouverts, sur l’immense baie de Rio.
Fidèle aux orientations du président Michel Sleiman qui, au cours de son voyage officiel au Brésil, en avril 2010, avait demandé que la mémoire des années d’émigration soit préservée, le consul du Liban a entamé un grand chantier de sauvetage des archives de l’ambassade, soit 7 000 applications de Libanais ayant demandé la nationalité libanaise, en 1938, en vertu des accords de Lausanne ayant suivi la création du Grand Liban. Ces documents sont filmés et classés, en attendant de pouvoir être exploités.
Les accords de Lausanne offrent aux résidents de l’Empire ottoman la possibilité de leur nouvelle nationalité. Légalement, tous ceux qui ont présenté en 1938 une demande en ce sens sont libanais et peuvent donc faire bénéficier leurs descendants de cette identité nationale. Le problème, c’est qu’un grand nombre de ces 7000 demandes, traitées à l’époque par les autorités mandataires françaises, ont été acceptées sans être notifiées aux ayants droit. Aujourd’hui, ces 7 000 sont peut-être devenues, en deux ou trois générations, 200000 !
En outre, le consulat dispose des manifestes de tous les navires arrivés à Rio à partir de 1870, que le gouvernement met à sa disposition. « Nous pouvons donc facilement repérer ceux d’entre eux qui viennent d’Orient. C’est un travail long mais indispensable », dit-il.

La double nationalité, une rareté
 Le consul du Liban a obtenu l’appui de la Fondation maronite dans le monde pour le financement de ces travaux de recherche et d’archivage, fidèle en cela aux directives du chef de l’État qui, dès 2010, avait invité les Libanais d’origine à se faire enregistrer auprès des consulats libanais pour pouvoir former une sorte de trait d’union entre le Liban et le Brésil. En principe, aussi, il existe un accord de jumelage entre les deux Archives comprenant assistance technique, échange de documents et organisations d’expositions.
Ziad Itani souligne en particulier la faible proportion des Brésiliens d’origine libanaise qui jouissent de la double nationalité : environ 10000 sur les 400000 Brésiliens venant des régions aujourd’hui situées à l’intérieur des frontières
libanaises.
Le consul du Liban souligne « le vieillissement » de la communauté d’origine libanaise à Rio où « certains clubs libanais prestigieux, comme le club Monte Libano, périclitent », faute de sang nouveau et d’initiative. « Le grand élan des années 40-50 est retombé, déplore-t-il, et certains finissent comme salons de coiffure.» « Mais c’est beaucoup moins le cas à São Paulo et dans d’autres villes », ajoute-t-il rassurant.
La relève, M. Itani la trouve dans une action culturelle vigoureuse de la part de l’État libanaise. Il n’existe pas de centre culturel libanais à Rio, souligne-t-il, pas plus qu’il n’en existe dans les autres grandes villes brésiliennes. Et de donner en exemple le ministre de l’Éducation de l’État de Rio, Wilson Rodriguez, qui a introduit dans certaines écoles de la grande ville un programme d’enseignement de langues étrangères comprenant l’arabe, le turc, le chinois, l’allemand ou le français.
Le consul du Liban rêve aussi d’une ligne directe de la MEA entre Beyrouth et Rio, pour faire bouger les choses. «Il faut aujourd’hui motiver les nouvelles générations, retrouver l’élan perdu », dit-il.

 

 

Pour mémoire

« Le Brésil et le Liban devraient moderniser leurs échanges pour devenir de véritables partenaires »

Bien installé dans le petit mais coquet bâtiment du consulat, Ziad Itani, consul du Liban à Rio de Janeiro, n’a qu’à traverser la rue pour se retrouver chez lui, dans une imposante villa qui a jadis servi de résidence à l’ambassadeur. Elle a besoin aujourd’hui d’une rénovation coûteuse, mais ce travail est constamment renvoyé à plus tard faute de fonds. Dans une cour devant le...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut