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À La Une - Liban-Sécurité

Trois soldats libanais abattus près de la frontière syrienne

La mort des militaires à un barrage situé à l’entrée est de la ville de Ersal, dans la Békaa, n’a eu pour effet que de susciter des réactions indignées en chaîne.

Toute la douleur se lit sur le visage de cette jeune femme qui tient dans les mains le portrait du soldat Ali Mounzer. (AFP)

Devenus itinérants et réguliers, les incidents de sécurité inquiètent de plus en plus la classe politique qui reste cependant impuissante face au débordement du conflit syrien sur le Liban. La mort de trois militaires à un barrage situé à l’entrée est de la ville frontalière de Ersal, dans la Békaa, n’a ainsi eu pour effet que de susciter des réactions indignées en chaîne.


Le drame s’est produit autour de 3h 30, à l’aube hier. Des individus à bord d'un Hummer noir venant de Syrie ont attaqué trois soldats de la sixième brigade en poste au barrage de Wadi Hmayed, contre qui ils ont ouvert le feu de leurs fusils-mitrailleurs, les tuant sur-le-coup. Alertés par les tirs, leurs collègues endormis dans la baraque adjacente ont tenté de faire face aux assaillants qui ont cependant réussi à prendre la fuite. Les militaires se sont lancés à la recherche des hommes armés qui ont cependant réussi à regagner la Syrie.


Les soldats tués sont Mohammad Radwane Charafeddine, de Barkayel dans le Akkar, Moustapha Khaled Hayek, de Karsita à Denniyé, et Ali Adnane Mounzer, de Hoch Hala, dans la Békaa. Leurs obsèques ont été organisées le jour même dans leurs villages respectifs.


Aucune partie n’a été pointée du doigt par l’armée ou par les autorités qui ont dénoncé l’attaque dans laquelle ils ont vu un incident visant à « déstabiliser la paix civile ». Citant des sources proches de l’Armée syrienne libre (ASL), la OTV l’a présentée comme une opération vindicative, précisant, en citant toujours ces sources, qu’elle avait été motivée par l’enlèvement, au Liban, d’un rebelle syrien blessé qui avait été emmené il y a deux jours par ambulance en direction de la Békaa, mais qui avait été enlevé par des inconnus au niveau du village de Laboué.
L’agence al-Markaziya a de son côté indiqué que le Hummer avait été vu depuis cinq jours dans le village de Ersal dont il avait sillonné les rues, en indiquant que les assaillants pourraient être membres du groupe de Khaled Hmayed, qui avait été tué par l’armée, il y a quelques mois, à Ersal. Il s’agit d’un groupe fondamentaliste relevant du Front al-Nosra et comprenant des Libanais et des Syriens, selon al-Markaziya.


Mais pour les officiels libanais, l’objectif de cette attaque est d’ébranler la stabilité du Liban. Aucun n’a pointé du doigt une partie ou un groupe déterminés. Le président Michel Sleiman a ainsi estimé que cette attaque fait partie d’une « série d’incidents terroristes et criminels visant à semer la dissension dans le pays ». Il a appelé l’armée à « frapper d’une main de fer toute partie qui l’attaque ou qui cherche à déstabiliser la paix civile ».

Condamnations unanimes...
Le Premier ministre démissionnaire, Najib Mikati, a dénoncé cette « agression » et insisté, dans une communication téléphonique avec le commandant en chef de l’armée, le général Jean Kahwaji, sur la nécessité de mettre en application les résolutions du Conseil supérieur de la défense et du Conseil des ministres, qui avaient donné le feu vert à la troupe pour prendre les mesures qu’elle juge adéquates sur le terrain.


Son successeur, Tammam Salam, qui a appelé à démasquer les coupables et à leur infliger les sanctions les plus sévères, a lancé un appel à toutes les parties politiques pour qu’elles « s’efforcent de désamorcer la tension qui prévaut dans le pays dans la mesure où celle-ci favorise les différentes atteintes à la sécurité ». Le ministre démissionnaire de la Défense, Fayez Ghosn, a quant à lui mis en garde contre « une discorde itinérante dont l’objectif est de porter un coup à l’armée et à sa présence dans toutes les régions libanaises pour en limiter le rôle ».


Le chef du courant du Futur, Saad Hariri, a également pris contact avec le commandant en chef de l’armée, en même temps que plusieurs autres officiels, comme le ministre démissionnaire de l’Environnement, Nazem el-Khoury, le député Boutros Harb, le chef du bloc parlementaire de la Résistance, Mohammad Raad, le mufti de la République, cheikh Mohammad Rachid Kabbani, pour lui présenter ses condoléances. M. Hariri a vu dans l’affaire de Ersal « un indicateur de dangers à venir sur la paix civile ». À l’instar de M. Salam, il a invité les différentes parties politiques « à faire preuve de vigilance et de sagesse, à laisser l’armée protéger cette paix et à éviter les actes de nature à plonger le Liban dans le bourbier syrien ». 

 

(Lire aussi: Le Futur dénonce l’action « criminelle » du Hezbollah en Syrie)


Le député Marwan Hamadé, qui a également stigmatisé la tuerie, a fait état de « nombreuses incertitudes entourant son origine et ses mobiles », en relevant cependant qu’elle a coïncidé avec des campagnes menées contre l’armée pour mettre en doute son rôle national.
Le Hezbollah a aussi dénoncé l’attaque, fustigeant la « main du terrorisme et du mal », et exprimant sa solidarité avec l’armée. Le chef des Forces libanaises, Samir Geagea, qui a invité les autorités concernées à arrêter sans tarder les tireurs et à les traduire en justice, a jugé nécessaire de « ne pas exploiter l’affaire de Ersal en sautant à des conclusions inopportunes à des fins politiciennes mesquines ».
Un grand nombre d’hommes politiques de tous bords ont également stigmatisé l’attaque contre les trois soldats.

 

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