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À La Une - Syrie

Le Hezbollah perd au moins 104 hommes mais les loyalistes avancent à Qousseir

L’opposition débat de sa participation à « Genève 2 » ; Assad réaffirme sa volonté de « combattre le terrorisme ».

Qousseir, champ de ruines. Photo datée du 22 mai 2013. AFP  / HO /AL-QUSAYR MEDIA CENTRE

La Coalition nationale de l’opposition syrienne a entamé hier à Istanbul une réunion de trois jours pour débattre de sa participation à une éventuelle conférence de paix internationale « Genève 2 ». Les travaux de la Coalition, principal groupe de l’opposition syrienne, ont débuté par une évaluation de la situation sur le terrain, où le régime de Damas a lancé une vaste offensive contre la ville stratégique de Qousseir, selon une de ses responsables.
Les opposants ont également commencé à délibérer sur l’entrée de nouveaux membres dans leur groupe, pour augmenter sa représentativité, a indiqué le porte-parole de la Coalition, Khaled Saleh. Mais les débats les plus attendus, qui devraient débuter aujourd’hui, vont porter sur la participation, ou non, de la Coalition à des négociations avec le régime de Bachar el-Assad pour trouver une solution politique au conflit qui ensanglante la Syrie depuis plus de deux ans.

 

 

(Lire aussi : L’ONU invite les parties libanaises à ne pas s’impliquer en Syrie...)

 


L’idée de cette conférence internationale dite de « Genève 2 » a été lancée par les États-Unis et Moscou, et les soutiens occidentaux et arabes de l’opposition ont multiplié les pressions sur la Coalition pour qu’elle y participe le mois prochain. De nombreux membres de la Coalition sont cependant réservés quant à cette initiative. « Nous allons finir par aller à Genève, mais c’est le même morceau de haschich que la communauté internationale nous sert à chaque fois : ils nous induisent à penser que la fin est proche et en fait tout continue », a commenté un opposant, parlant sous le couvert de l’anonymat. M. Saleh a, pour sa part, mis en exergue les nombreuses interrogations qui subsistent encore sur les participants, l’ordre du jour et les objectifs d’une telle conférence. « Avant de pouvoir prendre une décision politique finale solide sur une participation, nous avons encore besoin de nombreux détails », a-t-il fait remarquer.

 

(Lire aussi : Au Sud, le Hezbollah enterre à tour de bras)

 


Un signe
Le porte-parole a cependant réaffirmé une exigence de l’opposition syrienne : « Toute période de transition doit commencer par le départ de M. Assad et des piliers de son régime. » Onze pays soutenant l’opposition, dont les États-Unis, ont tenté de rassurer la Coalition sur ce point en affirmant à Amman mercredi que « Bachar el-Assad, son régime et ses proches qui ont du sang sur les mains ne pourront tenir aucun rôle dans le futur en Syrie ». Ce groupe des « Amis de la Syrie » a également annoncé qu’il continuerait d’aider les rebelles jusqu’au départ de M. Assad.
L’agence officielle syrienne SANA a estimé que ces déclarations avaient coupé la voie à « Genève 2 ». « Les participants à la réunion de Amman, qui se sont autoproclamés porte-parole du peuple syrien, ont coupé la voie à la tenue de la conférence internationale en disant qu’ils allaient renforcer leur soutien à l’opposition syrienne », a ainsi écrit SANA. Cette réaction a été interprétée à Istanbul comme un signe du torpillage imminent par Damas des projets de négociations. « Ce n’est pas encore un refus officiel, mais c’est un signe. Jamais SANA ne va diffuser une information qui ne reflète pas la position du gouvernement », a estimé Monzer Makhous, ambassadeur de la Coalition à Paris. « Ni Bachar ni les militaires ne vont jamais accepter d’être sous le contrôle d’un gouvernement composé pour moitié par l’opposition », a-t-il ainsi déclaré.

Sauf-conduit
Le chef démissionnaire de l’opposition syrienne, Ahmad Moaz el-Khatib, a de son côté suggéré pour la première fois d’accorder un sauf-conduit pour quitter le pays à Bachar el-Assad et à 500 membres du régime, si le président syrien accepte de se retirer du pouvoir.


Dans son « initiative » présentée sur Facebook, il propose que « 20 jours après son acceptation d’une transition pacifique, Bachar el-Assad remette ses attributions au vice-président Farouk el-Chareh ou au Premier ministre Waël al-Halaqi ». En échange de l’acceptation de cette transition, affirme Moaz el-Khatib, « Bachar el-Assad aura la garantie de pouvoir quitter le pays avec 500 personnes choisies par lui, accompagnées de leurs familles et de leurs enfants, vers n’importe quel pays qui acceptera de les recevoir ».
C’est la première fois qu’un dirigeant de l’opposition propose une immunité pour Bachar el-Assad et les membres de son régime. « Je fais cette proposition pour éviter la destruction de la Syrie et sa dislocation tant sur le plan humain que social. Mon initiative est d’origine syrienne, son objectif est syrien. Il s’agit d’un tout avec un calendrier précis », dit-il. Le dirigeant de l’opposition appelle « le régime, tous les révolutionnaires et l’opposition à l’adopter pour sortir de la catastrophe nationale » et il demande à la communauté internationale « de la parrainer et de garantir son application ».
La Coalition doit donc évaluer cette proposition et se prononcer sur le cabinet que va lui présenter Hassan Hitto, le Premier ministre élu en mars par l’opposition pour administrer les territoires aux mains de la rébellion. Enfin, les opposants doivent aussi élire un nouveau président pour la Coalition, après la démission en mars d’Ahmad Moaz el-Khatib.

Assad et la Ligue
Le président Assad a, par ailleurs, déclaré, selon SANA, que « la Syrie est déterminée à faire face au terrorisme », tout en se disant résolu à « trouver parallèlement une solution politique à la crise ». Lors d’un récent entretien à des médias argentins, M. Assad a martelé son refus de quitter le pouvoir avant la présidentielle de 2014.
La Ligue arabe a quant à elle indiqué qu’elle allait soumettre au Conseil de sécurité de l’ONU des idées susceptibles de contribuer à la réussite de « Genève 2 ». Le comité sur la Syrie de l’organisation panarabe s’est réuni au Caire dans la journée, sous la présidence du Premier ministre qatari Hamad ben Jassem al-Thani, et en présence du secrétaire général de la Ligue, Nabil el-Arabi. Des responsables ayant assisté à la réunion ont indiqué sous le couvert de l’anonymat que le comité allait proposer un plan en plusieurs points pour une solution politique au conflit, dont la formation d’un gouvernement d’union nationale temporaire et l’envoi de forces de maintien de la paix de l’ONU en Syrie « pour garantir la stabilité pendant la période de transition ».

Autour de Arjoun
La réunion d’Istanbul intervient dans un contexte critique sur le terrain pour l’opposition, avec le lancement par l’armée syrienne, épaulée par le Hezbollah, d’une vaste offensive sur Qousseir, une ville stratégique de l’Ouest et tenue par les insurgés. « Les brigades de l’Armée syrienne libre sont parvenues à repousser les milices du Hezbollah », a indiqué hier le porte-parole de la Coalition, Khaled Saleh, estimant que les miliciens chiites ont été « repoussés d’au moins trois kilomètres ». L’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) a cependant affirmé que l’armée du régime syrien était en progression dans des villages proches de Qousseir. « Les forces du régime, épaulées par les combattants du Hezbollah, sont en train de resserrer l’étau autour de Arjoun, un village proche de Hamidiyé », a ainsi déclaré l’OSDH. Une source militaire syrienne dans la région a indiqué quant à elle que les forces gouvernementales avaient « pris le contrôle de Hamidiyé » et avançaient vers l’aéroport militaire de Dabaa, toujours aux mains des rebelles.
Le Hezbollah a perdu 104 combattants en huit mois dans la guerre en Syrie, a indiqué l’OSDH, alors qu’une source au sein du mouvement chiite a comptabilisé 75 morts durant la même période.

 

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