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Campus - TRAVAIL SOCIAL

Lorsque l’université s’exporte hors les murs

Grâce à un partenariat entre l’École libanaise de formation sociale de l’Université Saint-Joseph et l’USJ en mission, des étudiants en travail social ont pu mettre en pratique leur apprentissage, dans le village de Maad, dans le caza de Jbeil.

Lorsque l’université s’exporte hors les murs

Les étudiants posant avec l’équipe encadrante et quelques habitants du village de Maad. Photo Rami el-Daher

C’est dans le cadre d’un cours universitaire, dispensé en 2e année de licence en travail social à l’École libanaise de formation sociale de l’Université Saint-Joseph (ELFS), qu’une équipe de 17 étudiants, accompagnés de leur professeur et de deux membres de l’association USJ en mission, entreprend un travail communautaire à Maad, Jbeil, du 31 octobre au 1er novembre. Une action qui a pour objectif « d’évaluer les besoins et les demandes des habitants afin d’améliorer leur village et d’y assurer une meilleure qualité de vie », précise Élissa Moukhaiber, l’une des étudiantes qui a pris part à ce travail, en soulignant qu’il est « nécessaire d’œuvrer au progrès des régions rurales, vu que résider à Beyrouth devient de plus en plus difficile aujourd’hui ». L’exode rural touche de nombreuses régions libanaises qui sont négligées par le gouvernement, en termes d’infrastructures et de services. Y entreprendre un travail communautaire permet aux travailleurs sociaux d’être à l’écoute des différents besoins de la population (sanitaire, économique, éducatif...) et de mettre ces derniers en relief pour que les autorités concernées puissent adopter un plan d’action. « Cette enquête réalisée par nos étudiants, qui sera par la suite étudiée et analysée, est une expérience pilote qui peut servir de modèle pour les conseils municipaux de plusieurs régions similaires », précise Rita Chouchani Hatem, coordinatrice du programme de licence en travail social à l’USJ, qui rappelle : « Dans sa politique pédagogique, l’ELFS s’est toujours préoccupée de l’éducation pratique des étudiants ; il ne s’agit pas seulement de nourrir la dimension conceptuelle et intellectuelle des étudiants, mais aussi de leur permettre de découvrir comment appliquer les notions acquises intra-muros, dans un cadre social réel. »

À la rencontre des habitants

Une série de préparatifs entrepris par l’équipe d’encadrement a précédé la visite. Elle consistait à réaliser des contacts avec toutes les parties prenantes, à définir les différents types de communautés visées et les techniques à utiliser, à préparer les débats et le contenu des entretiens, sans oublier l’organisation logistique, tels le transport, le logement, les repas, etc. Sur le terrain, l’activité a débuté par une rencontre avec les habitants dans les locaux de la paroisse afin de leur expliquer sur quoi porte l’étude et pour faire émerger leurs attentes. Après ce premier contact, les étudiants se sont répartis en de petits groupes pour tenir des entretiens avec les instances locales : individus, références, ONG, leaders formels et informels.

Par ailleurs, des discussions ont été menées avec plusieurs groupes sociaux du village, comme les jeunes, les femmes, les agriculteurs, les artisans, etc. Des visites guidées ont été organisées pour découvrir le paysage naturel et l’architecture du village, ainsi que la culture et le mode de vie des habitants. « Dès notre arrivée, nous avons été assistés par Mazen Rizk, un historien du village, membre de l’USJ en mission, qui s’est porté volontaire pour coordonner notre intervention sur le terrain. Il a été un vrai guide touristique durant tout notre séjour organisé par notre professeur ainsi que par le père Jad Chebli, responsable de l’USJ en mission, et Roy Daher, chef de projet de l’USJ en mission », raconte l’étudiante Rita Abi Wakim. « Nous avons logé pour une nuit dans les locaux de l’ONG Message de paix que nous tenons d’ailleurs à remercier pour son accueil chaleureux », précise-t-elle.

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De son côté, leur professeure, Amale Moukarzel Damien, enseignante en théorie et méthodologie du travail social communautaire à l’ELFS, souligne : « Il est extrêmement important de participer à la vie collective en s’imprégnant de la culture existante afin de pouvoir réellement comprendre la société. Par exemple le matin, nous avons assisté à une messe suivie d’un café avec les habitants. Le soir, il y avait aussi un dîner dans le domaine d’un vignoble à Maad, préparé par des membres de l’USJ en mission et par la communauté locale. L’idée était de créer une dynamique dans le village pour déclencher les rencontres et les discussions. » Cette étude sociale a été menée dans un esprit de partenariat, « l’objectif principal de ce diagnostic n’était pas de venir exposer des solutions, mais plutôt de définir les problèmes et de les expliquer aux habitants pour les aider à réfléchir aux solutions convenables », souligne Marie-Belle Akiki, une étudiante participante, avant d’ajouter : « En travail social, on parle toujours de l’autonomie de la personne qui doit être respectée. On parle aussi de solidarité, et donc quand on donne à la population l’opportunité de s’unir pour le bien de tous, on l’encourage à exploiter ses ressources pour établir des projets durables basés sur les résultats de nos études. »

L’occasion de développer de nouvelles compétences

La plupart des étudiants interviewés confient avoir développé plusieurs compétences grâce à cette expérience. « Cela nous a permis de saisir le lien entre la théorie et la pratique, pour que ce cours ne soit pas uniquement basé sur des hypothèses abstraites, mais prouvé par des travaux pratiques concrets », explique ainsi Rym Ibrahim. Élissa Moukhaiber avoue qu’ils avaient tous « besoin de ce dépaysement, pour se libérer un peu du stress quotidien des études et de la situation du pays en général. C’était toutefois un défi pour nous de devoir confronter la réalité comme un vrai travailleur social agissant au sein de la communauté. » D’autres étudiants ont évoqué les liens qui se sont renforcés entre eux ainsi que les relations humaines établies avec les gens du village. « Après avoir longuement enduré avec les cours à distance durant la crise du Covid-19, nous avions vraiment envie de changer de cadre. Cette sortie nous a permis de revoir nos camarades et de passer d’agréables moments ensemble tout en nous initiant au travail de groupe », affirme Rita Abi Wakim. « J’ai été étonnée par le tourisme qui existe dans la belle région de Maad, dont la riche culture et l’ancienne histoire me rendent fière d’être libanaise. Au plan professionnel, cette expérience m’a prouvé que ça vaut la peine de consacrer du temps à sa communauté pour lui donner la chance de s’exprimer et de prendre son avenir entre ses mains », confie Marie-Belle Akiki.Leur professeure, Amale Moukarzel Damien, se dit ravie de constater que ses étudiants « ont pu surmonter toutes les difficultés survenues en chemin, comme le retard, le manque de participation et autres imprévus. Ils ont réussi à réaliser leur travail à merveille ! Cette adaptation fait partie de leur apprentissage et de leur travail en tant que futurs professionnels ».

Une belle expérience humaine

« J’encourage tous les futurs étudiants universitaires, qui aiment être à proximité des gens, à intégrer le domaine social, car notre métier est vraiment passionnant : ce n’est pas un travail ordinaire derrière un écran, mais une expérience humaine avec une réelle interaction entre le travailleur social et les bénéficiaires », assure Élissa Moukhaiber. « Nous avons remarqué que beaucoup de jeunes se sont plongés dans le bénévolat depuis les événements du 4 août 2020 sans savoir que le travail social est un métier que l’on peut apprendre », relève Mme Hatem. « J’espère que dorénavant les gens auront un regard différent sur les travailleurs sociaux qui ne sont pas uniquement des distributeurs de colis alimentaires, qui défendent les personnes marginalisées ou écoutent leurs souffrances, mais aussi des acteurs essentiels qui s’investissent dans le travail communautaire pour améliorer la société à tous les niveaux », ajoute Marie-Belle Akiki. Sa collègue Rym Ibrahim renchérit : « J’aimerais tout de même que les lecteurs sachent que les travailleurs sociaux sont au service de la population et sont prêts à les accompagner et à les aider. » Mme Damien conclut : « Maintenant plus que jamais, le Liban a besoin d’une jeunesse motivée, engagée, solidaire et respectueuse de l’autre. Et il est rassurant de savoir que la formation du travail social est fondée sur toutes ces valeurs-là… »


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