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Liban - Présidentielle

Au QG du CPL, à Sin el-Fil, le rêve devient réalité

Une explosion de joie. Des partisans en liesse et en larmes. Les instants de l'élection, vécus par les partisans du CPL réunis au siège central du parti, centre Mirna Chalouhi.

Au QG du CPL, Michel Aoun a déjà 65 voix. Peu avant 14 heures, c’est l’explosion de joie.

Plus que cinq voix manquantes... quatre... trois...deux...une... zéro ! Michel Aoun vient d'obtenir 65 voix, en ce second tour de l'élection présidentielle, peu avant 14 heures. D'une seule voix, d'un seul mouvement et au son des youyous, après avoir compté en chœur le nombre de voix et prononcé ensemble le compte à rebours, des milliers de partisans, femmes et hommes du Courant patriotique libre, réunis devant des écrans géants au siège central du parti, au rez-de-chaussée du centre Mirna Chalouhi, explosent de joie et d'émotion, sous des jets de confettis et de bouchons de champagne. Jusqu'aux larmes pour certains, même les hommes. Leur rêve devient enfin réalité, 26 ans après l'éviction du général Aoun du palais présidentiel de Baabda. Ils ont les nerfs à vif, après ce premier tour frustrant qui n'a pas permis au général de remporter la majorité des deux tiers. Ils sont aiguisés un peu plus par cet interminable deuxième tour qu'ils suivaient en direct sur la OTV, par cette 128e enveloppe de trop qui entendait saboter l'élection de leur leader, par l'image de ces adversaires politiques qui ne veulent pas de Michel Aoun à la présidence et qu'ils ont hués du plus profond de leur âme.

 

(Lire aussi : Aoun président, mais l'incertitude reste de mise)

 

Les alliés ovationnés
Ils n'écoutent même plus la voix d'un membre du bureau de la Chambre, Marwan Hamadé, qui continue inlassablement le décompte des voix, jusqu'à l'annonce par le président du Parlement, Nabih Berri, de l'élection de Michel Aoun à la présidence de la République libanaise, avec 83 voix. Mais ils s'abandonnent déjà à la liesse généralisée, dans une atmosphère devenue irrespirable tant la foule orange est dense, ovations à l'appui, applaudissements aussi, non seulement à l'égard de leur président, mais aussi de tous ceux qui ont voté pour lui, en tête desquels Sethrida Geagea, épouse du chef des Forces libanaises, Samir Geagea, et Saad Hariri, chef du courant du Futur. Une liesse telle que le lâcher de ballons aux couleurs du drapeau passe inaperçu.

 

(Lire aussi : L'élection de Aoun dictée par la nécessité de survie, affirme Hassan Rifaat)

 

Aussi bien à l'intérieur de la grande salle qu'à l'entrée extérieure du bâtiment et jusque dans la rue, bouclée par les forces de l'ordre dès le début de la matinée, jeunes et moins jeunes arborant les couleurs du CPL et les drapeaux libanais rient et pleurent, s'embrassent, se serrent, se congratulent, « félicitent les Libanais », esquissent la traditionnelle dabké au rythme de la fanfare. Ils reprennent en chœur les vieux slogans partisans. Sans oublier le célèbre : « Allah, les Forces Libanaises, Aoun, un point c'est tout ! » Ils entonnent aussi à l'unisson les chants à la gloire de Michel Aoun, entraînés par un Tony Kiwan à la voix de velours. « Je suis heureux parce que le Liban survivra, dit le chanteur. Je souhaite tellement voir le règne des institutions. »
Au milieu de la foule, alors que la retransmission de la séance prend fin, un drapeau des FL trône, brandi fièrement par un jeune homme. Un groupe de partisans raconte avoir fait le déplacement d'Arabie saoudite rien que pour l'occasion. Un autre groupe arrive tout droit du Hermel. Debout, appuyé sur des béquilles, Nicolas Wakim, partisan et ingénieur de profession, ne rate rien de la scène. « J'ai acheté mon polo orange d'Italie en prévision de ce jour, dit-il fièrement. Je voudrais tant que le général Aoun fasse de cette étable un véritable pays. Il en est capable. » Maribelle Khalil, 20 ans, militante active, est soulagée. « Il est grand temps que nous ayons un président, dit-elle. Et puis, Michel Aoun le mérite bien. »

 

(Biographie : De l'armée à la présidence de la République, le parcours de Michel Aoun en images)

 

Même les enfants sont de la fête, arborant les couleurs partisanes, la photo du « général » ou un drapeau libanais. Des enfants heureux, sans trop savoir pourquoi, au point de répéter en boucle les slogans de leurs parents. Il faut dire que leur présence est symbole d'espoir, comme l'indique une mère de famille se revendiquant de « la génération Michel Aoun » qui voit son « rêve réalisé ». « L'espoir que nos enfants resteront dans ce pays et trouveront plus tard du travail sur base de leurs compétences et non pas d'un quelconque piston », note Amal Chami. « L'espoir aussi que le Liban devienne un pays, le général étant seul capable de concrétiser les accords avec les autres parties », ajoute Tony Nammour, encadrant ses deux neveux de 5 et 7 ans, Michel et Gabriel. « Il est le seul espoir du pays », renchérit Kamale Cherfane, secrétaire générale du comité des municipalités. Elle est certaine que « Michel Aoun ne permettra pas que la guerre de 1975 avec les Palestiniens se répète avec les réfugiés syriens ».

 

(Lire aussi : 1988 - 2016 : Michel Aoun en 16 "petites phrases")

 

Les cadres du CPL
D'abord sagement assis aux premiers rangs de l'assistance, suivant attentivement la retransmission en direct de la séance électorale, après avoir plusieurs fois appelé au calme une salle trépignant d'impatience, les cadres supérieurs du CPL, notamment l'ancien bâtonnier de Beyrouth Chakib Cortbawi, l'ancien ministre Mario Aoun, le responsable des relations extérieures, Michel de Chadarévian, le secrétaire général du parti, Ibrahim Samarani, le président du comité sportif, Jihad Salamé, et l'avocat Fadi Barakat ne font désormais qu'un corps avec la masse de partisans hurlant leur bonheur, entraînés dans la danse et la joie collective. Circulent déjà les plateaux de douceurs orientales, de petits fours et de dragées. Le champagne et les jus coulent à flots.

 

(Lire aussi : L'interminable séance électorale et ses cafouillages font le bonheur des twittos)

 

Me Cortbawi ne cache pas sa joie. « C'est une grande fête pour tous les Libanais. Ils s'en rendront compte très bientôt », souligne-t-il à L'Orient-Le Jour, affirmant que « Michel Aoun est le seul homme politique à avoir réalisé une entente avec toutes les parties libanaises ». Et de marteler : « C'est un président qui veut le bien du Liban. » Jihad Salamé quant à lui fait part de sa « fierté ». « Notre président sera celui de la République », ajoute-t-il, certain que « Michel Aoun, homme de stratégie, sera capable de relever le défi ». De son côté, Michel de Chadarévian déplore qu'on ait « perdu trop de temps pour rien ». « Saad Hariri a compris que nous voulons l'entente nationale », note-t-il, saluant le rôle de « rassembleur » du président Michel Aoun. « Mais le plus difficile reste à venir », reconnaît-il. Car les défis à relever ne manquent pas. Parmi lesquels « la mise en place d'un État de droit et d'une justice digne de ce nom, mais aussi la lutte contre la corruption et le chaos », comme l'indique Ziyad Akl, fondateur de la Yasa qui milite pour la sécurité routière.
Mais d'abord, place à la fête. Klaxonnant à qui mieux mieux, ornés de drapeaux orange, les voitures des partisans du CPL s'ébranlent déjà pour d'autres célébrations.

 

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Diaporama
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commentaires (6)

Le cauchemar plutôt.... !

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

15 h 25, le 01 novembre 2016

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Commentaires (6)

  • Le cauchemar plutôt.... !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    15 h 25, le 01 novembre 2016

  • Ils ont raison de pleurer de joie car bientôt c'est de regrets qu'ils le feront! Un tel peuple ne mérite que de tels dirigeants! Je leur souhaite bonne chance car si ce monsieur ne change pas ses positions et continue dans la lancée de sa politique depuis 2005... Allah yestor...

    Pierre Hadjigeorgiou

    13 h 51, le 01 novembre 2016

  • Cher M. Khoury, il n'y a pas de changement au niveau de la ligne éditoriale de L'Orient-Le Jour. Cordialement

    L'Orient-Le Jour

    12 h 36, le 01 novembre 2016

  • ON SOUHAITE AUSSI LE REVEIL DE NOS FRERES CHIITES OTAGES D,UNE PARTIE A L,APPARTENANCE NON NATIONALE... POUR QUE PHENIX RENAISSE ENFIN DE SES CENDRES...

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 35, le 01 novembre 2016

  • est-ce que quelqu'un peut me donner la nouvelle ligne editoriale de l'OLJ? J'ai comme l'impression que toute les teles sont devenues pro-aoun. moi je ne juge que sur piece. trop de deceptions avec ce sinistre personnage.

    George Khoury

    09 h 12, le 01 novembre 2016

  • LE CHEF DE L,ETAT EX GENERALISSIME DANS SON DISCOURS D,INVESTITURE A DONNE UNE DOUCHE FROIDE A SES EX FAUX ALLIES... QUI SE PREPARENT A S,ACHARNER CONTRE SAAD HARIRI POUR ESSAYER DE RECUPERER UN PEU DE TOUT CE QU,ILS ONT PERDU... LES EX MOUTONS CHRETIENS ET SUNNITES SE SONT REVEILLES... LA REVOLTE DU CEDRE VA SE MATERIALISER... ET RIRONT BIEN ET FORT CEUX QUI RIRONT LES DERNIERS...

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 24, le 01 novembre 2016

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