Carlos Matta, PDG de George V Eatertainment, à l’occasion d’une escapade familiale au Liban. Photo A.-M. E.-H.
Rien ne prédisposait ce Libanais d'origine à prendre la tête du groupe George V Eatertainment. Un concours de circonstances l'y propulsera en 2010, avec pour mission principale l'ouverture du Buddha Bar Hotel Paris en 2013, et le développement de ces boutiques hôtels de luxe à Prague, Budapest et en Italie, très bientôt.
C'est pourtant à une carrière bancaire que Carlos Matta se destinait, après des études en gestion d'entreprises à Montréal. Une carrière qui l'a mené au Qatar, au poste de directeur général adjoint de la Qatar National Bank. Il s'était d'abord essayé dans l'industrie en Arabie saoudite, puis au Liban, où il a dirigé le complexe touristique Aquamarina. Avant de jeter l'éponge. Car l'homme est ce qu'on appelle un touche-à-tout. Il s'est même lancé depuis 17 ans dans le transport et l'exploitation du bois au Cameroun. Avec succès. Et jongle désormais entre ses deux passions professionnelles, l'hôtellerie, la restauration, le loisir, d'une part, le bois, de l'autre.
Son secret? «L'honnêteté. Le respect des engagements. J'ai toujours honoré mes dettes», affirme-t-il à L'Orient-Le Jour à l'occasion d'une escapade familiale au Liban. Son carnet d'adresses bien fourni lui vaudra d'être recommandé par cheikh Nawaf ben Jassem pour représenter le Qatar au sein du groupe George V Eatertainment. Cet État du Golfe ayant acquis 38 % des actions du groupe hôtelier, propriétaire de l'enseigne Buddha Bar. «J'ai gardé de solides liens d'amitié au Qatar. Et puis le créateur du Buddha Bar, Raymond Visan, désirait se retirer. Il décédera d'un cancer quelques mois plus tard », raconte-t-il.
« Une des dix meilleures de Paris »
Respectueux de ses sacro-saints principes, Carlos Matta voit ses efforts récompensés après l'ouverture de l'hôtel 5 étoiles, rue d'Anjou, au cœur du triangle d'or parisien. Il faut dire que le concept de la maison plaît. À la fois « luxueux et branché », l'établissement de 56 chambres, dont 19 suites, attire une clientèle internationale aisée, jeune et moins jeune, à la recherche d'un luxe « décontracté et accessible».
Il peut aussi compter sur des atouts de taille, son emplacement unique à quelques mètres des grandes enseignes de la rue du Faubourg Saint-Honoré, son élégance feutrée, ses œuvres d'art, sa cuisine asiatique revisitée et son équipe jeune et motivée, voire « passionnée ». Son cheval de bataille? «Une terrasse exceptionnelle, rare en plein Paris», répond tout de go M. Matta, évoquant la terrasse intra-muros à ciel ouvert, «une des dix meilleures de Paris» selon l'Express, où se retrouve la jeunesse parisienne branchée pour un verre, un brunch, un dîner ou même une soirée foot, à l'occasion de l'Euro 2016... et qui «sera transformée en jardin d'hiver», pour la saison froide. Le décor s'y prête bien, l'hôtel étant aménagé « dans un bâtiment du 18e siècle qui servait autrefois d'écurie au duc d'Anjou».
Mais qu'en est-il de la clientèle libanaise? «Elle connaît bien le concept Buddha Bar, pour l'avoir expérimenté à Beyrouth», affirme-t-il. Alors, pour fidéliser cette clientèle, rien de mieux qu'un «service professionnel personnalisé», empreint « de chaleur libanaise », assure-t-il, louant les qualités de «cette équipe de passionnés » qui l'entoure. «L'essentiel est que les familles de passage se sentent chez elles», poursuit ce père de famille. De ce sourire dont il ne se départit jamais, Carlos Matta révèle aussi quelques projets d'expansion de l'enseigne déjà présente à travers le monde. Un nouvel hôtel en Italie, très bientôt. Un autre, ailleurs. Et des projets axés « sur la restauration, la night-life, et le concept du live-DJ introduit par Raymond Visan». Sourire énigmatique aux lèvres, l'homme n'en dit pas plus.
Carlos Matta ne craint pas les défis. C'est avec confiance qu'il les relève, muni de ce sourire paternel que lui connaissent ses équipes et d'une bonne dose de sagesse. Car le tourisme français est touché de plein fouet par les attentats terroristes. S'adapter, «sans changer de politique », est la meilleure option à long terme, quitte à «sacrifier quelque peu le chiffre d'affaires». «Nous parvenons à nous maintenir», conclut le PDG, se voulant optimiste, même dans l'adversité.
C'est pourtant à une carrière bancaire que Carlos Matta se...