Réfugiés : la Turquie a été laissée seule pendant longtemps (Guterres)

La communauté internationale a "laissé la Turquie seule pendant longtemps" en matière d'accueil de réfugiés, a estimé jeudi l'ancien Haut commissaire de l'Onu aux réfugiés, le Portugais Antonio Guterres, appelant à "renforcer l'aide" aux pays fournissant le premier accueil.

"La Turquie est le pays qui accueille le plus grand nombre de réfugiés, qui a gardé le plus longtemps ses frontières ouvertes, avec très peu de soutien de la communauté internationale", a souligné M. Guterres, candidat à la succession de Ban Ki-moon à la tête des Nations unies.
Selon lui, il faut "renforcer de façon significative l'aide humanitaire aux pays de premier accueil", qui subissent une "pression brutale" sur leurs économies, a-t-il déclaré au cours d'une rencontre avec la presse étrangère à Lisbonne.

"Ce que la communauté internationale a fait jusqu'ici avec la Jordanie et le Liban est manifestement insuffisant", a-t-il ajouté, appelant de ses voeux un "programme massif de relocalisation des réfugiés à partir de la Turquie, de la Jordanie et du Liban vers l'Europe mais aussi vers l'Amérique du Nord, l'Amérique latine, le Canada ou l'Australie".
Le Liban "accueille deux réfugiés pour trois Libanais", alors que "les réfugiés arrivés par mer en Europe sont environ deux pour chaque millier de citoyens européens", a-t-il rappelé.
La Turquie a quant à elle ouvert ses portes à 2,7 millions de réfugiés syriens et la Jordanie à 650.000, selon l'agence de l'Onu pour les réfugiés.

L'UE et Ankara ont conclu en mars un accord migratoire destiné à freiner le flux des migrants entrant en Europe en provenance de la Turquie, "dont on ne sait pas très bien comment il se traduit dans les faits", a estimé M. Guterres.
Cet accord est notamment menacé en raison d'un désaccord profond entre la Turquie et l'UE sur l'exemption de visas pour les ressortissants turcs dans l'espace Schengen.