La chaste étreinte de deux étudiants palestiniens fait scandale

Jamais ce jeune couple palestinien n'aurait pensé finir devant un conseil de discipline. C'est pourtant ce qui leur est arrivé pour s'être pris dans les bras dans la cour de leur université en Cisjordanie occupée.

Les deux étudiants, qui préfèrent ne pas divulguer leur identité, sont accusés d'avoir "contrevenu aux bonnes moeurs et aux traditions" dans une université située dans une zone réputée conservatrice de Cisjordanie. Eux pensaient avoir respecté les convenances à la lettre.

Jeudi matin, ils sont allés au tribunal pour signer leur acte de mariage. Ils étaient alors mari et femme au regard de la loi, mais pas de la société palestinienne pour laquelle seule compte vraiment la cérémonie de mariage et qui ne voit guère dans l'acte légal qu'une sorte d'officialisation des fiançailles.
Ils se sont ensuite rendus à l'université et, devant la foule de leurs camarades, il a passé la bague au doigt de sa fiancée. Puis il l'a prise dans ses bras.

"J'ai fait tout ce qu'il faut aux yeux de la coutume et de nos deux familles avant d'aller à l'université", dit-il à l'AFP. "Nous voulions célébrer ce moment avec nos camarades et je lui ai remis la bague, puis je l'ai prise dans mes bras, sans jamais attenter aux bonnes moeurs", dit le jeune homme, "mais aussitôt après, j'ai appris ma convocation devant le conseil de discipline".

L'histoire des deux amoureux, photographiés par la foule dans ce chaste mouvement de tendresse qui n'a choqué personne, a donné lieu à un débat extrêmement rare sur un tel sujet en Cisjordanie. Elle a submergé les réseaux sociaux où ont afflué des milliers de commentaires indignés.

Un internaute dénonçait "la société qui nous a appris à avoir honte de l'amour et à le cacher". Un autre accusait l'administration de l'université d'hypocrisie: "Là, ça c'est passé au vu et au su de tout le monde, combattez plutôt ce qui se passe en secret".

Le conseil de discipline doit encore décider quelle mesure prendre. Des sources au sein de l'université ont indiqué que le conseil cherchait une solution qui ne pénaliserait pas la scolarité des deux étudiants. Dans un communiqué, l'université a indiqué qu'il n'avait "jamais été question de renvoyer les deux étudiants".