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Culture - Exposition

Comment Fanny Seller a rattrapé « l’intemporalité de Beyrouth »...

L'artiste française revisite dans ses peintures des tranches de son vécu qu'elle mixe avec des histoires fantasmées puisées dans les images d'archives.

Entre fiction et réalité, Fanny Seller, traqueuse de fragments de mémoire.

Historienne de l'art et conservateur-restaurateur de fresques murales, Fanny Seller vit en alternance à Beyrouth depuis 1997. Après avoir enseigné à l'Alba et travaillé à la restauration des icônes byzantines, elle s'est réorientée vers la peinture de tableaux personnels, dans lesquels elle infuse des tranches de sa réalité mélangées à des fictions souvent inspirées de photos d'archives. En parallèle, elle enseigne depuis 2012 le yoga aux enfants et anime des ateliers de Recycl'Art à l'Institut français. Autant de disciplines, d'activités et d'expériences qui nourrissent les thèmes et les techniques de ses toiles et dessins exposés à la galerie Art on 56th*, jusqu'au 28 février, sous l'intitulé Timeless.

Empreinte des corps
Un accrochage dans lequel cette artiste française aux mille vies partage et interroge son vécu à Beyrouth. À travers, notamment, une série de représentations (à l'acrylique sur toile ou encore à l'aquarelle et encre de Chine sur papier) de la fameuse Mansion de Zokak el-Blatt. Dans cet immeuble délabré d'avant-guerre, transformé en résidence d'artistes multidisciplinaires, Fanny Seller a installé son atelier depuis deux ans. Pour cette férue d'exploration « des liens entre la mémoire des lieux et l'empreinte des corps dans l'espace », cela ne pouvait mieux tomber. Chaque recoin de cette maison dégage une telle énergie émotionnelle, recèle tant d'histoires réelles ou fantasmées, que leur retranscription sur toiles s'est quasiment imposée d'elle-même. De la cour sur jardinet défraîchi à la terrasse archaïque enserrée par la jungle de gratte-ciel avoisinants, en passant par la cage d'escalier à la rampe vétuste, le vieux salon évoquant un décor de film hitchcockien ou encore les diverses chambres aux murs décrépis reconverties aujourd'hui en studios et ateliers de création, Fanny Seller a « consigné » en dessin ou peinture « hyperréaliste » chaque pièce de cette bâtisse, tout en y introduisant, au moyen de petites silhouettes de personnages aux contours justes tracés, la fantaisie et la poésie d'une fiction narrative.

L'enfant qu'on a été ?
Dans cette exposition que l'artiste a voulue comme une ode, un hommage à « l'impermanence, l'intemporalité de Beyrouth », le visiteur est transporté, visuellement, dans un lieu, une ville, symboles de résilience mais aussi miroirs d'un temps qui passe. Celui de l'enfance, de l'insouciance de ses jeux, hante d'ailleurs les œuvres de Fanny Seller. En particulier, cette immense huile sur toile, divisées en 5 panneaux, dans laquelle elle s'est amusée à intégrer et mélanger, en les copiant de manière hyperréaliste, des portraits d'enfants de sa famille avec ceux de gosses des différents pays de la région du Moyen-Orient, dont elle a pioché les visages « dans les photos et cartes postales de la Fondation arabe pour l'image. La photographie d'archive est vraiment un socle de mémoire qui m'a permis de transformer les choses, et peut-être d'aller plus avant dans ma quête identitaire », indique cette artiste qui a mis plus de six mois à réaliser cette fresque. Une sorte de grande œuvre, impressionnante techniquement, où résonnent les échos mêlés de fragments de mémoires personnelle et collective, vive et dilatée. Et qui posent comme un reproche, comme un regret, cette lancinante interrogation : « Qu'ont-ils fait de nous ? »
(pour reprendre le titre de cette huile de 1m80 x 4m80). À découvrir.

* Gemmayzé, rue Youssef Hayeck. Tél. : 01-570331.

 

Pour mémoire
Quand l’image devient territoire

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