Inquiétudes pour le plus grand barrage d'Irak, menacé de rupture

Les Etats-Unis effectuent des examens du barrage de Mossoul, le plus grand d'Irak, car il présente des signes de détérioration qui pourraient mener à une rupture aux conséquences désastreuses, ont indiqué jeudi des responsables américains.

L'état du barrage, déjà fragile, a empiré en 2014 lorsque le groupe jihadiste Etat islamique (EI) s'en est brièvement emparé, mettant un terme à la maintenance nécessaire.
"Nous tentons actuellement de déterminer la probabilité d'une rupture du barrage", a déclaré aux journalistes le général Sean MacFarland, commandant de la coalition internationale contre l'EI.

Des ingénieurs américains ont placé des capteurs sur le barrage, et des plongeurs inspecté la structure.
Les Etats-Unis travaillent en étroite collaboration avec le gouvernement irakien, notamment sur un plan d'évacuation, a indiqué le général MacFarland.

Le barrage, opérationnel depuis 1984, a été construit sur un sol de gypse et de calcaire qui s'érode au contact de l'eau, ce qui a pour effet de creuser des cavités dans ses soubassements.
Depuis sa construction, le gouvernement irakien a essayé de consolider ses fondations en injectant du ciment dans le sous-sol et dans les cavités, ainsi qu'en contrôlant les fuites éventuelles.

Mais cette maintenant régulière a été suspendue en 2014 lorsque l'EI a "pris le contrôle du barrage pendant environ une semaine, durant laquelle (les jihadistes) ont volé la totalité des équipements (et) chassé tous les travailleurs", a indiqué le porte-parole de la coalition anti-EI, le colonel Steve Warren. "Lorsque nous avons repris le contrôle du barrage, l'équipement avait disparu et les travailleurs ne sont jamais vraiment revenus".

Le barrage est situé sur le fleuve Tigre, à quelque 50 km en amont de Mossoul, la 2e ville d'Irak contrôlée par l'EI depuis 2014. Il approvisionne en eau et en électricité la majeure partie de la région et est indispensable à l'irrigation de vastes zones de culture dans la province de Ninive.

Depuis sa mise en service, ses problèmes structurels lui ont valu d'être désigné comme "le barrage le plus dangereux du monde" par des ingénieurs de l'armée américaine (ACE) dans un rapport d'inspection de 2007. De hauts responsables américains ont mis en garde contre un risque de catastrophe majeure si le barrage s'effondrait, évoquant une vague de 20 mètres qui pourrait déferler sur Mossoul.