Azerbaïdjan : arrestation d'un jeune journaliste d'opposition

Un jeune journaliste azerbaïdjanais d'opposition, porté disparu depuis mercredi, a été arrêté pour avoir "résisté à la police", a déclaré vendredi son avocat qui estime que son arrestation a été orchestrée par le pouvoir.

Shirin Abbasov, 19 ans, a été arrêté "pour trente jours et est accusé d'avoir résisté à la police", alors que sa famille était sans nouvelles de lui depuis mercredi, a annoncé à l'AFP son avocat Elchin Sadikhov.
Le ministère azerbaïdjanais de l'Intérieur "a refusé de donner plus de détails sur les raisons de son arrestation", a-t-il ajouté, précisant qu'il n'avait pas eu le droit de rencontrer M. Abbasov. Selon l'avocat, le journaliste est "poursuivi à cause de son travail pour un média de l'opposition", Meydan TV.

Basée à Berlin, Meydan TV est une chaîne de télévision en ligne qui couvre l'actualité en Azerbaïdjan et est devenue la "cible du gouvernement", selon l'ONG Reporters sans frontières (RSF). "Nous estimons que M. Abbasov est en danger et nous demandons sa libération immédiate", a déclaré dans un communiqué Johann Bihr, responsable du bureau Europe de l'Est et Asie centrale de RSF, ajoutant être "extrêmement inquiet" pour le jeune journaliste.

Une autre journaliste de Meydan TV a été enlevée mercredi dans les rues de Bakou puis interrogée pendant plusieurs heures par des policiers en civil avant d'être relâchée, selon RSF.
Les ONG de défense des droits de l'Homme accusent les autorités azerbaïdjanaises d'avoir accru la répression contre l'opposition, les journalistes et la société civile depuis la réélection du président Ilham Aliev pour un troisième mandat en 2013.

Début septembre, la journaliste d'investigation et militante anti-corruption Khadija Ismaïlova a été condamnée à sept ans et demi de prison pour évasion fiscale, des accusations qu'elle dénonce comme montées de toutes pièces. Mme Ismaïlova a notamment enquêté sur la fortune présumée du clan Aliev, qui dirige cette ex-république soviétique riche en hydrocarbures depuis 1993.

En août, un couple de militants pour la défense des droits de l'Homme, Leyla et Arif Yunus, a également été condamné à de longues peines de prison dans une affaire dénoncée par les ONG comme orchestrée par le pouvoir. Ilham Aliev, 53 ans, dément toute accusation de non respect des droits de l'Homme, et son gouvernement dénonce ces critiques comme une campagne de diffamation envers le pays.