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Culture - Édition

Qui a envie d’une « Espresso Book Machine » ?

Imaginez si, d'un simple toucher du doigt, vous pouvez imprimer un livre en seulement quelques minutes, avec un résultat quasiment identique à celui d'une imprimerie traditionnelle.

C'est là l'objectif des développeurs de l'Espresso Book Machine, une invention qui pourrait révolutionner le monde de l'édition : permettre d'imprimer et de personnaliser des livres en temps réel, par exemple parce qu'ils ne sont plus publiés.
« C'est une grande opportunité pour tous », estimait Frédéric Mériot, directeur général des Presses universitaires de France (PUF), lors de la présentation d'un modèle dernière génération de la machine au Salon du livre de Paris en mars dernier. « J'ai été surpris par la qualité de l'accueil, explique M. Mériot à L'Orient-Le Jour. Certaines personnes préféraient avoir le livre imprimé devant eux plutôt que déjà publié pour pouvoir le personnaliser, par exemple. »

Aux États-Unis, l'Expresso Book Machine est déjà présente dans quelques universités et librairies, comme la McNally Jackson à New York. Dans cette enseigne chic du sud de Manhattan, la machine a conquis les clients depuis quatre ans déjà. « Tout le monde est très excité par rapport à cette technologie », estime Margaret Harrang, une employé de McNally Jackson. Dans cette librairie où quarante à soixante livres sont imprimés chaque jour, les clients sont non seulement des lecteurs avides de trouver des livres rares, mais aussi des écrivains. « Certaines personnes qui ont essayé sans succès les circuits de publication traditionnels viennent ici pour imprimer eux-mêmes leurs ouvrages. Ils sont heureux d'avoir pu trouver le moyen de faire entendre leur voix », explique Mme Harrang.

« Un livre numérique en papier »
Le coût conséquent de la machine, 80 000 euros, ne permettra pas à toutes les librairies d'en faire l'acquisition, mais Frédéric Mériot assure que ce ne sera pas nécessaire. Les librairies pourraient louer la machine et reverser un pourcentage des ventes. Une autre solution, compte tenu de la taille imposante de l'Expresso Book Machine, serait la mise en place d'un réseau permettant aux libraires d'être livrés en quelques heures sans avoir à accueillir la machine dans leurs locaux.

Michel Choueiri, l'un des administrateurs de l'Association internationale des libraires francophones (AILF) et qui dirige la librairie el-Bourj, située dans le centre de Beyrouth, tempère, lui, les prouesses attribuées à la machine, estimant qu'il n'existe « pas assez de titres disponibles pour justifier un tel investissement ».
Le succès de cette invention dépendra en effet de l'accueil que lui réserveront les maisons d'édition, partenaires indispensables en charge de fournir un catalogue à l'imprimante. « La solution qu'ils proposent se doit d'être complète. Ils proposent cette machine, mais pour imprimer quoi ? », se demande M. Choueiri, pour qui l'Expresso Book Machine n'est viable que si elle permet d'imprimer autre chose que de la presse universitaire et des auteurs qui n'ont pas trouvé d'éditeurs. « Pour l'instant, c'est de la science-fiction », assène-t-il.

Selon Frédéric Mériot, l'argument phare pour convaincre les éditeurs est l'opportunité de publier des livres dont la demande est trop basse pour qu'ils soient rentables avec le modèle d'impression traditionnel. « C'est un outil fantastique de pérennité du livre dans le temps, assure-t-il. À l'édition des Presses universitaires de France, tous les ans, nous avons entre 300 et 400 livres que nous ne publions plus. Avec cette machine, ils pourraient à nouveau être disponibles. »

Jusqu'ici, acheter un ouvrage qui n'est plus édité n'était possible que grâce aux livres numériques. « En fait, ce sont des livres numériques imprimés », constate M. Mériot. « Imaginez si le livre papier avait été inventé après le livre numérique, tout le monde aurait trouvé l'invention géniale : ça se conserve indéfiniment et ça ne doit pas être constamment rechargé. C'est la revanche du papier sur le numérique », analyse M. Mériot.


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