La police pakistanaise a annoncé lundi avoir commencé à interroger des suspects dans l'affaire du couple de chrétiens accusés de blasphème puis lynchés et brûlés par une foule musulmane la semaine dernière dans l'est du pays.
Shehzad Masih et sa femme enceinte Shama, deux pauvres ouvriers quasiment réduits en esclavage dans une usine de briques, ont été tués par 1 500 musulmans enragés par des rumeurs affirmant qu'ils avaient jeté aux ordures des pages où figuraient des versets du Coran.
Ces exécutions sommaires atroces - aucune preuve de culpabilité n'a été fournie, et on ne sait si les deux victimes étaient mortes ou non lorsqu'elles ont été jetées dans le brasier du four à briques où elles travaillaient - ont provoqué l'indignation.
Des responsables politiques aux citoyens ordinaires, en passant par les défenseurs des droits de l'Homme et responsables religieux de tous bord, elles ont été condamnées de manière unanimement rare dans un pays à 97% musulman où les meurtres de représentants des minorités, de plus en plus fréquents, passent régulièrement inaperçus et sont très rarement punis.
Après que le gouvernement s'est engagé à retrouver et châtier les coupables et ceux qui les ont incités, la police a arrêté 43 suspects.
Lundi, les quatre premiers d'entre eux ont été présentés devant un tribunal antiterroriste de Lahore, la grande ville de l'est du pays, qui les a placés en détention provisoire, a déclaré à l'AFP un magistrat sous couvert d'anonymat.
Dans la journée, près d'un millier d'écoliers chrétiens ont manifesté à Lahore pour dénoncer ces meurtres aux cris de "Nous voulons justice!", "Halte au meurtres des minorités !" ou "La peine de mort pour les assassins de Shehzad et Shama !".
Dimanche, plusieurs centaines de chrétiens avaient déjà manifesté leur peur et leur indignation dans plusieurs villes du pays.
L'affaire a également suscité l'indignation à l'étranger. Jeudi dernier, le cardinal français Jean-Louis Tauran, "ministre" du Vatican pour le dialogue interreligieux, s'était dit "choqué" par cette "barbarie" qui "humilie l'humanité tout entière".
Cette affaire a mis en lumière deux sources de violences croissantes au Pakistan, les accusations de blasphème contre l'islam et les attaques contre les minorités religieuses.
Les meurtres ont en outre été facilités par le système social encore moyenâgeux qui règle la vie des campagnes pakistanaises où des ouvriers sont encore réduits en esclavage.
Le couple Masih était en effet selon plusieurs témoignages en conflit avec son employeur, qui pourrait avoir joué un rôle dans les accusations de blasphème.
Dernières Infos
Chrétiens lynchés et brûlés au Pakistan : des suspects interrogés
AFP / le 10 novembre 2014 à 18h09
La police pakistanaise a annoncé lundi avoir commencé à interroger des suspects dans l'affaire du couple de chrétiens accusés de blasphème puis lynchés et brûlés par une foule musulmane la semaine dernière dans l'est du pays.Shehzad Masih et sa femme enceinte Shama, deux pauvres ouvriers quasiment réduits en esclavage dans une usine de briques, ont été tués par 1 500 musulmans...
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