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Moyen Orient et Monde

Sur les marches de l’escalier Potemkine, des milliers d’Ukrainiens

Bien que « les partisans du choix européen se soient révélés plus nombreux », les rues d’Odessa ont vu hier défiler des habitants prorusses.

Les drapeaux ukrainiens flottent au-dessus de la petite foule rassemblée en haut de l'escalier Potemkine qui plonge vers la mer Noire : à Odessa la russophone, les tensions séparatistes ont entraîné un sursaut de patriotisme ukrainien.
Depuis que la Crimée, à trois cents kilomètres de là, est passée de facto dans le giron de la Russie, un rassemblement réunit chaque jour quelques dizaines de personnes en haut des imposantes marches rendues célèbres par le film d'Eisenstein qui retrace la mutinerie du cuirassé Potemkine. « Nous défendons la souveraineté de l'Ukraine et nous voulons que l'Ukraine reste entière et indivisible », assure Anastassia Beloous, qui participe à l'attroupement au pied de la statue du duc Armand-Emmanuel de Richelieu, artisan du développement du port au début du XIXe siècle avant de rentrer en France servir Louis XVIII. « Beaucoup d'habitants d'Odessa descendent dans la rue pour qu'on nous entende et qu'on nous voie. Nous voulons éviter un scénario à la Crimée, nous ne pouvons pas permettre la division du pays », poursuit cette femme au foyer.
« Nous nous sommes toujours considérés comme appartenant au peuple ukrainien. Cela nous convient, nous ne voulons pas d'une quelconque alliance imposée par la force », tempête de son côté Elena Gordeeva, une juriste d'origine russe.
Ville russophone d'un million d'habitants et ancien joyau de l'Empire russe, Odessa n'a pas échappé aux tensions séparatistes après l'arrivée au pouvoir des leaders du mouvement pro-européen qui a abouti à la fuite du président Viktor Ianoukovitch en Russie. La situation dans ce port stratégique, par lequel transitent les trois quarts des marchandises qui arrivent en Ukraine, est d'autant plus suivie de près qu'il se trouve entre la Crimée et la Transnistrie, région séparatiste de Moldavie à majorité russophone. Comme dans les fiefs industriels de l'est de l'Ukraine, Donetsk, Kharkiv ou Lougansk, des manifestations prorusses ont agité la ville, réunissant des milliers de personnes brandissant des drapeaux russes et demandant un référendum sur un rattachement à Moscou.

Démonstration de force
Le 3 mars, environ 3 000 d'entre eux se sont lancés à l'assaut de l'administration régionale, y hissant le drapeau russe blanc bleu rouge à la place du drapeau jaune et bleu ukrainien. « Odessa a été fondée par la Russie. Un retour en Russie semble logique », estime ainsi Olexandre. L'homme arbore sur son manteau un ruban orange et noir, symbole de la puissance de l'armée impériale russe, prisé des pro-Russes dans toute l'Ukraine.
Mais le mouvement a entraîné une réaction ferme des défenseurs de l'unité de l'Ukraine, aussi bien des autorités qui ont arrêté un leader de la contestation prorusse que de la population. Bien que russophone, cette dernière est composée à plus de 60 % d'Ukrainiens de souche, contrairement à la Crimée où la majorité des habitants est d'origine russe. Résultat : quand des affrontements parfois meurtriers ont opposé les deux camps à Donetsk ou Kharkiv, les partisans de Kiev n'ont cessé d'organiser des rassemblements concurrents, sans incident majeur. Ils ont signé une véritable démonstration de force le 9 mars, quand des milliers d'entre eux se sont massés sur les quelque 200 marches de l'escalier Potemkine pour entamer l'hymne ukrainien. La vidéo a aussitôt fait le tour des réseaux sociaux.
Autre « coup », samedi, des pro-européens, loyaux à Kiev : les musiciens et les choristes de l'orchestre philharmonique d'Odessa ont surgi entre les étals du marché couvert Privoz et ont joué L'Ode à la joie de Beethoven, hymne de l'Union européenne, concluant leur prestation sous les applaudissements des clients.
« La tension est désormais retombée », constate le politologue Artem Filipenko, responsable local de l'Institut national des recherches stratégiques. « Les partisans du choix européen se sont révélés plus nombreux et cela a été décisif », explique-t-il. « La région d'Odessa penche du côté du maintien dans l'Ukraine », estime l'expert.

(Source : AFP)

Les drapeaux ukrainiens flottent au-dessus de la petite foule rassemblée en haut de l'escalier Potemkine qui plonge vers la mer Noire : à Odessa la russophone, les tensions séparatistes ont entraîné un sursaut de patriotisme ukrainien.Depuis que la Crimée, à trois cents kilomètres de là, est passée de facto dans le giron de la Russie, un rassemblement réunit chaque jour quelques...
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