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La loi électorale - Éclairage

Législatives 2009 : tout devrait se jouer dans quelques circonscriptions

Priorité aux élections. Désormais et jusqu’au printemps, toutes les prises de position et les polémiques politiques dans les deux camps sont dictées par des considérations électorales. Selon tous les pronostics, l’échéance législative s’annonce donc cruciale et mouvementée, et elle revêt des allures d’option politique plus que de choix entre candidats différents.
D’ailleurs, les protagonistes ne sont pas pressés de former leurs listes, les noms devenant, dans l’état de division actuelle du pays, des « valeurs ajoutées », selon l’expression du général Michel Aoun.
Pour l’opposition parlementaire actuelle, il s’agit donc de choisir la voie du dialogue et de l’ouverture, ainsi que celle de la résistance contre les menaces israéliennes permanentes, mais surtout celle de l’édification d’un État de droit et la lutte contre la corruption. Mais pour la majorité parlementaire actuelle, il s’agit plutôt de choisir entre les armes de l’État et celles du Hezbollah, et entre le retour de l’influence syrienne et la voie indépendantiste et souverainiste. On le constate aisément, les titres de la bataille ne font pas dans la nuance, et chaque partie force la dose pour gagner le plus grand nombre de partisans.
Pourtant, selon les experts et les différents instituts de sondage, aussi dure soit-elle, la bataille devrait essentiellement se jouer dans quelques circonscriptions.
Les études de l’opposition montrent en effet que les régions à majorité chiite ne font l’objet d’aucun suspense, les résultats étant acquis d’avance pour l’alliance chiite entre Amal et le Hezbollah. La seule inconnue réside encore dans les noms des candidats qui seront décidés à la lumière de considérations propres aux deux mouvements. On considère ainsi que les résultats des élections dans les circonscriptions du Liban-Sud sont déjà joués. Même chose à Baalbeck et au Hermel.
La situation est identique dans la plupart des circonscriptions à majorité sunnite et druze. Le Chouf est ainsi acquis à Walid Joumblatt, le Akkar, la troisième circonscription de Beyrouth, et Saïda au Courant du futur. Aley devrait faire l’objet d’un compromis entre le chef du PSP et le chef du Parti démocratique Talal Arslane.
Selon les études de l’opposition, certaines circonscriptions chrétiennes seraient déjà acquises « sauf surprises » au CPL, notamment Jbeil et le Kesrouan ainsi que Jezzine, dont les députés seront le fruit d’un accord entre le CPL et d’autres partenaires de l’opposition, ainsi que Baabda, où le bloc chiite dispose d’un grand nombre d’électeurs. Bécharré, elle, serait plutôt acquise aux Forces libanaises, selon la majorité. De même que Zghorta serait acquise au chef du courant des Marada, Sleimane Frangié.
En d’autres termes, la bataille devrait se jouer, pour les chrétiens, au Koura, à Batroun, à Zahlé, au Metn (sauf accord de dernière minute entre le courant de Michel Murr et celui de Michel Aoun, dont il est de plus en plus question) et à Achrafieh (la première circonscription de Beyrouth). Dans les régions sunnites, deux circonscriptions pourraient être le théâtre de batailles féroces, il s’agit de Tripoli et de la Békaa-Ouest.
Après le raz-de-marée du printemps 2005, Tripoli est désormais une grande inconnue. Deux indices sont à ce sujet révélateurs. Selon des sources tripolitaines de l’opposition, au cours de sa dernière visite dans la capitale du Nord, pour conclure la réconciliation historique entre Bab el-Tebanneh et Baal Mohsen, le chef du Courant du futur Saad Hariri aurait eu des échanges assez vifs avec des représentants des courants salafistes dans la ville. Ces derniers auraient, toujours selon l’opposition, critiqué l’attitude du Courant du futur au cours des événements qui ont secoué cette ville et sa politique « hésitante » à l’égard du courant salafiste, ainsi que le principe même de la réconciliation avec les alaouites. Autre indice perturbant pour le Courant du futur, toujours de même source tripolitaine, la dernière visite de la ministre de l’Éducation Bahia Hariri à Tripoli, où les mêmes sources de l’opposition révèlent qu’elle n’a pas reçu l’accueil populaire escompté. Depuis, le Courant du futur revoit sa politique dans la région et dans la circonscription de Denniyé, largement influencée par la tendance à Tripoli. Selon les études électorales de l’opposition, le choix des représentants de la ville reposera en définitive sur les alliances qui se noueront dans cette circonscription, notamment entre Omar Karamé, Nagib Mikati et Mohammad Safadi. Rien n’est donc encore joué, et les prochains mois devraient être déterminants pour le sort des élections dans cette circonscription. Même chose dans la Békaa-Ouest où le Courant du futur, qui l’avait emporté haut la main en 2005, doit désormais, selon l’opposition, affronter l’ancien ministre Abdel Rahim Mrad, dont la popularité aurait augmenté ces derniers mois, selon les mêmes sources. Zahlé, par contre, patauge dans le gris, les forces chrétiennes du 14 Mars y étant assez populaires, et les voix sunnites pouvant jouer un rôle important au cours de l’échéance législative, alors que le leader traditionnel Élias Skaff continue de jouir de la même popularité. Le Koura est tiraillé entre le Courant du futur et les Forces libanaises, d’une part, le PSNS et le courant des Marada de l’autre. Batroun hésite, lui aussi, entre le CPL et l’alliance de Boutros Harb avec les autres forces du 14 Mars. Quant à la première circonscription de Beyrouth, la bataille s’y annonce féroce entre les chrétiens de l’opposition et ceux de la majorité.
Tout devrait donc se jouer sur quelques sièges. Mais l’enjeu paraît si important que tout le Liban est mobilisé...
Priorité aux élections. Désormais et jusqu’au printemps, toutes les prises de position et les polémiques politiques dans les deux camps sont dictées par des considérations électorales. Selon tous les pronostics, l’échéance législative s’annonce donc cruciale et mouvementée, et elle revêt des...