L’arbre de Noël de la gare de Washington décoré par l’ambassade de Norvège.
C'est ce Cri, célèbre entre tous, rendu par les pinceaux du peintre norvégien de grand renom Edvard Munch, que l'on voit aujourd'hui transformé en ornement de Noël. Il a été décliné en 700 versions qui ont été accrochées sur un sapin de 10 mètres de haut, également garni de 20 000 petites lumières et de guirlandes de drapeaux américains et norvégiens. Ce sapin trône dans le hall central de la gare de Washington, « Union Station », imposante par ses arches, ses colonnades et ses gigantesques statues. Cet arbre de Noël est un cadeau de l'ambassade de Norvège à la capitale fédérale, une tradition suivie depuis 16 ans et qui consiste à offrir au peuple américain la décoration du gigantesque arbre de Noël de la gare. Et, en cette année 2013, le choix du thème a été le petit bonhomme de Munch au regard écarquillé qui pourrait aussi bien exprimer une belle surprise et pas nécessairement un sursaut d'effroi. En plus, sa version Noël est quelque peu scintillante : « Non simplement pour faire festif, explique l'ambassadeur de Norvège, M. Kara Aas, mais pour rester dans la tradition de notre pays, où les jours d'hiver sont réellement sombres. Durant 24 heures dans le Nord et 16 heures au Sud, ce qui a poussé les parents à accrocher sur les manteaux des enfants des pins lumineux, comme un rappel ensoleillé. »
Pour célébrer le 150e anniversaire de Munch
En fait, cette nouvelle optique de l'œuvre est aussi commémorative : cette année, on célèbre de par le monde le 150e anniversaire de la naissance d'Evdard Munch (1863- 1944), considéré comme le pionnier de l'expressionnisme. Et comme on le sait son Cri, peint en plusieurs versions entre 1893 et 1917 et qui détient le record de vente d'un tableau aux enchères, a fait l'objet de multiples convoitises. Ainsi, en 1994, ce tableau a été volé de la Galerie nationale d'Oslo. Trois mois plus tard, il est proposé au gouvernement norvégien pour une rançon de 1,2 million de dollars américains. Le gouvernement refuse et le tableau est retrouvé le 7 mai 1994, lors d'une descente effectuée par la police norvégienne et préparée en collaboration avec la police britannique et le Centre Getty .
Dix ans après, le 22 août 2004, l'un des Cri du musée Munch, le plus célèbre, ainsi que la Madone sont volés lors d'une attaque à main armée. Selon le journal suédois Svenska Dagbladet, le tableau aurait été brûlé. Toutefois, le 31 août 2006, la police norvégienne a annoncé avoir retrouvé les deux œuvres volées dans un état jugé « assez bon »
Cette œuvre symboliserait l'homme moderne en prise à une angoisse existentielle. Munch, lui, relate une vision qui lui a inspiré le Cri : « Je me promenais sur un sentier avec deux amis – le soleil se couchait – tout d'un coup le ciel devint rouge sang, je m'arrêtai, fatigué, et m'appuyai sur une clôture – il y avait du sang et des langues de feu au-dessus du fjord bleu-noir de la ville – mes amis continuèrent et j'y restai, tremblant d'anxiété – je sentais un cri infini qui traversait à travers l'univers et qui déchirait la nature. »
Et qui devient aujourd'hui un cri d'extase en cette période de fêtes.
À noter que souvent les pays représentés dans la capitale fédérale lui offrent des cadeaux à la fois symboliques et spectaculaires. Il y a plus d'un siècle, le Japon avait offert des plants de cerisiers dont le fleurissement est devenue l'un des labels de Washington.