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Pékin pour une coopération plus poussée avec le monde arabe - Partenariat

Pékin pour une coopération plus poussée avec le monde arabe

La Chine refuse d'être considérée « comme un pays fort ou comme un pays donateur ». Mais dans le cadre de sa politique d'ouverture sur le monde arabe, elle tient « à prendre ses responsabilités » et à développer, outre des relations d'amitié, des échanges commerciaux, touristiques et politiques.

Pékin souffre des embouteillages, comme toutes les grandes villes du monde.

Dans les années 70, l'ambition du Chinois moyen était de posséder une montre, une bicyclette et une machine à coudre. Aujourd'hui, il a revu ses ambitions à la hausse. Il a désormais pour objectif de s'acheter un logement et une voiture, et de fonder une famille. Cette anecdote, rapportée par la télévision publique chinoise CCTV, version anglaise, en dit long sur les changements profonds qui bouleversent la société chinoise. Des changements dans la qualité de vie de la population en nette amélioration, dans la mise en place de réformes, mais surtout dans l'ouverture de l'empire du Milieu au monde, ces trente-cinq dernières années.

Cette politique d'ouverture, Pékin la clame haut et fort. Soucieux d'attirer les investissements étrangers et de développer les échanges avec le monde, autrement dit avec les pays riches, avec les économies en mutation et avec les pays en développement. Car l'ouverture est pour la Chine un moyen d'accéder au savoir-faire et à la technicité nécessaires à son propre développement et celui de sa population qui dépasse un milliard 350 millions d'habitants.

C'est dans le cadre de cette politique qu'un groupe de journalistes des pays arabes, parmi lesquels L'Orient-Le Jour, a été invité en Chine, notamment à Pékin, Shanghai et dans la province d'Anhui. Et ce pour véhiculer la détermination du deuxième partenaire économique du monde arabe à développer encore plus ses liens avec cette région en développement, en dépit des tensions liées au « printemps arabe ».

Soutien à un État palestinien indépendant
En une douzaine d'années, les échanges commerciaux entre la Chine et ses partenaires arabes ont été décuplés. « Ils atteignent aujourd'hui 220 milliards de dollars », affirme le ministre chinois en charge des Affaires de l'Asie de l'Ouest et de l'Afrique du Nord, Chen Xiaodong, lors d'une rencontre avec les journalistes arabes au ministère des Affaires étrangères, dans la « capitale du Nord ». Pékin salue les relations privilégiées et stratégiques qu'il entretient avec l'Égypte, l'Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et l'Algérie, notamment. « Nous voulons développer des relations avec davantage de pays arabes », souligne le responsable qui a été diplomate en Égypte, en Arabie saoudite et en Jordanie. « C'est dans cette optique que nous avons reçu des dirigeants de Palestine et de Jordanie », assure-t-il.
Le développement de ces relations passe bien entendu par les échanges touristiques qui atteignent le chiffre de 2 000 visiteurs par jour. « Les Chinois représenteront très bientôt un potentiel de 400 millions de touristes », lance-t-il à l'intention des pays arabes, les invitant à tirer profit de ce marché en développement. « Plus de 10 États arabes sont d'ailleurs sur la liste touristique de la Chine. »

Même volonté de la part de Pékin de tisser des relations politiques plus étroites avec le monde arabe. « La Chine soutient les causes justes. » Le diplomate évoque le soutien de son gouvernement à la cause palestinienne. « La Chine appuie la mise en place d'un État palestinien indépendant sur base des frontières de 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale », précise-t-il. « Elle est aussi en faveur du principe de la terre contre la paix », explique-t-il, invitant les Israéliens à faire un pas sur le dossier des colonies. Mais la deuxième puissance économique mondiale assure ne pas déroger à la règle qu'elle s'est fixée : « Nous sommes le seul pays parmi les 5 grands à ne pas nous mêler des affaires intérieures des pays », assure M. Chen. Car la Chine « n'a pas le moindre intérêt égoïste » dans la région.

Assistance aux réfugiés syriens du Liban
Le diplomate insiste, en revanche, sur la nécessité de « soutenir les changements dans les pays arabes » et les aspirations populaires, « les mêmes que celles du peuple chinois dans le cadre de son développement ». La Chine « veut contribuer au développement des pays arabes, par la mise en place de réformes ». Mais pour y parvenir, « la stabilité est indispensable », observe le ministre, invitant les pays arabes à profiter de l'expérience chinoise dans le domaine. Il estime toutefois nécessaire de tisser des liens d'amitié au préalable.
Pékin accorde donc des aides aux pays les plus pauvres, dans le cadre de sa politique de coopération Sud-Sud, car il ne se considère pas comme un pays donateur, ni comme une puissance. « Une aide qui s'est élevée à plus de 23 milliards de yuans », note Chen Xiaodong. Le Liban figure parmi les pays qui ont bénéficié de dons du gouvernement chinois. « Nous avons accordé une assistance à trois reprises aux réfugiés syriens du Liban », indique-t-il à ce propos. « Nous continuerons à aider les pays d'accueil des réfugiés syriens, qui souffrent de problèmes économiques liés à cet afflux », assure le ministre. Il ne manque pas d'évoquer, par ailleurs, les liens d'amitié vieux de 44 ans entre la Chine et le Liban, de même que la coopération entre les deux pays. Avant d'inviter toutes les parties à travailler en faveur de la stabilité au Liban, car le pays du Cèdre « mérite qu'on se penche sur sa sécurité ». Et de se prononcer en faveur « d'une solution politique à la crise syrienne », qui seule serait susceptible de résoudre le problème des réfugiés. Le diplomate est d'ailleurs certain que l'accord scellé en novembre dernier à Genève entre les grandes puissances (le groupe des 5+1) et l'Iran sur le nucléaire « permettra d'instaurer la stabilité au Moyen-Orient, et plus particulièrement dans le Golfe ».

Apprentissage de la langue arabe
Quelques exemples concrets permettront de mieux percevoir la politique d'ouverture chinoise en direction de « la nation arabe ». « Une nation complémentaire de la société chinoise agricole, connue pour sa force dans le commerce », comme la qualifie Zhang Yansheng, universitaire et secrétaire général du comité académique de la Commission du développement national et de la réforme de la Chine (NDRC).

La chaîne publique de télévision CCTV (China central television ou Chinese central television) est diffusée par satellite dans les pays arabes, 24 heures sur 24. Depuis 2009, une chaîne en langue arabe a même été créée. Au Liban, c'est par le biais de « Asia Satellite 3 » qu'elle touche le téléspectateur, avec ses versions arabophone, anglophone et internationale. CCTV avec ses programmes variés sur la Chine, ses informations et ses cours de langue chinoise (le mandarin) est considérée par les autorités de Pékin comme étant « la plus grande fenêtre » permettant au monde arabe de connaître l'empire du Milieu. La télévision nationale, qui touche plus d'un milliard de Chinois avec 45 chaînes, invite aujourd'hui les médias arabes à coopérer avec elle, notamment au niveau des droits de diffusion, de l'échange de programmes, de journalistes et d'expertises ou du doublage d'émissions en langue arabe.

Autre preuve de la volonté d'ouverture de la Chine sur les pays arabes : environ 35 universités enseignent actuellement la langue arabe à travers le pays, sans parler des écoles coraniques. Parmi lesquelles l'Université de Beijing (Pékin) pour les langues étrangères et son département de langue arabe et d'études islamiques. Un département créé il y a 50 ans déjà, qui regroupe aujourd'hui 280 étudiants environ. Ces derniers apprennent l'arabe par curiosité, par amour de la langue et de la culture islamique, ou par désir de travailler avec les pays arabes. « Plus de 300 000 ressortissants chinois travaillent actuellement dans les pays arabes, principalement à Dubaï », constate le doyen du département de langue arabe, le professeur Xue Qing Guo.

Le moteur de recherche chinois Baidu (cent degrés) est le troisième exemple d'ouverture de la Chine sur le monde arabe. Cet équivalent de Google, en mandarin, progresse à pas de géant. Créé en 2000 par deux entrepreneurs, il s'est déjà approprié 80 % du marché chinois et emploie 10 000 personnes. Baidu est aujourd'hui consulté par 500 millions d'utilisateurs en Chine et par près de 100 millions d'internautes dans le monde. À tel point qu'il s'implante dans le monde arabe. Déjà opérationnel en Égypte par le biais du site ar.hao123.com, il se prépare à s'installer à Dubaï et à diffuser ses données en langue arabe dès l'année prochaine. « Notre objectif est de couvrir la moitié des habitants de la Terre », souligne la responsable du département des affaires publiques, Yolanda Yu. Une phrase qui exprime bien l'ambition sans limites du groupe qui fait la fierté de la Chine.

Pékin voudrait aller encore plus loin avec le monde arabe. « Nous espérons une ouverture médiatique plus importante », souligne Yan Jiarong, conseillère du directeur de l'information au ministère des Affaires étrangères. Une couverture qui montrerait, comme le souhaite Pékin, les bouleversements qui touchent la société chinoise, et plus spécifiquement l'amélioration sensible du niveau de vie des habitants.

 

Dans les années 70, l'ambition du Chinois moyen était de posséder une montre, une bicyclette et une machine à coudre. Aujourd'hui, il a revu ses ambitions à la hausse. Il a désormais pour objectif de s'acheter un logement et une voiture, et de fonder une famille. Cette anecdote, rapportée par la télévision publique chinoise CCTV, version anglaise, en dit long sur les changements profonds...