William Boyd, aussi scénariste de trois romans de Flemming.
«En 1969, alors qu'il venait juste de célébrer son 45e anniversaire, l'agent spécial britannique 007 est convoqué au quartier général de son service et se voit assigner pour mission de réprimer un mouvement de rebelles menaçant le régime établi au Zanzarim, un État de l'Afrique de l'Ouest... »
Ce n'est pas, « dixit » Ian Flemming (décédé en 1964), le père du flamboyant espion au service de sa Gracieuse Majesté, mais l'un de ses actuels concitoyens et non moins écrivain connu William Boyd qui vient de rédiger à sa manière une aventure de 007 qu'il a intitulée Solo. Et il s'est lancé dans cette aventure dans le cadre d'un projet initié par les légataires de l'œuvre d'Ian Flemming, qui (à l'occasion de son centenaire, en 2008) ont demandé à des auteurs connus d'envoyer Bond dans des missions de leur cru. Ce qu'ont déjà fait le Britannique Sebastian Faulks (avec Devil May Care, qui reprend le héros là où l'avait laissé Flemming) et l'Américain Jeffery Deaver (Carte Blanche qui le promène dans l'actualité, de Londres à Dubaï, à l'Afrique du Sud).
William Boyd s'en est tenu à la formule « bondesque » : Q et M, les deux responsables du M16 + leur secrétaire Miss Moneypenny + des voitures super-rapides + des femmes superbelles et supérieures + des virées de par la planète + dans la balance, le sort du monde. Il en fait le moteur d'une performance, dans les années 60, de l'espion des espions qu'il place dans un cadre qui lui est des plus familiers : l'Afrique. Car Boyd est né (il y a 61 ans) au Ghana qui lui a inspiré les titres suivants : Un Anglais sous les tropiques, Comme neige au soleil et Brazzaville Plage.
James Bond jamais trahi
Et quand il emmène l'agent 007 dans ce continent noir qu'il aime tant revisiter, il le plante dans une nation postcoloniale imaginaire, le Zanzarim, qui est d'un grand intérêt pour les Britanniques à cause de « son immense océan souterrain de pétrole». Le gouvernement et les rebelles ne cessent de se disputer cet espoir d'or noir. Va donc intervenir l'espion vedette du Royaume-Uni sous les traits d'un journaliste français chargé d'interviewer le chef des rebelles, le brigadier Salomon Adeka ou « le Napoléon africain ». En réalité, il est là pour le neutraliser. Mais à quel prix. Quoique secondé par une beauté intello sortie en droite ligne de Cambridge et Harvard, et, néanmoins, chef de station du M16 dans ce pays, il sera confronté non seulement à la brutalité de l'ennemi, mais au tableau affligeant des séquelles de la guerre civile, notamment la malnutrition des enfants. Révolté par ces « visions surréelles de l'enfer », on le verra mu par un grand sens moral qui le poussera à élargir sa mission, ne craignant pas de mener des opérations de sa propre initiative. Des actions en « solo » dignes de sa réputation. Il va remuer ciel, terre et les services de renseignements du monde pour vaincre le mal.
À noter que William Boyd avait auparavant signé trois des scénarios des films de James Bond qui étaient respectivement interprétés par Sean Connery, Pierce Brosnan et Daniel Craig. S'il devait opter pour un alter ego cinématographique de Solo, son choix irait à Daniel Day Lewis. De sa recréation de 007, le New York Times dit : « Tout en lui injectant, cette fois, le poids de la realpolitik, Boyd ne trahit jamais Bond. Et il prouve qu'il reste encore des pages à remplir dans le passeport de ce personnage et donc des kilomètres à effectuer dans des vols de première classe : avec, en prime, un verre de Martini à portée de main et une hôtesse toujours disponible. »