Bahreïn: heurts entre police et manifestants avant un forum international

Des affrontements ont opposé vendredi à Bahreïn les forces de l'ordre à des manifestants réclamant des réformes démocratiques avant l'ouverture à Manama d'un forum annuel en présence de responsables internationaux, selon des témoins.

Bahreïn, un petit archipel du Golfe, est secoué depuis février 2011 par un mouvement de contestation animé par les chiites, majoritaires, réclamant des changements dans le royaume dirigé par la dynastie sunnite des Al-Khalifa.

Lors de rassemblements dans les villages chiites de Sanabis, Deraz, Sitra et Diya, autour de Manama, des dizaines de protestataires, principalement des jeunes, ont jeté des pierres et des cocktails molotov sur les policiers et bloqué les routes en brûlant des pneus.
La police a répondu par des tirs de gaz lacrymogène et de bombes assourdissantes pour disperser ces rassemblements mais sans faire de victime, ont précisé les témoins.

Dans le village de Sar, près de Manama, des milliers de personnes ont répondu à l'appel à manifester lancé par le puissant parti d'opposition chiite Al-Wefaq.
Ils brandissaient des pancartes à l'intention des responsables étrangers, dont des Britanniques et des Américains, attendus pour le forum annuel sur la sécurité régionale qui s'ouvre dans la soirée à Manama.
"Pourquoi soutenez-vous la démocratie dans d'autres pays mais pas à Bahreïn?" pouvait-on lire sur l'une d'elles.

Le ministre britannique des Affaires étrangères William Hague doit prononcer le discours d'ouverture au forum et le chef du Pentagone Chuck Hagel s'adressera aux participants samedi.
Des témoins ont fait état d'un dispositif de sécurité renforcé dans les villages chiites et de barrages routiers mis en place sur les axes menant à un complexe hôtelier où le "dialogue de Manama" se tient.

Face à la persistance du mouvement d'opposition qui réclame une monarchie constitutionnelle, le pouvoir a alourdi les peines pour les auteurs de violences et introduit la peine de mort ou la prison à perpétuité en cas de morts ou de blessés. Les autorités ont également interdit les manifestations à Manama.

Selon la Fédération internationale des droits de l'Homme (FIDH), 89 personnes ont été tuées à Bahreïn depuis le début de la contestation.
Bahreïn, situé dans le Golfe face à l'Iran, abrite le quartier général de la Ve flotte américaine.