Russie : un site d'information privé de licence après la diffusion d'un clip des Pussy Riot

Le site d'informations russe Rosbalt a été privé jeudi de licence par une décision de justice pour usage de "langage grossier", après avoir diffusé une chanson du groupe contestataire Pussy Riot.

Le tribunal municipal de Moscou a satisfait la requête de l'agence de surveillance des communications, Roscomnadzor, qui a demandé d'annuler la licence de Rosbalt, a indiqué l'agence Rapsi.

La semaine dernière, Rosbalt avait déjà été condamnée à verser une amende pour avoir diffusé des clips vidéo où l'on entendait des "jurons".

L'un des clips est une nouvelle chanson du groupe Pussy Riot, dont deux jeunes femmes purgent actuellement une peine de deux ans de prison pour avoir chanté une "prière" punk contre Vladimir Poutine dans la cathédrale du Christ Sauveur à Moscou.

Cette chanson parle notamment d'Igor Setchine, influent patron du groupe pétrolier Rosneft et proche de Vladimir Poutine, a raconté l'adjointe au rédacteur en chef de Rosbalt Iana Morozova dans une interview disponible sur le site de la radio Echo de Moscou.

"Après avoir reçu un avertissement de Roscomnadzor, nous avons retiré les clips de notre site. Un peu plus tard nous avons été convoqués au tribunal", a-t-elle raconté.

"Notre position n'a pas intéressé la juge (...) Elle a écouté la position de Roskomnadzor et a pris la décision", a indiqué le rédacteur en chef de Rosbalt Nikolaï Oulianov après le jugement.

"La rapidité avec laquelle le jugement a été rendu nous fait penser" à une affaire aux motifs politiques, a-t-il ajouté.

L'ONG Reporters sans frontières (RSF) a dénoncé la décision de justice russe en estimant qu'elle constituait "un précédent extrêmement dangereux pour la liberté de l'information en Russie".

"Rosbalt est non seulement victime d'une loi répressive qui prévoit des sanctions disproportionnées, mais également d'une procédure judiciaire absurde et inéquitable : l'agence est condamnée pour des contenus dont elle n'est pas l'auteur, sur le fondement d'éléments de preuve irrecevables", souligne RSF.