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Culture - Installation

Cynthia Zaven dans le bunker de Tito...

Situé à une heure de Sarajevo, l’ancien abri antiatomique du maréchal Tito, aujourd’hui reconverti en musée de la guerre froide, sert aussi de plateforme, depuis 2011, à la Biennale d’art contemporain de Konjiç Bosnie-Herzégovine. Parmi les œuvres exposées, une installation sonore signée Cynthia Zaven, pertinemment intitulée : « A Bunker Fairy Tale » (« Conte de fées dans un bunker »).

Cynthia Zaven au cours d’une performance dans le cadre d’Irtijal, en 2012. (Photo Tony Elieh)

Une œuvre qui distille, au moyen de sonorités, bruitages, dialogues improbables entre personnages de contes (Alice et Peter Pan) plaqués sur de joyeuses images d’enfance et de réunions festives dans le Beyrouth d’avant-guerre, une atmosphère sourde de pré-catastrophe. Une installation qui dégage aussi une impression de recherche d’un temps perdu : celui de l’enfance, dont les souvenirs offrent souvent un chimérique refuge aux adultes dans les moments difficiles...
Autant de thématiques qui s’accordent avec l’esprit de ce lieu : un abri antiatomique surgi intact du passé européen, avec son aménagement des années 60. Et son flot d’évocations d’un climat de divisions idéologiques et de peurs...Qui persistent encore sous d’autres latitudes !
Chef de file des pays non-alignés – qui refusaient d’appartenir à un bloc ou à un autre pendant la guerre froide – le maréchal Tito, qui a dirigé l’ex-Yougoslavie de 1945 jusqu’à 1980, s’était fait construire un abri antinucléaire qu’il n’a – heureusement – jamais utilisé. Un bunker, tout en dédales, creusé dans les entrailles d’une montagne à Konjiç, à 50 km de Sarajevo. Et auquel on accède au moyen d’une ouverture secrète à l’intérieur d’une petite maison adossée à un massif rocheux situé en plein paysage alpin romantique.
Aujourd’hui reconverti en musée militaire de l’époque socialiste et de la guerre froide, il est aussi destiné à héberger un second musée d’art contemporain cette fois.

Conte de fées dans un abri antiatomique
Un musée dont la collection permanente est en voie de constitution. Et dont cette biennale, instituée il y a deux ans et qui devrait se poursuivre encore l’espace de deux ou trois éditions, doit fournir l’intégralité du fonds d’œuvres.
Ainsi, sur la soixantaine de pièces artistiques réunies par les deux premières biennales, figure l’installation de la plasticienne et musicienne libanaise Cynthia Zaven.
Une œuvre métaphore du « refuge » que représentent les souvenirs d’enfance. Et qui explore le concept de mémoire dans un espace qui n’a pas été affecté par le passage du temps. Une installation qui se présente sous forme d’une vidéo de 8 mn, dont la première partie est un extrait d’un film d’anniversaire de l’artiste tourné en 1975 – l’année de déclenchement de la guerre libanaise – et dont la seconde partie déroule des scènes muettes d’une réunion festive à Beyrouth à la Noël 1972. Des images projetées sur l’un des murs de la chambre de radio-communication du bunker et accompagnées d’une bande-son – incluant l’alphabet phonétique, en usage dans l’aviation militaire ! – provenant de 12 speakers placés de part et d’autre de la pièce.
Repérée en 2006 au cours d’une exposition au BAC par la commissaire d’exposition Basak Senova, Zaven a été invitée à participer à la Biennale de Konjiç en Bosnie, dont elle est la cocuratrice avec Branko Franceschi. Ce dernier expliquant que « le choix des artistes a été fait en fonction des défis spécifiques de ce lieu, qui n’est pas une simple galerie et qui nécessite de la patience, de l’ingéniosité et une vision », toutes ces particularités s’appliquent au travail et au parcours de Cynthia Zaven.
Musicienne, pianiste, compositrice de bandes-son pour le théâtre et le cinéma (elle a, entre autres, signé les BO de pièces de Roger Assaf et de films de Fouad el-Khoury, Ghassan Salhab ou encore Carlos Chahine), cette artiste sensible et douée a, du plus loin qu’elle s’en souvienne, toujours baigné dans l’univers des notes. Celles du piano classique, qu’elle a commencé à pratiquer très jeune, puis celles, plus libres, des musiques improvisées aux performances desquelles elle participe depuis peu.
C’est en 1996, lors d’une collaboration musicale avec la plasticienne Catherine Cattaruzza sur une installation intitulée « Silence bien plus tard » réalisée à l’église Saint-Élie de Beyrouth encore en ruine, que Cynthia Zaven s’engage dans la voie qui la mène de la musique pure vers la performance artistique et l’image. Cette dernière devient ainsi pour elle l’indispensable « extension du son ».
Depuis, à travers des installations, elle explore les liens entre mémoire, identité et sons. Ses œuvres, composées d’un dialogue entre ces trois éléments, offrent ainsi des effets sensoriels originaux. Et des expériences plutôt inédites.
À l’instar de son concert-installation de 72 baffles diffusant du haut de la tour Klangturm à Bienne, en Suisse, en 2002. Ou encore, en 2006, son récital de piano improvisé en Inde où, installée à l’arrière d’un camion sillonnant New Delhi, elle explorait le dialogue piano-klaxons-sons urbains...
Cynthia Zaven, un parcours à suivre !
Une œuvre qui distille, au moyen de sonorités, bruitages, dialogues improbables entre personnages de contes (Alice et Peter Pan) plaqués sur de joyeuses images d’enfance et de réunions festives dans le Beyrouth d’avant-guerre, une atmosphère sourde de pré-catastrophe. Une installation qui dégage aussi une impression de recherche d’un temps perdu : celui de l’enfance, dont les...

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