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L’opposition vénézuélienne saisira-t-elle enfin sa chance ? - Mutinerie

La police reprend le contrôle de la prison d’Uribana

Les forces de sécurité ont entièrement fouillé et évacué le centre pénitentiaire, mais n’ont pas encore fourni de bilan officiel.

Les familles et proches des détenus d’Uribana sont empêchés par les forces de sécurité de s’approcher de la prison. Leo Ramirez/AFP

Les forces de sécurité vénézuéliennes ont repris hier le contrôle de la prison d’Uribana, dans l’État de Lara dans le nord-ouest, en proie depuis vendredi à une mutinerie dans laquelle au moins plusieurs dizaines de personnes sont mortes et plus d’une centaine blessées, selon un premier bilan. Le pénitencier a été complètement évacué hier et les forces de l’ordre procédaient à une « fouille approfondie » des bâtiments, a annoncé la ministre des Affaires pénitentiaires, Iris Varela, sur son compte Twitter. L’évacuation s’est déroulée « dans le calme », sans que les prisonniers qui ont été fouillés au corps un à un n’opposent de résistance, a déclaré Mme Varela à la chaîne de télévision publique VTV. Vendredi, une inspection de la prison d’Uribana pour y rechercher des armes avait déclenché la mutinerie de détenus armés qui avaient « ouvert le feu sur des agents de la garde nationale », avait auparavant expliqué la ministre qui n’a pas encore rendu public le bilan officiel de l’opération.
Le gouvernement a ordonné une enquête sur la tragédie, l’un des épisodes les plus sanglants des dernières décennies dans les prisons du pays. Mme Varela avait annoncé samedi à la presse que le centre pénitentiaire serait entièrement évacué et que les 2 500 détenus seraient transférés dans d’autres prisons. Samedi soir, Ruy Medina, directeur de l’hôpital central Antonio Maria Pineda, a fait état de « 61 morts », dont la plupart tués avec des « armes d’assaut », et « 120 blessés », dont 90 sortis de l’hôpital, 18 restant à l’hôpital local d’Uribana et 12 à l’hôpital militaire.
Pendant ce temps, les familles des détenus, elles, cherchaient désespérément des nouvelles de leurs proches. « Je ne sais pas si mon fils est vivant ou mort derrière ces grandes portes », déplorait Elvira Rodriguez, dont le fils Joseph est incarcéré depuis deux ans dans l’attente de son procès pour enlèvement. « Je l’ai cherché dans tous les hôpitaux », en vain. « Les gens se demandent pourquoi ils ont massacré tant de personnes, il y a beaucoup de blessés par balles », expliquait pour sa part Linelida Alvarez, la mère d’un détenu de 21 ans. « On dirait un film de guerre, avec des tanks, des tirs et trop de fumée », racontait Carmen Garcia, mère d’un prisonnier, aux côtés de 200 autres proches de détenus empêchés de s’approcher à moins de 300 mètres de la prison par un périmètre de sécurité.
Les médias ont montré des images de barrages installés aux environs de la prison par la garde nationale, de transferts de prisonniers avec des vêtements tachés de sang, et les membres éplorés de familles de prisonniers, surtout des femmes, attendant des informations. « À qui va-t-on faire porter la faute de ce nouveau massacre dans une prison de notre pays ? Le gouvernement est incapable et irresponsable », a critiqué sur Twitter le chef de l’opposition Henrique Capriles.
Selon l’Observatoire vénézuélien des prisons (OVP), la prison d’Uribana a été conçue pour 850 détenus, « mais elle en compte 2 500 actuellement ». Elle se caractérise notamment par de violents affrontements à l’arme blanche entre des prisonniers pour qui il s’agit autant d’un divertissement que d’une manière d’acquérir du prestige, selon l’ONG. Toutes les prisons vénézuéliennes connaissent une forte surpopulation, beaucoup d’insalubrité, et les violences entre les détenus sont fréquentes. Les chiffres officiels font état de 50 000 prisonniers dans le pays alors que les infrastructures carcérales sont prévues pour en accueillir 14 000.
(Source : AFP)
Les forces de sécurité vénézuéliennes ont repris hier le contrôle de la prison d’Uribana, dans l’État de Lara dans le nord-ouest, en proie depuis vendredi à une mutinerie dans laquelle au moins plusieurs dizaines de personnes sont mortes et plus d’une centaine blessées, selon un premier bilan. Le pénitencier a été complètement évacué hier et les forces de l’ordre...