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Londres a demandé en février à Amman de gracier Abou Qatada pour l'extrader

Le Royaume-Uni a demandé en février à la Jordanie de gracier le Jordanien Abou Qatada, afin de pouvoir l'extrader, a révélé jeudi un ancien ambassadeur devant le tribunal qui étudie l'extradition de l'islamiste.

La "Commission spéciale des recours concernant l'immigration", une juridiction chargée des expulsions "sensibles" liées à la sécurité nationale britannique, se penche depuis mercredi à Londres sur l'appel d'Abou Qatada déposé pour bloquer son extradition vers la Jordanie.

Il doit y être rejugé après avoir été condamné par contumace à 15 ans de travaux forcés dans son pays pour la préparation d'attentats.

Anthony Layden, un ancien ambassadeur britannique en Libye spécialiste de ce genre de négociations, a précisé devant cette juridiction la nature des discussions qui ont eu lieu le 14 février au cours d'une réunion en Jordanie avec le secrétaire d'Etat britannique à la sécuritéJames Brokenshire.

"Je pense que la question d'une grâce avait été posée antérieurement et que M. Brokenshire demandait une réponse", a déclaré devant la commission M. Layden.

Interrogé par l'avocat d'Abou Qatada, il a reconnu que cette grâce avait été demandée parce que les preuves de l'implication de l'islamiste dans la préparation d'attentats avaient été "obtenues sous la torture".

En janvier, la Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH) avait bloqué l'extradition de l'islamiste au motif que cette mesure aurait violé ses droits à un procès équitable en Jordanie car des preuves obtenues sous la torture pourraient être retenues contre lui.

Le gouvernement britannique a ensuite demandé aux procureurs jordaniens s'ils seraient prêts "à s'engager par avance à ne pas utiliser les preuves" obtenues sous la torture, mais les Jordaniens ont refusé, a également dit M. Layden.

En avril, le gouvernement jordanien a assuré que celui qui avait été un temps considéré comme le chef spirituel d'Al-Qaïda en Europe, aurait droit à un nouveau procès équitable s'il était extradé par la Grande-Bretagne.

En mai, la CEDH a finalement ouvert la voie à son extradition.

M. Layden a estimé qu'en cas d'extradition, Abou Qatada "allait bénéficier d'un procès qui sera suffisamment juste pour nous acquitter de nos responsabilités" quant à la protection de ses droits, tout en reconnaissant que "le respect des droits de l'Homme en Jordanie laissait généralement beaucoup à désirer".

L'examen de l'appel de l'islamiste devant la Commission des recours devrait durer sept jours et la décision ne devrait pas être connue avant le mois prochain.

Mercredi, le juge Mitting qui préside la commission, a estimé que certaines des preuves de l'implication d'Abou Qatada dans un complot terroriste en Jordanie étaient "extrêmement minces".

Selon des chiffres du gouvernement britannique, les tentatives infructueuses d'extrader Abou Qatada qui est toujours détenu et était absent à l'audience, ont coûté en frais de justice depuis dix ans près d'un million de livres.

A ces frais s'ajoute le coût de son incarcération en prison de haute sécurité ou de son maintien en résidence surveillée pendant cette décennie, qui est estimé à plus de trois millions de livres.

L'examen de son dossier intervient quelques jours après l'expulsion du prêcheur islamiste radical Abou Hamza avec quatre co-accusés vers les Etats-Unis où il a été inculpé d'activités terroristes, au terme d'une bataille judiciaire de plusieurs années.
Le Royaume-Uni a demandé en février à la Jordanie de gracier le Jordanien Abou Qatada, afin de pouvoir l'extrader, a révélé jeudi un ancien ambassadeur devant le tribunal qui étudie l'extradition de l'islamiste.La "Commission spéciale des recours concernant l'immigration", une juridiction chargée des expulsions "sensibles" liées à la sécurité nationale britannique, se penche depuis...