Une fois balayés les confettis, à quoi auront servi les conventions républicaine et démocrate américaines ?
À deux mois de l’élection présidentielle, la plupart des experts estiment que leur effet sera, au mieux, de courte durée.
La convention républicaine à Tampa du 28 au 30 août, qui a officiellement désigné Mitt Romney comme son candidat à la Maison-Blanche, a coûté plus de 120 millions de dollars, selon la presse. Rassemblant quelque 15 000 journalistes, 4 600 délégués, et des milliers d’invités, elle s’est déroulée dans un centre-ville complètement barricadé derrière un impressionnant dispositif de sécurité. Pendant trois jours, les républicains ont martelé le même message : Barack Obama a échoué à redresser l’économie, il faut le remplacer. Et Mitt Romney a promis de créer des millions d’emplois, dans un pays où le chômage était à 8,1 % en août.
La convention démocrate de Charlotte, du 4 au 6 septembre, a mobilisé des foules comparables. Avec moins de sécurité ostentatoire, des vendeurs de souvenirs plein les trottoirs, et un tout autre discours. L’accent a été mis sur les minorités, l’éducation, la classe moyenne et le danger de retour en arrière avec les républicains. Barack Obama a demandé aux Américains de croire que le changement restait possible, en dépit des difficultés. Le message était parfaitement maîtrisé des deux côtés et les participants tout aussi mobilisés et enthousiastes.
Mais après la convention républicaine, Mitt Romney n’a pas progressé dans les sondages, qui le donnent au coude-à-coude avec le président démocrate sortant. Et selon l’experte de l’Université du sud de la Floride, Susan MacManus, il devrait en être de même pour Barack Obama.
« Je ne pense pas que les conventions auront un impact (sur les sondages). Nous allons revenir à ce que nous avions avant, un léger avantage pour le président », estime également Larry Sabato, de l’Université de Virginie. Pour lui, les conventions « sont des dinosaures qui n’ont pas encore disparu », mais elles pourraient bien être « un jour remplacées par un système de nomination électronique ». « C’est surtout une opération de relations publiques pour les deux partis », reconnaît de son côté Thomas Mann, de la Brookings Institution, tout en estimant que ces grands-messes restent importantes.
Terminée l’époque où les républicains plus « à gauche » du Nord-Est, ou les démocrates plus conservateurs du Sud, venaient y contester leur direction. Le discours est désormais contrôlé de près, objet d’une « préparation stratégique : on va parler des femmes, des “latinos”, des petites entreprises », explique Charles Franklin, de l’Université de Wisconsin-Madison. Les grandes chaînes de télévision ne couvrent plus qu’une heure par soir.
Mercredi soir, NBC a même préféré diffuser l’ouverture de la saison de football américain. Mais s’est fait battre en audience par le très populaire Bill Clinton qui prononçait un discours remarqué à la convention démocrate : 25,1 millions de téléspectateurs pour Clinton, 20 millions pour les New York Giants contre les Dallas Cowboys, selon Nielsen. En 2008, John McCain et Barack Obama avaient atteint 39 et 40 millions de téléspectateurs.
Alors que les électeurs sont saturés de publicités politiques télévisées très agressives, les conventions « leur permettent d’avoir une image sans filtre des candidats. Et c’est ce qu’ils recherchent », estime pourtant Susan MacManus. Les conventions ont d’ailleurs été très suivies sur les réseaux sociaux. « La plupart des Américains ne s’intéressent pas à la politique. Mais pour ceux qui s’y intéressent et n’ont pas encore arrêté leur position (entre 5 et 10 %), toute information les aide », indique également Thomas Mann. Elles permettent aussi parfois de lancer des inconnus prometteurs. Bill Clinton était de ceux-là en 1988, même s’il avait raté son discours, et Barack Obama en 2004.
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