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Culture - Rencontre

Zad Moultaka invoque le rêve à travers la musique...

Le 29 septembre, Montréal a rendez-vous avec la musique de Zad Moultaka.

Un musicien qui nourrit son inspiration en terre natale.

Rencontre à Beyrouth avec un compositeur iconoclaste, intrépide explorateur des sons, pour parler de Hambleceya, ou l’invocation du rêve et l’approche des rituels d’initiation amérindiens à travers la musique...

À quarante-cinq ans, toujours vêtu de noir, les cheveux qui se dégarnissent au fil des années, mais le sourire gardant la même bonhomie et le regard la même pétillante intelligence. Une fois de plus, Zad Moultaka, entre Chetine (Tannourine) et Beyrouth, se ressource et nourrit son inspiration en terre natale, son sol majeur.
Après l’Oratorio à Marie (en syriaque) et le Diptyque donné à Beyrouth la saison dernière, voilà que ce musicien, impénitent navigateur entre harmonies originales et sonorités empruntées à plus d’un horizon, toujours en quête des chemins de traverse et des sentiers peu battus, jette la lumière sur Hambleceya. Un opus inspiré des rituels sioux pour l’initiation d’un jeune homme qui va devenir chamane et frayer son chemin dans la société.
L’œuvre sera interprétée par le Nouvel Ensemble de Montréal (18 musiciens) sous la direction de Lorraine Vaillancourt, défenseur de la musique contemporaine. Le guitariste argentin Pablo Marquez lui donnera la réplique pour la partition concernant la guitare en prise avec les percussions et la houle des instruments à cordes et à vent.
Pour Zad Moultaka est tombé dans le chaudron de la musique dès l’âge de cinq ans et s’est mis à l’écriture musicale à douze ans quand il n’était pas plus haut que trois pommes, avant de finir ses études au Conservatoire de musique de Paris en 1989, la composition demeurant aujourd’hui sa grande affaire: sa terre de prédiction et de prédilection.
Pour cette initiation chamanique, traduite en termes de notes, de mesures, de silences et de sonorités, le musicien a ces propos et ces explications: «Hambleceya est une création qui me conduit à accepter de piocher dans le fond. Fouiller l’inconscient et m’approcher d’un inconscient collectif qui aboutit à une forme de source ancienne. Pour atteindre une terre qui étanche une certaine soif. C’est un voyage difficile et éprouvant, car c’est la confrontation avec la réalité nue... La guitare est d’une fragilité extrême au niveau du son. Comment exister avec une telle masse orchestrale autour d’elle? Par extension, c’est le rapport de l’individu avec la société. J’attends les premières répétitions pour savoir si cela fonctionne...»
Cette création va faire l’objet d’un CD avec d’autres partitions, dont Calvario pour guitare seule. Mais aussi un concerto pour ensemble et cymbalum, ainsi qu’une partition intitulée Mystères des mystères où dialoguent guitare et violoncelle.
Par la suite, tournée avec ce concert montréalais en Europe (ceci n’est pas prévu pour le Liban «car c’est cher!», dit le musicien), et le compositeur de renouer avec le festival Présence en Aix-en-Provence (pour l’Année de la Méditerranée) avant de s’attaquer à deux commandes pour «Radio-France».
Une œuvre pour quatuor à cordes et un altiste (avec Christophe Desjardin) et une autre pour deux pianos, deux harpes et 16 chanteurs de Musicatreize dirigés par Roland Hayrabedian (ce sera pour le mois de janvier prochain).
Pour le clavecin, une œuvre commandée par l’illustre claveciniste Elizabetha Joçnaka. Une pièce conjuguant en toute moderne harmonie, clavecin et électronique.
Enfin, un dernier projet à souligner sur la table de travail de Zad Moultaka: Fragments ou Reliques. Titres pressentis et non encore retenus pour traduire en musique l’inspiration de Sapho. Sapho dont la poésie est retrouvée en bribes et avec des lacunes... Tout comme le manuscrit du Satyricon de Pétrone. Combler ces manques, ces non-dits, ces paroles perdues, évaporées, effacées par l’usure du temps, ces trous, ces béances dans les papyrus...
«Je veux travailler, dit Zad Moultaka, avec ces bribes de mots. Sur ces vides. Et tout d’un coup, un mot surgi de cette mémoire et qui ouvre des voies nouvelles. Un mot qui véhicule une charge poétique et imaginative d’une force immense et insoupçonnable...»
Dans le chaos actuel du Liban, un musicien, volontairement un peu en retrait, renoue avec ses racines au sein de sa famille et parmi ses enfants. Zad Moultaka s’est réfugié à Chetine, sa thébaïde: «Je profite du calme et de la beauté de la montagne, dit-il, pour lire, réfléchir, méditer, travailler. Je suis comme une éponge pour tout ce qui se passe. Tout laisse des empreintes. Je crois que l’espace musical est un espace de lutte entre l’agressivité ambiante et l’aspiration vers quelque chose de plus harmonieux et paisible...»

Rencontre à Beyrouth avec un compositeur iconoclaste, intrépide explorateur des sons, pour parler de Hambleceya, ou l’invocation du rêve et l’approche des rituels d’initiation amérindiens à travers la musique...
À quarante-cinq ans, toujours vêtu de noir, les cheveux qui se dégarnissent au fil des années, mais le sourire gardant la même bonhomie et le regard la même pétillante intelligence. Une fois de plus, Zad Moultaka, entre Chetine (Tannourine) et Beyrouth, se ressource et nourrit son inspiration en terre natale, son sol majeur.Après l’Oratorio à Marie (en syriaque) et le Diptyque donné à Beyrouth la saison dernière, voilà que ce musicien, impénitent navigateur entre harmonies originales et sonorités empruntées à plus d’un horizon, toujours en quête des chemins de traverse et des sentiers peu battus,...
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