La deuxième partie de la conférence est consacrée à présenter plus précisément les compositeurs en commençant par le « duo fondateur » qui a joué un rôle essentiel dans le paysage musical libanais : Boghos Gelalian (1927-2011) et Stéphane Emiyan (1930-1994). La musique de Boghos Gelalian, extrêmement sophistiquée et raffinée, prend sa source dans le folklore arménien. Orchestrateur de génie, il est, dans les années 1960, l’une des pierres angulaires du festival de Baalbeck. Stéphane Emiyan fut quant à lui un pianiste et un improvisateur hors pair qui laisse une immense œuvre pianistique. La conférence se poursuit avec le « quatuor intermédiaire » : Antoine Setrakian (1938), Jean Beujekian (1946) qui a surtout composé pour la guitare, Édouard Torikian (1952), grand spécialiste de musique liturgique, et Irma Toudjian (1955), fondatrice en Italie d’un des concours de piano les plus prestigieux d’Europe. Le tour d’horizon se termine avec le « trio de la relève » : Rita Kassabian (1976) qui compose des œuvres pour l’orchestre de la garde républicaine française, Sevag der Gougassian (1977), spécialiste de la musique de chambre, et Garo Avessian (1979) qui mettra en musique de nombreux textes de Kuchac, le grand poète arménien du XIIIe siècle. Sans oublier le talentueux et charismatique chef d’orchestre Harout Fazlian qui, ayant pris la relève du maître disparu Walid Gholmieh à la tête de l’Orchestre philharmonique libanais, se promet de valoriser le patrimoine musical national en y incluant régulièrement des œuvres de compositeurs libanais de tous horizons. En fin de séance, pour illustrer le propos, une écoute musicale avec des extraits d’œuvres d’archives de Boghos Gelalian et Irma Toudjian est proposée à l’assistance.
Cette conférence a mis en avant le riche apport des compositeurs arméniens du Liban au patrimoine musical libanais dans son ensemble, ainsi que la participation féconde de la communauté arménienne et son attachement à la culture libanaise dans sa diversité.