Acceptant ce film de commande, aux côtés de six autres réalisateurs dont les Français Gaspard Noé et Laurent Cantet ou encore l'Américain Benicio del Toro, le Palestinien tourmenté, n'avait jamais mis les pieds dans l'île. Il s'est demandé comment il pourrait faire "quelque chose qui soit fidèle à qui je suis et fidèle à ceux que je filmerais", confie-t-il à l'AFP.
"J'ai refusé d'être défaitiste mais je savais qu'il faudrait rester vigilant pour éviter le piège des stéréotypes. Je me suis dit que j'avais la maturité pour me tester ainsi", raconte-t-il dans un anglais nerveux et désopilant, évoquant l'auto-dérision fiévreuse d'un Woody Allen.
Son petit film raconte sa "propre ignorance de cet endroit". On le voit déambuler dans le hall de son hôtel et visiter les hauts lieux de la révolution cubaine, dans l'attente d'une rencontre avec l'omniprésent Fidel. "Je suis là comme un guide transparent", dit-il.
Il se rend ainsi au consulat palestinien de La Havane, une bâtisse "vide et inopérante" dont l'unique occupant est passablement désoeuvré - "Que voulez-vous qu'il fasse?". Devant le bâtiment, trône un buste de Yasser Arafat "énorme et ridicule". "Il y a aussi des peintures représentant l'intifada réalisées par des Cubains, par solidarité", ajoute-t-il, visiblement amusé.
S'il n'a aimé ni sa chambre d'hôtel, ni les boissons ou les danses cubaines, ni vraiment la plage parce qu'il "déteste nager, en particulier le matin", Elia Suleiman a été touché par les Cubains, leur "tendresse", leur "poésie".
"Oubliez les clichés, le régime ou pas le régime, les Cubains ont réussi à maintenir quelque chose que nous avons perdu dans notre décadence mondialisée", dit-il, évoquant le lien entre les gens, la cohérence d'un quartier.
"Nous sommes devenus des survivants tandis qu'ils vivent une relation humaine", ajoute-t-il, avouant que ce sentiment familier le renvoyait de manière presque "proustienne" à son enfance à Nazareth. Pas de choc des cultures quand on touche à l'universel.
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