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Liban - Société

Liban : Quand des élèves de terminale s’initient au dialogue interreligieux

Le Groupement libanais d’amitié et de dialogue islamo-chrétien (Gladic) a rassemblé 400 jeunes de tout le pays et de toutes les confessions pour les « immuniser contre la guerre ».

Des étudiants entourant Nadine Labaki, qui a reçu une récompense du Gladic. Photo Cyril Fourneris

Les pessimistes ne voient dans le Liban qu’un pays déchiré par les divisions religieuses. C’est ce pronostic que l’Institut d’études islamo-chrétiennes de l’Université Saint-Joseph (USJ) souhaite démentir. Près de 14 classes de terminales étaient conviées début mars à la réunion baptisée « le Liban, de l’arène à la patrie », leur permettant de rencontrer et de discuter avec « l’autre ». C’était une première pour certains d’entre eux.


« Il s’agit de les immuniser contre la guerre en leur permettant d’avoir un droit d’inventaire vis-à-vis de leur héritage culturel pour refuser les réactions de rejet », indique Samir Khalifé, fondateur du Gladic. C’est ce message qui a été repris lorsque chaque école a présenté des courts-métrages réalisés en classe. Ils sont tous partis du même point de départ : 1975-1990, années où le Liban a sombré, un refouloir. Les élèves y ont montré leur attachement à la diversité, vue comme force motrice du pays. Les messages simples et efficaces tels que « faites l’amour, pas la guerre » suivaient des images montrant la multitude de minarets et de clochers recouvrant Beyrouth, comme un pied de nez adressé au destin tragique de la ville qu’ils n’ont pas connue.


« Nous gâchons notre magnifique pays à cause des problèmes religieux. »


Les jeunes ont ensuite débattu avec la réalisatrice Nadine Labaki, auteure du film Et maintenant, on va où ?, et le professeur Antoine Messara. Des extraits de l’œuvre, racontant l’histoire de femmes luttant pour empêcher que les troubles religieux ne se produisent dans leur village, ont été diffusés pour nourrir et illustrer la discussion. « Venir ici, participer à ce genre d’action fait partie de la suite logique de mon travail », souligne la cinéaste, avouant qu’elle avait eu « les larmes aux yeux » pendant la diffusion des clips.


Si ces « travaux pratiques » ont permis de prouver l’attachement des élèves à la fraternité entre Libanais, la rencontre était la plus importante. Elle leur a permis de les sortir de leur confort confessionnel pour confronter une réalité moins violente qu’ils ne l’imaginaient. « Maintenant nous savons que les musulmans ne sont pas comme nous les envisagions. Avant, nous pensions qu’ils étaient méchants », affirment deux jeunes garçons. « Ce sont les partis politiques qui nous divisent, et de toute façon nous ne pouvons pas vivre sans nous entendre », ont-ils ajouté. « Nous gâchons notre magnifique pays à cause des problèmes religieux qui nous font oublier que nous sommes tous frères et sœurs », ont ensuite repris deux jeunes filles, un avis unanimement partagé dans la salle.


Le personnel éducatif a eu un rôle essentiel dans l’élaboration de la réunion. Pour le père Antonios Axarlis, de l’école Zahret el-Ihsan d’Achrafieh, « c’est un projet formidable pour le Liban. La guerre a laissé de nombreuses séquelles qui nous séparent, alors que nous vivions tous ensemble auparavant. La nouvelle génération doit renouer le contact ».

 Des jeunes qui ne veulent plus se quitter
La journée devait se terminer par l’intervention de nombreux intellectuels et dignitaires religieux. Ceux-ci, loin d’ennuyer les jeunes gens pourtant levés tôt, les ont interpellés, comme le Pr Messara, en leur demandant de faire « tomber les barricades qui existent encore dans les têtes ». Cheikh Oussama Ibrahim al-Haddad et sayyed Ali Hakim ont rappelé aux chrétiens leur attachement à la diversité religieuse, le premier leur assurant qu’ils étaient « dans le cœur de tous les musulmans », le second citant le Coran pour expliquer qu’il ne défendait pas « la violence communautaire mais, au contraire, poussait au dialogue entre les gens ». Ces propos ont provoqué un tonnerre d’applaudissements dans l’amphithéâtre.


Cette réunion a été organisée à l’initiative de l’USJ et de Samir Khalifé, très impliqués dans la lutte contre l’intolérance dans le pays. « Il faut retrouver le Liban du dialogue des civilisations, il faut retrouver le Liban message dont parlait Jean-Paul II lors de sa visite. » De l’aveu de tous les protagonistes, l’initiative est appelée à se poursuivre, attestée par le nombre de numéros de téléphone échangés. « Dès qu’ils se rencontrent, ils ne veulent plus se quitter », lâche le fondateur du Gladic, satisfait, en regardant les élèves partir.


Ces jeunes sont une des premières pierres posées pour l’édification d’une vraie patrie libanaise, loin de la violence et de la haine. Faut-il encore que d’autres institutions, surtout publiques, puissent permettre la multiplication de ces initiatives afin de briser la glace qui peut exister entre certaines composantes de la société libanaise.

Les pessimistes ne voient dans le Liban qu’un pays déchiré par les divisions religieuses. C’est ce pronostic que l’Institut d’études islamo-chrétiennes de l’Université Saint-Joseph (USJ) souhaite démentir. Près de 14 classes de terminales étaient conviées début mars à la réunion baptisée « le Liban, de l’arène à la patrie », leur permettant de rencontrer et de...

commentaires (6)

VOLONTÉ POPULAIRE LIBANAISE : DIALOGUE ! ENTENTE ! UNITÉ ____ On ne s'initie pas. On doit se l'arracher de l'esprit.

SAKR LEBNAN

11 h 58, le 28 mars 2012

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Commentaires (6)

  • VOLONTÉ POPULAIRE LIBANAISE : DIALOGUE ! ENTENTE ! UNITÉ ____ On ne s'initie pas. On doit se l'arracher de l'esprit.

    SAKR LEBNAN

    11 h 58, le 28 mars 2012

  • Une façon de faire tomber « les barricades qui existent dans les têtes » serait de faire tomber les religions qui bloquent les trois-quarts des neurones du citoyen Libanais et qui régissent ses synapses. Le dialogue inter-religieux n’est pas une solution durable. C’est l’enseignement de la religion quelle qu’elle soit qu’il faudrait interdire. Une population croyante, c’est une aubaine pour tout politicien : Chef d’église ou chef de communauté, il n’a qu’a s’interposer entre Dieu et le citoyen comme une standardiste des PTT. L’on vous promet la récompense dans l’au delà en échange de votre loyauté tout de suite : « Toi faire ce que je te dis maintenant et toi être payé demain ». Sauf que le paradis ne se garantit pas par lettre de crédit. C’est si regrettable qu’après 6000 ans d’expérience dans le commerce, le Libanais accepte toujours des chèques en bois.

    Jack Hakim

    09 h 16, le 28 mars 2012

  • Une façon de faire tomber « les barricades qui existent dans les têtes » serait de faire tomber les religions qui bloquent les trois-quarts des neurones du citoyen Libanais et qui régissent ses synapses. Le dialogue inter-religieux n’est pas une solution durable. C’est l’enseignement de la religion quelle qu’elle soit qu’il faudrait interdire. Une population croyante, c’est une aubaine pour tout politicien : Chef d’église ou chef de communauté, il n’a qu’a s’interposer entre Dieu et le citoyen comme une standardiste des PTT. L’on vous promet la récompense dans l’au delà en échange de votre loyauté tout de suite : « Toi faire ce que je te dis maintenant et toi être payé demain ». Sauf que le paradis ne se garantit pas par lettre de crédit. C’est si regrettable qu’après 6000 ans d’expérience dans le commerce, le Libanais accepte toujours des chèques en bois.

    Jack Hakim

    08 h 33, le 28 mars 2012

  • Allez l'USJ,allez les Jézes....

    GEDEON Christian

    07 h 02, le 28 mars 2012

  • Une initiative qu’on ne peut que saluer ,peut être la nouvelle génération adoptera la laïcité du moins politique dans un futur proche pour libérer le pays de ce système tribal. Nazira.A.Sabbagha

    Sabbagha Antoine

    06 h 35, le 28 mars 2012

  • Initiative brillante de l'Institut d'études islamo-chrétiennes de l'USJ et de M Samir Khalifé. Félicitations. C'est ça qu'il faut faire à tous les niveaux possibles. Les étudiants ont tout de suite compris que "ce sont les partis politiques qui nous divisent", que "nous gâchons notre magnifique pays à cause de problème religieux" inutiles qui n'ont aucune raison d'être, et qu'il faut tout de suite faire passer le Liban "d'une arène à une patrie" pour tous. Bravo les jeunes ! Et politiques, laissez les étudiants en paix !

    Halim Abou Chacra

    04 h 13, le 28 mars 2012

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